CPI. Bensouda admet la possible libération de Gbagbo
Probable liberté provisoire de Gbagbo. Bensouda admet furtivement une possibilité
La
procureure de la CPI, Fatou Bensouda, était récemment à Abidjan pour
conduire une mission d'experts venus principalement dans le cadre du
dossier Laurent Gbagbo. Au cours de ses échanges avec la presse, dans
l'après-midi du samedi 20 juillet, le successeur de Luis Moreno Ocampo a
quelque peu trahi un secret sur les «tractations» en vue d'une éventuelle liberté provisoire ou conditionnelle.
«Selon les statuts de Rome, M. Gbagbo a le droit de demander une liberté conditionnelle… Je sais que les by Savings Wave">avocats
de M. Gbagbo vont faire encore une demande, parce que c'est dans leur
droit. S'ils demandent une liberté, nous allons à notre niveau voir si
ces conditions peuvent ou pas interférer dans les affaires et voir s'il
faut nous opposer. Mais vous devez savoir qu'il soit libéré ou pas, ce
n'est pas une décision du procureur mais la décision des juges», a
déclaré la procureure de la CPI, Fatou Bensouda, face à la préoccupation
d'un confrère, de savoir la réaction du Bureau du procureur si la
liberté conditionnelle est accordée au président Gbagbo. Avant d'ajouter
qu'elle ne voudrait pas spéculer sur ce qu'elle ferait en cas de
liberté provisoire ou conditionnelle accordée à Gbagbo. «Je pense que le moment venu, je saurai quoi dire», a indiqué Mme Bensouda.
Concernant
sa présence à Abidjan, elle l'a réitéré, il s'agit de collectionner les
informations supplémentaires dans le cadre du dossier Laurent Gbagbo,
comme le lui ont recommandé les juges de la Chambre préliminaire I qui
réclamaient des éléments de preuves complémentaires. «Ce n'est pas
moi qui mène les enquêtes. J'ai des enquêteurs sur le terrain qui sont
chargés de collecter les différentes informations, et ils m'ont donné
des assurances…», indique la procureure.
Dans sa tête, Fatou Bensouda prépare déjà la phase de procès dans l'affaire «Le procureur C. Laurent Gbagbo»,
alors même que les juges de la Chambre préliminaire I, lui réclament
des éléments de preuves additionnels. Elle s'en défend même. «Vous
devez aussi savoir que nous avons déjà certaines informations. Et comme
je l'ai dit, au niveau de la confirmation des charges, il n'est pas
nécessaire de donner toutes les preuves que nous avons. Nous allons
continuer de collecter les preuves et les donner au moment du procès,
parce que ce n'est pas nécessaire de toutes les donner pendant la
confirmation des charges», explique-t-elle.
Sur le cas Simone Gbagbo
La procureure s'est par ailleurs prononcée sur le dossier Simone
Gbagbo, contre qui un mandat d'arrêt (d'abord scellé puis nonscellé) ont
été émis, et sur lequel, jusquelà, le régime Ouattara n'a toujours pas
réagi. Pour Bensouda, le pouvoir Ouattara n'a pas donné une fin de
non-recevoir à ce dossier. «Nous ne pensons pas que les autorités
ivoiriennes refuseront de coopérer avec la Cour pénale internationale
pour le transfèrement de Simone Gbagbo ou pour d'autres cas»,
déclare-t-elle. Avant de rajouter que selon le statut de Rome, les
autorités ivoiriennes ont aussi la possibilité de juger une personne
réclamée par la CPI.
«Si les autorités ivoiriennes
souhaitent juger Mme Simone Gbagbo ici, ils ont aussi le droit de défier
la recevabilité du cas par la Cour pénale internationale. C'est une
prérogative qu'ils ont par rapport au statut de Rome. Et il sera laissé
aux juges de décider si le cas est recevable devant la CPI ou non. Vous
verrez que la même chose est arrivée dans la situation en Libye (avec le
cas de Seïf Al-Islam, le fils du Colonel Kadhafi, ndlr). Ils ont défié
l'admissibilité du cas devant les juges et les juges ont décidé», indique Mme Bensouda.
Franck Toti