Crise centrafricaine: Michel Djotodia: «Bozizé ne va pas rester éternellement au Cameroun»

Douala, 21 mai 2013
© Alain NJIPOU | Le Messager

Le président de la transition en République centrafricaine (Rca) en visite en Guinée équatoriale du 17 au 18 mai 2013, s’est prêté au jeu des questions-réponses de la presse panafricaine invitée par le président de la République de la Guinée équatoriale, Obiang Nguema Mbatsogo, en marge de la campagne électorale sénatoriale, législative et municipale qui culmine le 26 mai par le vote proprement dit.

Excellence qu’est-ce qui justifie votre présence en Guinée équatoriale ?

C’est une joie immense de me retrouver à Malabo. Nous sommes venus présenter notre sentiment de gratitude au peuple frère de la Guinée équatoriale et à son illustre guide, Obiang Nguema Mbatsogo. La République centrafricaine est membre la Communauté économique et monétaire d’Afrique centrale (Cemac, Ndlr) et membre de la Communauté économique des Etats d’Afrique centrale (Ceeac). A ce titre, il est de mon devoir de passer dans les capitales des pays membres de ces zones pour leur dire merci et profiter pour exposer à leurs chefs d’Etat nos problèmes. Je puis vous dire, qu’ils sont prêts à nous accompagner dans la gestion de la transition qui est consensuelle.


Avant votre séjour en Guinée équatoriale, vous avez été reçu à Libreville par le président Ali Bongo, à Ndjamena au Tchad par Idriss Deby Itno. Mais vous n’êtes pas arrivé à Yaoundé. Est-ce en raison de la présence de François Bozizé ou y a-t-il un problème entre le Cameroun et la Rca ?

Vous savez, l’agenda de mon frère Paul Biya du Cameroun est chargé ces jours-ci. C’est la raison pour laquelle, nous n’avons pas encore pu le rencontrer. C’est l’occasion pour moi, d’affirmer haut et fort qu’il n’y a aucun problème entre la Rca et le Cameroun. Nous n’avons aucune intention de déstabiliser le Cameroun et vice versa. Nous avons déploré un incident survenu au niveau de la frontière entre les deux pays qui sont frères et possèdent beaucoup de similitudes. Je pense que Monsieur Bozizé ne va pas rester éternellement au Cameroun. En temps opportun, il partira de là. Des démarches sont faites.


Quelle est la situation sécuritaire en République centrafricaine au moment de votre départ, surtout que ces dernières semaines, l’on a enregistré des exactions des éléments de la Séleka, aussi bien à l’intérieur du pays qu’à la frontière avec le Cameroun par exemple?

La sécurité revient peu à peu. Depuis environ deux semaines, il n’y a plus de vols, de viols, de braquages ou encore des coups de feu. Progressivement, la paix s’installe jusqu’à l’arrière-pays à l’exception du Nord-est où quelques forces sévissent encore. Globalement, le calme et la stabilité reviennent. Pour préserver cet acquis, nous avons lancé le 13 mai dernier, l’opération de cantonnement de nos hommes. Nous avons prescrit un délai de trois mois aux forces de la Lra pour déposer les armes. Ils le savent et nous savons où ils se trouvent. Nous allons les déloger en cas de nécessité. Après le cantonnement, nous allons affecter des instructeurs pour la formation de nos forces de la Séleka qui vont constituer les forces armées centrafricaines. Nous allons aussi désigner un secrétaire par cantonnement qui sera chargé d’enregistrer ceux qui veulent désarmer, toutes choses indispensables au recrutement de nouveaux hommes qui va suivre.


Quels sont les rapports que vous entretenez avec l’Union africaine qui a condamné le coup de force que vous avez opéré et suspendu la Rca?

Nous n’avons rien contre l’Union africaine qui est notre organisation. Nous espérons qu’en temps opportun, l’Union africaine pourra reconsidérer sa position et lever la suspension de la Rca. Nous allons nous employer à discuter avec les responsables de l’Union africaine et mes pairs afin que la Rca retrouve la place qui est la sienne au sein de cette organisation panafricaine.


Qu’est-ce qui garantit que la Rca ne va plus vivre le spectacle de coups d’Etat de plus en plus récurrent ces décennies?

Il est bien vrai que nous sommes arrivés au pouvoir par les mêmes moyens que notre prédécesseur a utilisés. Mais nous avons tendu la main à Bozizé car nous voulons la paix. C’est dans ce cadre que la rencontre de Libreville a servi de balises. Nous étions alors mus par la recherche de la paix. Nous voulions que Bozizé écoute la voix de la raison. Bozizé n’a pas voulu coopérer. Nous voulons que l’économie centrafricaine redémarre. Mais il a refusé de nous écouter. Bozizé avait l’intention de se représenter comme candidat à la magistrature suprême en 2016. Nous avions les armes et nous ne pouvions l’admettre. Vous à notre place, que feriez-vous ? Nous avons mis sur pied depuis Libreville une transition consensuelle qui est garante de la stabilité et de la cohésion nationale. Nous nous sommes engagés à ramener la paix, la liberté d’expression sera garantie. Je voudrais vous exhortez à ramener chez-vous l’image vraie de ce pays (Guinée équatoriale, Ndlr) qui vous a accueillis.

Propos recueillis par Alain NJIPOU, envoyé spécial à Malabo



21/05/2013
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres