Covidgate: où est passé l’argent du Minresi, les vérités volent en éclats
Entre la première dotation d’un milliard douze millions quatre-vingt-neuf mille cinq cent vingt-quatre (1 012 089 524) francs Cfa et la deuxième dotation de six milliards cent millions (6100 000 000) de francs Cfa, que s’est-il réellement passé? Les vérités volent en éclats.
Alors que le Covidgate fait les choux gras de la presse depuis quelques jours avec l’instruction par le Chef de l’Etat d’une enquête judiciaire relative à la gestion des fonds alloués à certains départements ministériels, votre journal marque un arrêt pour scruter le cas du Minrési. Il faut dire que dès l’apparition des premiers cas de Covid-19 au Cameroun, le ministère de la Recherche Scientifique et de l’innovation et ses structures sous tutelle se sont mobilisé tous azimuts, en vue de proposer dans l’urgence, une démarche scientifique pour contrecarrer la propagation de cette pandémie.
A cet égard, les responsables des différents instituts concernés se sont proposés de mener un certain nombre d’actions et d’activités, dans le cadre de la stratégie nationale de riposte contre cette crise planétaire.
En effet, il est question de deux dotations précises ici. En ce qui concerne la dotation d’un milliard douze millions quatre-vingt-neuf mille cinq cent vingt-quatre (1 012 089 524) francs Cfa affectée à certaines structures opérationnelles du Minresi, pour la fabrication de l’hydroxy-chloroquine et de l’azithromycine, des matériels de protection et l’acquisition » des tests de dépistage, il convient de préciser ce que, s’appuyant sur le fait qu’il y a quelques années, l’institut de Recherches Médicales et d’Études de Plantes Médicinales (Impm) fabriquait la chloroquine, le Directeur de cet institut, Pr. Jean Louis Essame Oyono a indiqué que sa structure a toutes les capacités requises pour produire localement l’hydroxy-chloroquine et l’azithromycine, médicaments retenus dans le protocole de traitement de la Covid-19 au Cameroun.
En outre, il a souligné que l’Impm a acquis des machines de dernière génération, et qui ont du reste été installées et mises à jour pour la fabrication des susdits médicaments. Fort de cette assurance reçue du Directeur de l’Impm et des informations reçues de ses autres collaborateurs, que Madame le ministre Dr. Madeleine Tchuinté a, par correspondance n° 0068/L/Min-resi/Cab/A40 du 06/04/2020, proposé au Président de la République de mandater l’Impm pour la fabrication des médicaments susvisés.
Une même lettre dans laquelle, elle a suggéré au Chef de l’État de prescrire au Centre de Recherches sur les Maladies Emergentes et Réémergentes (Cremer) l’acquisition des tests de dépistage et au Comité National de Développement des Technologies (Cndt) la fabrication des matériels de protection à savoir entre autres, les masques de protection en tissu, gels hydro-alcooliques etc.
Suite à cette proposition de Madame le Minresi, le Chef de l’Etat a ordonné, à travers la lettre n° 185/Cf/Sg/Pr du 09/04/2020 du Ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de République, le déblocage de la somme d’un milliard douze millions quatre-vingt-neuf mille cinq cent vingt-quatre (1 012 089 524) francs Cfa. L’on apprend que cette dotation a été ventilée et gérée ainsi :
– 657 088 524 francs Cfa destinés à la production locale par l’Impm de cihq millions de comprimés d’hydroxy-chloroquine et de cinq millions de comprimés d’azithromycine : somme gérée par le Directeur de cet institut, le Pr. Jean Louis Essame Oyono. Cet institut a mis à la disposition du ministère de la Santé Publique un stock de cinq millions de comprimés d’hy-droxy-chloroquine et de deux cent cinquante mille comprimés d’azy-thromycine ;
– 300 000 000 de francs Cfa affectés à l’acquisition par le Cremer de cinquante mille tests de dépistage du coronavirus, somme gérée par le Chef cette structure, le Colonel Mpoudi Ngole Eitel ;
– 55 001 000 francs Cfa alloués à la fabrication par le Cndt des gels hydroalcooliques et des masques de protection en tissu, dotation gérée par Dr. Ele Abiama Patrice, Secrétaire Permanent dudit Comité. Par ailleurs, la fabrication desdits produits a été vulgarisée auprès des Leaders d’opinion, des groupes organisés et de la société civile.
Au total, chacun dés gestionnaires ci-dessus cités aurait reçu du Payeur Spécialisé auprès du ministère de la Santé, détenteur des fonds Covid-19 à ce moment, une correspondance lui annonçant la mise à sa disposition de la somme à lui affectée. Ces lettres ont directement été envoyées à chacun de ces gestionnaires, sans passer par le couvert de Madame le Ministre comme l’exigerait la démarche hiérarchique.
Au titre de la gestion de la deuxième dotation de six milliards cent mil.lions (6100 000 000) de francs Cfa naturellement allouée à certaines structures sous tutelle du Minresi, dans le cadre du Fonds Spécial de Solidarité Nationale pour la Lutte contre le Coronavirus et ses Répercussions Économiques et Sociales (Cas Covid), suivant les termes du décret n° 2020/3221/PM du 22/07/2020, pour la mise en œuvre de sept activités réparties en deux actions.
Conformément à la circulaire n° 00000220/C/Minfi du 22/07/2020 précisant les modalités d’organisation, de fonctionnement et de suivi-évaluation du Fonds Spécial de Solidarité nationale pour la lutte contre le Coronavirus et ses répercussions économiques et sociales, le Minresi a désigné des points focaux pour la gestion desdits fonds et la conduite des activités y afférentes, sur proposition des responsables des instituts de recherches concernés.
C’est ainsi que, le Pr. Nnanga bjga, Chef du Laboratoire des Techniques Pharmaceutiques de l’impm a été désigné point focal pour la fabrication des comprimés d’hydroxy-chloro-quine et d’azithromycine, pour un coût total de quatre milliards de francs Cfa. Celui-ci a du reste été désigné sur proposition du Directeur de l’impm, le Pr. Essame Oyono Jean Louis.
Par ailleurs, il faut souligner que la dotation prévue dans le décret du Premier Ministre rappelé plus haut n’a jamais été mise à la disposition du Minresi. En effet, par correspondance n° B393/Sg/Pr du 17/11/2020, le ministre d’Etat, Secrétaire Général de la Présidence de la République a notifié au ministre Madeleine Tchuinté, les Très Hautes Instructions du Chef de l’Etat, lui prescrivant de surseoir à l’activité de fabrication par l’impm de l’hydroxy-chloroquine et de l’azithromycine, pour un coût total de quatre milliards de francs Cfa (4 000 000 000) francs Cfa.
Dès lors, sur les 6100,000 000 de francs Cfa initialement budgétisés pour ce Département ministériel, il devrait rester la somme de deux milliards cent millions (2 100 000 000) de francs Cfa. Malheureusement, jusqu’à ce jour, les points focaux chargés de la gestion de ces fonds pour la conduite des activités à eux confiées n’ont encore rien reçu.
Les vérités volent donc en éclats. Au regard de ce qui précède, il faut donc comprendre que Dr. Madeleine Tchuinté n’aurait rien reçu, ni géré aucune ressource financière dans le cadre de la riposte gouvernementale contre le coronavirus.