Crimes à Mimboman : Les populations dénoncent le laxisme du gouvernement camerounais

Cameroun - Crimes à Mimboman : Les populations dénoncent le laxisme du gouvernement camerounaisMalgré les mesures prises par les pouvoirs  publics pour mettre un terme aux crimes rituels qui ont pignon sur rue dans ce quartier de la ville de Yaoundé, les populations vivent dans une peur indescriptible et crie à la lenteur du gouvernement dans le processus de sécurisation de ce lieu criminogène.

L’heure est toujours à la prudence au quartier Mimboman à Yaoundé. La psychose s’étant emparée des habitants. Logiquement. Car entre le 2 décembre 2012 et le 20 janvier 2013, 14 personnes y ont été assassinées.  Et à chaque fois, les victimes ont été violées ou sodomisées et délestées de certains de leurs organes. Après les descentes sur le terrain de plusieurs membres du gouvernement et la sortie du ministre de la Communication, des mesures ont été prises par les pouvoirs publics pour sécuriser le quartier. Entre autres, le bitumage de l’axe routier allant du petit marché de Mimboman au quartier Nkoabang, l’électrification de la zone et le transfèrement à Mimboman du commissariat actuellement installé à Nkolmessing par manque de locaux à Mimboman.

Mais depuis l’annonce de cette série de mesures par le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsila en visite dans l’Arrondissement de Yaoundé IVème, rien n’est fait jusqu’ici. « Nous souffrons énormément de cette situation d’insécurité parce qu’il est difficile de se mouvoir en pareil circonstance. Les personnalités qui ont défilé ici ont chacun rassuré de ce que le commissariat sera installé ici. Nous n’avons plus jamais entendu parler de la suite réservée à cette annonce. L’électrification annoncée est toujours attendue. Pour ce qui est de la route, les bulldozers de la Communauté urbaine sont venus raser les abords de la route en week-end. Je pense que pour arrêter le massacre le gouvernement devrait être plus diligent », dénonce Gastien Teyou, un habitant de Mimboman-deuxième chapelle. Il aurait voulu que les choses se fassent plus vite. Car malgré l’instauration des contrôles mixtes et les assurances du ministre de la Communication, deux autres cadavres de jeunes gens ont été retrouvés dans le même quartier.

Agressions mortelles

«Nous sommes abandonnés à nous-mêmes ici à Mimboman. Dans un pays normal, les autorités auraient crée provisoirement quelques  postes de police dans le quartier pour dissuader les criminels. Nous avons aussi le devoir de savoir quel est le niveau d’avancement du dossier de procédure des présumés assassins interpellés. Mais le gouvernement n’y communique pas », regrette une riveraine qui préfère rester dans l’anonymat par peur de représailles. Enseignante dans une école primaire privée, elle est contrainte de garder son enfant de 2 ans avec elle dans la salle de classe, en attendant de trouver une ménagère. « Le vrai problème c’est celui des routes. Si les taxis pouvaient pénétrer le quartier, il y aurait moins d’agression mortelle. C’est en empruntant la moto qu’on est exposé à une éventuelle fin tragique, car les motos taximen sont complices de ces crimes rituels », analyse Sosthène, élève en classe de première au Lycée de Mimboman.

Mais jusqu’ici, la Communauté urbaine ne s’est contentée que de racler la route menant à Nkoabang en passant par Mimboman. Le délégué du gouvernement a également sommé les propriétaires des lopins de terre abandonnés dans la broussaille dans ce quartier, de les mettre en valeur dans des délais raisonnables. « La mesure la plus salutaire aurait été d’utiliser la force de l’Etat pour dégager toutes les broussailles et tous les nids d’insécurité que représentent les chantiers abandonnés. C’est au moins quelque chose de facilement faisable. Mais le gouvernement ne focalise ses attentions que sur un axe routier qui est même loin du lieu où la majorité des corps ont été retrouvés », explique un patriarche résidant à Mimboman-Ecole.

En attendant que les autorités accélèrent le processus de réalisation des actions annoncées pour sécuriser ce quartier, la peur continue de hanter les populations.

