CRISE IVOIRIENNE: quelle sera l’arme secrète de la CEDEAO ?

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CRISE IVOIRIENNE: quelle sera l’arme secrète de la CEDEAO ?
(Le Pays 24/12/2010)


Les chefs d’Etats membres de la CEDEAO (Communauté économique des Etats de l’Afrique de l’Ouest) se réunissent ce vendredi à Abuja au Nigeria, pour décider du sort du régime du président auto proclamé, Laurent Gbagbo. Celui-ci s’accroche toujours au pouvoir qu’il a perdu à l’issue du scrutin présidentiel de novembre dernier. Que prendre donc comme mesures après les sanctions infligées à ces individus par la communauté internationale ? D’aucuns pensent à une intervention armée ou tout au moins à des mesures ciblées mais énergiques.

On les croit susceptibles d’inciter les récalcitrants du régime vomi à rendre le tablier. Car, jusque-là, on a cru pouvoir convaincre les tenants de la ligne dure du FPI de revenir à la raison. En vain. Ce vendredi constitue donc un tournant décisif dans la crise ivoirienne. C’est le deuxième sommet en moins de dix jours. Preuve que le régime ivoirien est vraiment devenu dérangeant pour tous. Mais nul n’ignore la délicatesse du dossier, d’autant que ceux qui se réunissent aujourd’hui dans la capitale nigériane ont aussi des ressortissants dans ce pays frère. Toujours est-il que le premier sommet n’avait point déçu les attentes. Sans ambages, les chefs d’Etats membres de la sous-région ouest-africaine avaient agréablement surpris en reconnaissant l’élection de Alassane Dramane Ouattara, et pris illico presto la décision de suspendre la Côte d’Ivoire. Chose incroyable pour un pays locomotive qui, du temps du vieux Houphouët-Boigny, a longtemps servi de phare aux autres. Il aura donc fallu l’épisode Gbagbo pour que la Côte d’Ivoire perde de son lustre d’antan.

Les premières mesures prises par la CEDEAO ont vivement encouragé les autres pays et organisations de la communauté internationale dans la prise de décisions non moins similaires : rejet des prétentions de la clique à Gbagbo, mais aussi sanctions ciblées qui se sont multipliées depuis lors. Elles se poursuivent jour après jour. Le dernier camouflet en date pour Gbagbo, vient de l’UEMOA (Union économique et monétaire ouest-africaine) dont le Conseil des ministres a décidé que seul le camp Ouattara est désormais autorisé à gérer les comptes de la Côte d’Ivoire à la BCEAO (Banque centrale des Etats de l’Afrique de l’Ouest). Après avoir vainement tenté de jouer au Zorro (le légendaire justicier), Gbagbo joue à présent au « roseau pensant », qui « plie mais ne rompt pas » d’un célèbre écrivain et philosophe français. Sentant que les choses vont de mal en pis et qu’il est inutile de continuer à berner inutilement ses partisans, le boulanger le plus célèbre des bords de la lagune Ebrié commence à vouloir ruser.

Qu’on ne s’y méprenne point : le fait de parler de dialogue et de négociation est encore une ruse. L’homme se moque éperdument du sort de ses compatriotes. Lui et ses proches sont bien à l’abri de la faim et de la soif. Mais la récente tournure des événements confirme que le « toujours mal élu » des hommes politiques africains semble au bout de ses escapades. Il tente désespérément de s’ouvrir des portes, après s’être mis à dos pratiquement tous les dirigeants de la planète. Il a fini par s’aliéner presque tous ses amis du continent et d’ailleurs. Au sommet d’Abuja, ses pairs ne feront que le constat de la toute puissance de la CEDEAO, du sérieux et de la crédibilité de l’organisation. Celle-ci bénéficie du soutien de l’Union africaine (UA), de l’Union européenne (UE), des Etats-Unis et des autres puissances de ce monde. Que pourrait donc décider le Sommet ? Fort donc de l’aval de la communauté internationale, la CEDEAO pourrait décider d’intervenir en Côte d’Ivoire. La casquette de l’ONUCI constitue dans ce cas une véritable opportunité ou une porte d’entrée. L’organisation sous-régionale a l’expérience de ce genre d’intervention. Les ressources, elles, viendront certainement de pays comme les Etats-Unis qui n’attendent qu’une demande officielle leur soit faite. Le président Obama, il faut le souligner, se montre de plus en plus agacé après toutes les offres qui ont été faites à Gbagbo pour qu’il cesse de s’agripper à un fauteuil qui a cessé de lui appartenir de par la volonté du peuple ivoirien lui-même.

Il y a aussi le renforcement des forces onusiennes. Qui va le faire et comment y arriver ? Problème de statut sans doute, mais la volonté politique existe et c’est l’essentiel. La CEDEAO, par Nigérians interposés, pourrait bien grossir les rangs. La logistique et les autres moyens ne feront pas défaut. Les conditions sont donc réunies pour faire entendre raison aux récalcitrants d’Abidjan. C’est une simple question de temps.

L’on semble donc aller vers une intervention militaire. Les Occidentaux ne pouvant intervenir directement, la CEDEAO, avec l’appui de la communauté internationale, pourrait être sur la ligne de front dans les jours et semaines à venir.

Tôt ou tard, Gbagbo, tous ceux qui, à ses côtés, se moquent de la démocratie, et croient pouvoir défier impunément la communauté internationale, répondront de leurs actes. Après avoir vociféré pendant longtemps, tué et fait tuer dans le silence de la nuit, à travers les communes d’Abidjan, dans les villes et villages de Côte d’Ivoire, bientôt ils vont devoir payer.


"Le Pays"

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24/12/2010
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