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Biyas & Obamas
Photo: © Getty

Lettre de dégammage de Paul Biya à Barack Obama


Wè-èèh Obama,

Comment tu m’as fait ça dur comme ça ? Même pas une petite invitation pour ta prise de serment ? J’ai attendu que tu m’appelles, fatigué. Pourtant je t’avais envoyé mes numéros d’Etoudi, de Mvoméka’a et même de Genève. Mais rien. Ou bien c’est à Kondengui que tu as essayé de me joindre? On me dit que certains apprenti-sorciers t’ont envoyé le numéro de la prison en affirmant que je serai bientôt logé là-bas. Ils ont menti. Qui me peut ici dehors ? Même si moi, je fais seulement 50 ans au pouvoir, mon fantôme fera 500 ans.

Toi-même qui refuses de m’inviter à ton investiture, est-ce que dans 4 ans tu seras encore là ? N’est-ce pas tu m’as trouvé là et n’est-ce pas beaucoup d’autres présidents américains ont eu à me trouver là ?

- Ronald Reagan. Un ancien acteur de cinéma qui devient président ? Du jamais vu. C’est comme si chez nous, Joséphine Ndagnou alias Tazibi devenait présidente. Jamaisse.

- Georges Bush. Il n’a été chef de l’état que pendant 4 ans. Ahidjo a voulu me donner 2 ans, je lui ai fait voir les voirâtres. Même son cadavre ne mettra plus les pieds au Cameroun.

- Bill Clinton. Un président qu’on a voulu chasser parce qu’il a goûté le pistache de sa stagiaire ? Vous les américains, vous êtes fous. Vous préférez donc un président dont le petit capo ne peut plus se mettre au garde-à-vous?

- Georges W. Bush. Lui au moins me respectait. Ensemble on buvait un bon vin de palme et on jouait au Songo un certain 20 Mars 2003. Il m’a demandé mon avis sur l’Afghanistan, les talibans et Ben Laden. Je lui ai dit « Aka, bombarde-moi les bêtises. » Et il m’a écouté.

Vraiment Obama, donc tout l’anglais que j’ai appris pour bien te causer, c’était pour rien ? Comme Inoni Ephraïm a le temps maintenant, il est devenu mon répétiteur. Mais il a quand même failli m’énerver. Le premier mot qu’il voulait m’apprendre c’était «épervier». Est-ce que opération épervier me regarde ? Même Ni John Fru Ndi a dit « No, Chef, it does not look you » quand il est venu témoigner mon niveau d’anglais à la présentation des vœux de nouvel an à la présidence.

Donc tu m’as ignoré et tu as préféré t’entourer que de blancs ? Pourtant tu es mon frère africain et même mieux, mon frère camerounais. Les Obama, c’est les gens de chez nous. Si mon ancêtre Bi Mvondo avait su que tu me manquerais un jour autant de respect, il aurait mis une flèche à ton ancêtre quand celui-ci passait par Mvoméka’a pour aller au Kenya. On me dit qu’il avait même les chiques aux pieds.

Même au niveau des femmes, je te dépasse. Tu ne sais pas que ce sont les métoches qui ont la côte en ce moment ? Moi-même, j’ai attrapé ma part. Chantoux. Elle est à moi et fait ma joie. Comment un chaud gars comme toi, peut aller prendre une femme avec si peu de cheveux sur la tête ? Regarde Chantoux et tu sauras pourquoi on parle aussi du Cameroun des grandes chevelures. Obama, c’est quoi non ? Ta femme Michelle là est trop musclée ! C’est quel genre de champs que tu lui demandes de cultiver derrière la maison blanche ?

Comme tu vois, je suis très fâché avec toi mais on peut s’arranger. Maintenant que la crevette de Junior a commencé à remuer dans sa culotte, je dois lui trouver une femme. Donne-lui ta fille Sasha et on oublie tout. Sa dot, c’est combien ? Mais n’exagère pas pour le nombre de porcs de 200 kg, toi-même tu sais que ta fille-là est encore trop mince. Il faudrait d’ailleurs qu’elle vienne passer les vacances au Cameroun. Je vais tout sauf que l’envoyer chez mes frères de l’ouest qui cuisinent tout avec l’huile rouge. Je dirai à Mamie Trottia « même les plantains, tu fais frire dans de l’huile de palme. » Comme ça, Sasha aura de quoi attacher le pagne.

Réponds-moi vite sinon je vais aller faire la tontine des républicains.

Paul Biya,
Président des Obam, des Obama et donc de toi

P.S.: Chantoux est trop fâchée. Elle dit que sur la photo que nous avions prise ensemble à Washington à l’époque, elle ferme les yeux et personne ne lui a dit. J’espère que tu as fait donner un bon café à ce photographe.

Ecrit par Martin Djiango, l’homme de Shimeundeu



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