CREDIT-BAIL: Les banques imposent 10% de taux d'intérêt

Yaoundé - 21 Novembre 2012
© Ludovic Amara | La Météo

Reçus à taux nul par l'Etat, les fonds destinés à relancer la compétitivité des petites et moyennes entreprises, se révèle davantage comme un pourvoyeur de liquidités pour les établissements financiers

Réduire les coûts d'accès aux équipements de production des Petites et moyennes entreprises (Pme) et des Petites et Moyennes industries (Pmi) afin de les rendre plus compétitives sur le marché national et international, c'est l'objectif principal du crédit-bail dont le lancement officiel a eu lieu jeudi dernier à Yaoundé. Plus facile d'accès, plus flexible et plus rapide que le crédit bancaire classique, le nouvel outil du gouvernement en faveur du secteur privé pour relancer la croissance et réduire le chômage souffre déjà de la réticence des bénéficiaires et des lourdes critiques du patronnât.

Pour la phase pilote de mise en œuvre du crédit-bail, le gouvernement a prévu d'injecter 5 milliards FCFA sur cinq ans (2 milliards en 2012 et 3 en 2013). Ces fonds sont mis à la disposition de trois établissements financiers à savoir, la Société Générale de Banque du Cameroun (Sgbc), Alios.

Finance Cameroun et Africa Leasing Company, et ceci à taux zéro. Seulement les promoteurs de Pme/Pmi ne comprennent pas que cet argent, qui est de l'argent public, leur soit prêté par lesdites banques avec Un taux d'intérêt de 10% ! "10% c'est trop élevé, je vous rappelle que c'est l'argent du contribuable camerounais qui est utilisé, mais plus que pour servir au développement des Pme, cela va encore engraisser les banquiers" a déploré un opérateur économique. Autres inquiétudes des patrons des Pme/Pmi c'est la somme arrêtée pour la phase pilote soit 5 milliards FCFA. Pour le représentant du patronnât camerounais à cette cérémonie de lancement du crédit-bail, cela est insuffisant au regard des besoins et du nombre d'entreprises dans le besoin. Sur les 94.000 entreprises recensées au Cameroun en 2009, les hommes d'affaires craignent que seule une centaine bénéficie de cet appui, «nous savons que le pays n'a pas de moyens, mais nous savons également qu'il peut faire mieux» a-t-il plaidé. Dieudonné Bondoma Yokono, Directeur de l'économie, de la programmation des investissements publics au ministère de l'Economie de la Planification et de l'Aménagement du territoire (Minepat) a d'ailleurs reconnu qu'il n'y a pas d'enthousiasme particulier du secteur privé à capter la loi du crédit bail.

Mode d'emploi. «Le crédit bail n'est pas un prêt, c'est un contrat de location des biens de production» a rappelé Pierre Nkam, président de l'Association camerounaise de Leasing. En fait de biens de production, il s'agit invariablement du matériel participant, directement ou indirectement au système de production. Du nécessaire de bureau (ordinateurs, climatiseurs, moquettes, etc.) aux machines industrielles et autres véhicules professionnels. Ce matériel peut être acquis auprès des fournisseurs par le promoteur de la Pme, il en négocie le prix et dépose la facture auprès de la banque partenaire, celle-ci la règle et recouvre son investissement auprès de la Pme. La durée du prêt peut aller jusqu'à 03 ans et les montants alloués varient entre 25.000.000 et 250.000.000 FCFA.

Les entreprises pouvant prétendre à cet appui sont celles qui évoluent dans les secteurs du bois, de l'agriculture, l'élevage, la pêche, les mines, le tourisme l'industrie textile et du coton. Elles devront également être à majorité détenues par des nationaux et présenter un fort potentiel de création d'emplois jeunes. Une initiative louable qui risque cependant de souffrir de l'appétit des banquiers.


21/11/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres