Crise ivoirienne : Ce qu`il faut redouter
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Crise ivoirienne : Ce qu`il faut redouter(Soir Info 22/12/2010)
Jusqu'à quand va durer la crise en Côte d'Ivoire? Bien malin qui pourra répondre à cette question.
Toutefois, il est évident que ce pays file du très mauvais coton. La Côte d'Ivoire s'est malheureusement engagée dans une crise dont on perçoit difficilement l'aboutissement. Une crise politique grave qui la plonge dans une situation aux lendemains incertains. 10 ans déjà que dure la crise actuelle dont les origines remontent à plus de 20 ans. Et la classe politique ivoirienne n'a pas su être à la hauteur pour apporter une réponse adéquate. Les Ivoiriens sont dans une mauvaise impasse et nul ne peut prédire la fin du « cauchemar ». Des observateurs avertis pensent que ce pays ne pourra se remettre véritablement de cette crise qu'après au moins 20 ans. En effet, naïvement, les habitants de ce pays avaient cru, aux premières heures du déclenchement de cette crise, qu'elle ne durerait que quelques jours, à tout le moins quelques semaines. Le constat est clair: environ une dizaine d'années perdue, meublée d'affrontements armés, d'exactions et manifestations parfois violentes voire meurtrières. L'on se souvient en effet, des évènements de novembre 2004, précédés d'un raid infructueux des Forces de défense et de sécurité (Fds) dans les zones tenues par la rébellion, connu sous le nom « d'opération dignité ». Période également marquée par des négociations, des accords dont le dernier en date, celui de Ouagadougou (Apo) a fait rêver les Ivoiriens. Conclu 5 ans après le coup d'Etat avorté qui s'est mué en une rébellion, l'Apo a suscité de réels espoirs en Côte d'Ivoire. Hélas, le bras de fer né après la présidentielle de novembre dernier ramène la Côte d'Ivoire à la case de départ. Cette situation, il faut le noter, n'est pas caractéristique de la crise ivoirienne. Les tergiversations sont bien le propre des pays en proie aux rébellions armées. L'Angola, pour ne prendre que cet exemple, illustre bien les difficultés qu'éprouvent les pays qui ont succombé devant le démon de la rébellion. Un dossier historique qui retrace les évènements douloureux vécus par les Angolais présente tant de similitudes avec le cas ivoirien. De fait, après la lutte anticolonialiste, l'Angola a basculé dans une guerre civile grave. En 1991, le président Dos Santos et le chef de l' Union nationale pour l'indépendance totale de l'Angola (Unita), Jonas Savimbi, signent des accords de paix à Estoril, (au Portugal) comprenant un calendrier de cessez-le-feu, la réduction des forces armées et la tenue d'élections pluralistes en septembre 1992. Ces élections, gagnées par le Mouvement populaire de libération de l'Angola ( Mpla), furent contestées par l'Unita et la lutte armée reprit. En 1994, le président Dos Santos et Jonas Savimbi signèrent un nouvel accord de paix (accords de Lusaka), censé mettre un terme à une guerre civile qui fit plus de 500 000 morts. Ces accords prévoyaient une participation de l'Unita au pouvoir et à l'administration du pays, à la condition d'une démilitarisation préalable. Le 28 février 1998, l'Unita proclama sa démilitarisation totale et obtint, peu après, sa reconnaissance officielle. Cependant, face à la reprise des combats, le Conseil de sécurité de l'Onu décide de nouvelles sanctions contre les rebelles angolais, incluant en particulier la mise en place d'un embargo sur leurs ventes de diamants. En 1999, la détérioration de la situation obligea le Conseil de sécurité des Nations unies à ordonner le retrait des forces de l'Onu présentes en Angola à l'expiration de son mandat, le 26 février. Le 22 février 2002, Jonas Savimbi fut abattu dans une embuscade de l'armée au Sud-Est de l'Angola. Quatre jours après le président Dos Santos s' est entretenu avec George W. Bush, en compagnie des présidents du Mozambique et du Malawi, au sujet de la sécurité de la région.
Même si l'Angola peut mettre un terme à une guerre civile de 27 ans sans qu'il y ait encore de combats importants, il va être confronté à des problèmes majeurs. Son économie est complètement dévastée et il lui faut l'approbation du FMI pour emprunter les fonds dont il a besoin pour entamer sa reconstruction. Il faut espérer que la Côte d'Ivoire n'en arrive à ce point.
Jonas BAIKEH
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