Crise ivoirienne - Pourquoi la CEDEAO doit aller vite
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Crise ivoirienne - Pourquoi la CEDEAO doit aller vite(Le Patriote 06/01/2011)
Gbagbo est dans son rôle. L’ancien président ivoirien est tellement bien installé dans la gadoue qu’il veut s’y maintenir. On aurait pu lui souhaiter bonne chance. Mais voilà, dans le pourrissement actuel de la crise que tente de prolonger le camp LMP, Gbagbo tire la Côte d’Ivoire et toute la sous-région vers les profondeurs de cette boue puante et nauséabonde qu’il a lui-même créée en tentant de s’accaparer un pouvoir qu’il a perdu. Et depuis, le monde entier fait des mains et des pieds pour le ramener à la raison. Des condamnations aux sanctions de la communauté internationale, Gbagbo semble indifférent et continue de narguer tout le monde. Affaibli et esseulé, l’ancien socialiste qui s’est mué en dictateur sanguinaire se débat et s’accroche aux épaves de son pouvoir qui s’est désintégré dans les urnes, le 28 novembre dernier. Ce jour-là, le peuple ivoirien, à plus de 54%, a décidé de confier son destin à Alassane Ouattara. Toute chose que Gbagbo refuse d’admettre et tente de soumettre le peuple ivoirien par la force. A l’instar de la communauté nationale et internationale, la CEDEAO a clairement demandé à l’ex chef de l’Etat ivoirien de rendre le tablier. Face au refus de ce dernier, l’UA a emboîté le pas à la CEDEAO. Malgré tout, Gbagbo reste de marbre et continue de demeurer au palais du Plateau par la force et le soutien de trois officiers généraux, de ses miliciens et des nombreux mercenaires recrutés et traités à coups de centaines de millions de FCFA. La communauté ouest africaine a alors entrepris des négociations pour faire partir pacifiquement l’ancien maître d’Abidjan. Mais la dernière mission qui était sur les bords de la lagune Ebrié, le lundi dernier, est rentrée comme les autres : bredouille. Face à cet entêtement, le camp Ouattara qui voulait donner une chance à la négociation et offrir un départ pacifique de Laurent Gbagbo, excédé, à décidé de ne plus négocier avec le néo dictateur africain. Convaincu que Gbagbo agit ainsi pour créer un enlisement qui, pense-t-il, finira par ronger la patience de tous les soutiens extérieurs et intérieurs du président élu, Alassane Ouattara. Mais la CEDEAO qui a la possibilité d’user de la force légitime pour faire partir Gbagbo doit ici et maintenant agir. Elle sait, à présent, que la parole de Gbagbo ne vaut pas le pet d’un âne. Pour preuve, il avait promis la « levée immédiate » du blocus du Golf Hôtel où se trouve le Président Ouattara. Mais trois jours après cette profession de foi, il n’a toujours pas tenu parole. Maintenant, il pose des conditions à cette levée : le départ des éléments des Forces Nouvelles qui s’y trouvent et qu’il s’est mis à appeler rebelles. Pendant ce temps, ses hommes armés continuent de sévir contre les pauvres civils. Avant-hier, un militant pro-Ouattara a été tué lors de l’attaque du siège du RHDP en plein Cocody. Un assassinat qui en ajoute à la longue liste de plus de 200 personnes tuées depuis le 16 décembre dernier. La crise qui dure, plonge la population dans une misère indicible face à la flambée des prix des produits de première nécessité. La CEDEAO observe toutes ces dérives mais semble traîner les pas. C’est d’ailleurs le constat du président de l’Union Africaine. Le Malawite Bingu wa Mutharika, s'est dit "déçu de la lenteur du processus de médiation". La CEDEAO doit donc aller vite car les Ivoiriens, la sous-région et le monde entier sont fatigués du dictat de quelqu’un qui n’a plus l’onction de son peuple. La CEDEAO doit mettre fin à l’usurpation du pouvoir par un Gbagbo Laurent battu à la loyale pour sauver un pays meurtri par dix longues années de crise. La CEDEAO doit surtout faire vite pour faire triompher la démocratie et décourager tous les apprentis dictateurs qui voudront s’éterniser au pouvoir, au détriment de leur peuple.
Koné Lassiné
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