Commentaire. La République des crimes…

Que ce soit à Yaoundé, et un peu partout ailleurs désormais dans le pays, la terrible affaire des crimes rituels est sur toutes les lèvres. Et dans la capitale camerounaise particulièrement dans presque toutes les familles qui ont des jeunes filles de 16 à 25 ans, la peur s’est installée. On a peur de voir un jour disparaître une des filles de cet âge-là, et la retrouver sans ses principaux organes que sont les yeux, et le sexe. Selon des sources policières, on dénombre à peu près une dizaine d’horribles assassinats avec la même particularité.

Ce n’est pas la première fois que de tels crimes sont enregistrés dans notre société. Avec tout ce qu’il y a comme émotion et sensation. Mais cette fois, on a logiquement vite fait de les baptiser « crimes rituels ».   Selon nos recoupements au moins 11 jeunes filles ont trouvé la mort de manière identique. Le gouvernement parle de 7 décès. Soit.

En tout cas le mode opératoire est presque toujours identique. Il s’agit d’une mototaxi qui transporte une jeune fille à l’intérieur du quartier Mimboman, la conduit dans un guet-apens. Puis… c’est la disparition. Et quelques jours après, on retrouve un corps en putréfaction, avec sur les corps contusionnés et sans vie, des organes tels que les yeux et le sexe qui ont disparu. Les faits que détiennent les policiers à ce sujet sont désormais probants. Le père jésuite Hebga Meinrad,  de très regrettée mémoire, dans un de ses livres sur la pastorale de délivrance, expliquait à ses fidèles que face à de tels crime « il ne faut jamais rester indifférent. Car bien de choses sataniques se passent dans nos sociétés africaines contemporaines ».

Le prêtre exorciste expliquait ainsi que pour la quête effrénée du pouvoir et de l’argent, « il y a presque toujours des pratiques sectaires qui sont essentiellement diaboliques. Les satanistes pour accéder à des postes de pouvoir et obtenir de l’argent vont jusqu’à faire des sacrifices humains. On leur demande de manger des organes humains… », Commentait-il alors aux étudiants lors d’une conférence sur les sectes au Centre catholique universitaire (Ccu) à la fin des années 80. Et l’un des chapitres du livre du Pr Titus Edzoa (ancien homme fort du sérail) qui parle de boire du sang humain pour avoir le pouvoir est à ce propos édifiant.

Et pour remonter, au milieu des années 90, un certain Ebale Angounou, aujourd’hui décédé, et qui à l’époque se disait « jeune ami du président », racontait dans une interview publié dans un journal très lu de la place une histoire effroyable selon laquelle les tenants du pouvoir dans notre pays ont fait assassiner un jeune homme de 23 ans, puis recueilli son sang qu’ils ont ensuite bu au cours d’une messe présidé nuitamment par un évêque catholique…Les propos de ce jeune homme largement commenté par les médias indépendants de la place, n’ont jamais été démentis par les tenants du pouvoir au Cameroun et qui sont toujours en place.

Ne nous voilons pas la face : nous sommes dans une république où le crime a pris sa place. Et ce qui se passe à Mimboman doit être élucidé au plus vite. On peut croire que les choses bougent en effet depuis le ministre secrétaire général de la présidence de la République s’est rendu au commissariat de police de cette agglomération de la capitale. Tout comme le délégué général à la Sûreté nationale y a fait un tour. Avant que le préfet du Mfoundi ne pense enfin à aller rassurer les populations qui vivent dans la terreur. Dans une République où, depuis qu’il y a des rumeurs de remaniement ministériel, certains haut fonctionnaires se livrent à des pratiques kabbalistiques dans le but de supplier leurs dieux sataniques à guider la main qui signe le décret à mettre leurs parmi ceux des heureux élus, doit-on assimiler les crimes enregistrés depuis quelques semaines au quartier Mimboman comme faisant partie de ces pratiques de crimes rituels? En tout cas seules les enquêtes initiées par la police pourront démêler l’échevau. En attendant pour les citoyens un seul mot : vigilance.

© Le Messager : Joseph Flavien KANKEU & Jean François CHANNON


06/02/2013
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