Crash A320: l`un des pilotes n`était pas dans le cockpit
Après un début de vol habituel, l`un des deux pilotes de l`Airbus A320 de Germanwings qui s`est écrasé mardi dans les Alpes françaises, avec 150 personnes à bord, a quitté le cockpit et a été dans l`impossibilité d`y retourner pendant la chute de l`appareil.
Ces informations à l`AFP émanant d`une source proche de l`enquête ayant eu connaissance de la teneur des enregistrements de la boite noire, confirment celle initialement dévoilée par le New York Times, et marquent une nette accélération de l`enquête après l`accident qui a suscité une émotion considérable dans toute l`Europe.
"Au début du vol, on entend l`équipage parler normalement, puis on entend le bruit d`un des sièges qui recule, une porte qui s`ouvre et se referme, des bruits indiquant qu`on retape à la porte et il n`y a plus de conversation à ce moment-là jusqu`au crash", a indiqué la source proche de l`enquête.
Les deux pilotes s`exprimaient en allemand. Et, à la fin du vol, les alarmes indiquant la proximité du sol retentissent, a indiqué cette même source qui n`était pas en mesure de dire si c`était le commandant de bord ou le copilote qui a quitté la cabine de pilotage.
Ces informations proviennent de l`audition par les enquêteurs de la boîte noire enregistrant les sons dans le cockpit. Le cockpit voice recorder (CVR) a été retrouvé mardi quelques heures après l`accident et sa lecture a été effectuée mercredi en fin de journée.
- Hélitreuillage des victimes -
Elles interviennent alors que les premiers corps ou restes des 150 victimes de l`accident de l`Airbus de Germanwings, filiale de Lufthansa, ont été hélitreuillés mercredi par les équipes de secours sur le lieu du drame, près de Digne dans les Alpes-de-Haute-Provence où sont attendus jeudi des familles de victimes, venant surtout d`Allemagne et d`Espagne.
Plusieurs centaines de personnes, familles ou proches des victimes, doivent être accueillies dans les chapelles ardentes dressées dans deux localités proches du lieu de l`accident, Seyne-les-Alpes et Le Vernet.
Au moins deux grandes tentes en plastique blanc, totalement opaques et closes, étaient dressées jeudi matin devant la chapelle ardente de Seynes-les-Alpes, a constaté une journaliste de l`AFP. Selon des gendarmes chargés de sécuriser les lieux, les tentes, "qui ont été montées dans la nuit", sont destinées "à accueillir les familles et à préserver leur intimité".
Éclairé par de puissants projecteurs visibles à plusieurs kilomètres, le terrain était désert, jeudi, à l`aube.
Deux avions devaient partir de Düsseldorf et Barcelone pour Marseille afin de permettre aux proches des disparus de se rendre à proximité des lieux de la catastrophe. Deux autocars en provenance d`Espagne étaient aussi attendus.
Mercredi, les dirigeants français, allemand et espagnol François Hollande, Angela Merkel et Mariano Rajoy se sont recueillis sur le lieu du crash.
L`Allemagne et l`Espagne qui ont mis leurs drapeaux en berne mercredi sont les deux pays les plus touchés par le drame, avec respectivement 72 et 51 victimes.
Au nord-ouest de l`Allemagne, à Haltern, des roses et des bougies jonchaient les marches de l`établissement scolaire où étaient scolarisés 16 adolescents qui ont disparu dans l`accident.
Mercredi soir, plusieurs minutes de silence ont été observées avant des matchs de football du Bayern Munich, du Real Madrid et d`un match amical Allemagne-Australie à Kaiserslautern.
Sur le lieu de l`accident, à 1.500 mètres d`altitude dans une zone difficile d`accès, plus de 300 gendarmes, 280 policiers, une centaine de sapeurs-pompiers, 70 chasseurs alpins venus de Gap, ainsi qu`une dizaine de médecins-légistes, sont mobilisés pour les opérations de recherche et d`enquête, qui doivent reprendre jeudi matin.
- L`avion a volé jusqu`au bout -
L`identification des corps prendra "des jours et même des semaines", a prévenu le procureur de la République de Marseille Brice Robin. Interpol a envoyé une équipe de spécialistes, pour aider à cette tâche.
Sur l`explication du drame, "à ce stade, on ne ferme aucune hypothèse", avait indiqué mercredi le directeur du Bureau d`enquêtes et d`analyses (BEA) Rémi Jouty, précisant toutefois que l`avion n`avait pas explosé en vol, mais avait bien "volé jusqu`au bout" avant de se désintégrer en milliers de morceaux contre la montagne.
Mercredi matin, le ministre de l`Intérieur français avait indiqué que l`hypothèse terroriste n`était "pas privilégiée".
"Si les pilotes n`ont pas empêché l`avion d`aller s`écraser contre les montagnes, c`est que soit ils étaient inconscients ou morts, soit ils ont décidé de mourir, soit on les a obligés à mourir" avait résumé un expert, interrogé par l`AFP.
Selon une autre source proche du dossier, interrogée dans la nuit de mercredi à jeudi par l`AFP le copilote de l`appareil était entré "récemment dans la compagnie" allemande Germanwings, filiale de Lufthansa, "fin 2013, avec à son actif quelques centaines d`heures de vol". Sa nationalité n`est par ailleurs pas connue avec précision, a poursuivi la même source.