CRASH DU BOEING 737-200: Paul Biya peut-il lâcher Foumane Akame?

YAOUNDE - 25 JUIN 2012
© GUIBAI GATAMA | L'Oeil du Sahel

Pour le ministère de la Justice, son audition est indispensable dans l'éventualité de l'ouverture d'une enquête sur les commissions touchées par Tchiroma et Bélibi.

L'affaire embarrasse manifestement au sommet de l'Etat. Car elle touche à l'essence même du discours présidentiel qui a fait de la lutte contre la corruption et les détournements de fonds publics son plat de résistance quotidien. Elle embarrasse parce qu'elle touche au dernier carré du président de la République et à un homme jusqu'ici discret que l'abondante activité éditoriale de Marafa Hamidou Yaya a fini par sortir de l'ombre. Finalement, pour garder la cohérence de son discours, Paul Biya, dans cette affaire de crash du Boeing 737¬200, va-t-il lâcher Jean Foumane Akame, son tout puissant conseiller technique?

Pour le ministère de la Justice, en réponse à une lettre datée du 14 juin 2002 et dans laquelle le secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, voulait connaître des suites réservées aux révélations sur les commissions touchées par Issa Tchiroma et le magistrat Joseph Bélibi dans le cadre du contrat de maintenance Camair/SAA, aucune procédure judiciaire ne saurait prospérer si elle n'incluait l'audition des membres du Comité de suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions entre Cameroon Airlines (Camair) et Transnet South African Airways (SAA). La correspondance parvenue à la présidence de la République et signée du ministre d'Etat Laurent Esso, le 20 juin 2012, sous-entend manifestement que l'audition du proche conseiller du chef de l'Etat, Jean Foumane Akame, président dudit Comité, est plus qu'indispensable à la manifestation intégrale de la vérité. Bien que celle-ci, dans le cas des commissions et autres rétro-commissions touchées par Issa Tchiroma et le magistrat Joseph Bélibi ne souffrent d'aucun doute.

Si l'affaire embarrasse à la présidence de la République, ce n'est donc pas tant qu'Egbe Hillmann, Mme Ngo Mandeng Christine et autre Ateba, tous membres dudit Comité, soient auditionnés sur leur travail dans le cadre d'une éventuelle enquête à ouvrir contre les personnalités accusées de corruption. Le problème que poserait l'audition de ces personnalités est celui-ci: comment entendre Jean Foumane Akame dans cette affaire et occulter son rôle dans la gestion des 32,5 milliards FCFA plus les dommages et intérêts versés par Transnet South African Airways dans son compte personnel n° 00078.01.39.14.53, ouvert à la Société générale des banques, 59 Boulevard Haussmann à Paris, à la suite de la sentence arbitrale rendue en faveur du Cameroun par la Cour arbitrale de Paris le 18 septembre 2004. Personne ne comprendrait en effet, du moins pas l'opinion au vu du discours présidentiel, que la justice s'active autour de Tchiroma et Belibi et se désintéresse royalement du proche conseiller du chef de l'Etat. De fait, si les deux premiers cités, en plus des faits de corruption avérés, portent au moins la responsabilité morale de l'accident du Boeing 737-200 survenu en décembre 1995 et qui avait coûté la vie à 71 passagers, Jean Foumane Akame, lui, connaît à ce jour ce qu'est advenu «l'argent du deuil». Seule véritable information connue à ce jour: le compte ouvert à la Société générale des banques à Paris a clôturé, à la demande de l'intéressé... Le ministère de la Justice, dans sa correspondance du 20 juin 2012, abandonne visiblement l'initiative de la décision à la présidence de la République. Le sujet, il est vrai, est d'une délicatesse à couper le souffle.

En admettant que le chef de l'Etat, dans le cadre d'éventuelles poursuites contre Tchiroma et Bélibi, donne quitus à la justice d'auditionner les membres du Comité de suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions entre Cameroon Airlines et Transnet South African Airways, Jean Foumane Akame devra alors, ne fut-ce que pour la mémoire des victimes du crash, éclairer la lanterne des Camerounais. Primo: en quelle qualité a-t-il encaissé dans son compte parisien les 32,5 milliards FCFA plus les dommages et intérêts alors même qu'un compte du Trésor ou de Camair était indiqué? Dans le cadre de l'affaire Albatros, l'ex-secrétaire général de la présidence de la République, Jean Marie Atangana Mebara, faut-il le rappeler, est aujourd'hui en indélicatesse avec la justice parce que soupçonné d'avoir marqué son accord, en mai 2003, à la société Aircraft Portfolio Management APM pour qu'elle sécurise dans ses comptes des fonds publics qu'elle devait récupérer auprès de GIA International INC Corporation.

Secundo: quel est le montant des dommages et intérêts payés dans son compte par Transnet South African Airways? 8 milliards FCFA comme l'indique des sources proches de SAA? Si c'est le cas, qu'est devenue alors la faramineuse somme de 40,5 milliards FCFA?

La décision du président de la République à la suite de la correspondance du ministre d'Etat, ministre de la Justice garde des Sceaux, renseignera à coup sûr les Camerounais sur sa détermination à lutter contre la corruption et les détournements des fonds publics. En voici Issa Tchiroma et Joseph Bélibi désormais suspendus au sort de Jean Foumane Akame. Disons plutôt à une corde en acier...


25/06/2012
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