Alors qu’on attend des mesures concrètes à la disponibilité de l’énergie électrique au Cameroun, au moment où les populations souffrent de «délestages» intempestifs, le ministère de l’Eau et de l’énergie propose des passerelles provisoires. Le ministre de l’Eau et de l’énergie (Minee), a présidé le 12 février 2013, la deuxième réunion du comité de suivi de l’étiage qui regroupe les principaux intervenants dans la chaîne de fourniture de l’énergie électrique au Cameroun.
Les échanges étaient axés sur la gestion et la
planification de la distribution de l’électricité alors que le pays
traverse une dure saison sèche. Il était question de faire le point sur
la situation en cours des trois dernières semaines et de passer en revue
les mesures nécessaires et «urgentes» à prendre pour atténuer les
effets du déficit de l’offre énergétique qui prévaut sur le réseau
interconnecté Sud d’Aes-Sonel.
On se souvient que depuis le mois de janvier 2013, les Camerounais
souffrent énormément des coupures intempestives, appelées par l’unique
distributeur «délestages».Selon le directeur général d’Aes-Sonel, Jean
David Bile, le profond «délestage diurne» connu par le secteur public
ces derniers temps résulte de la déformation de la courbe de charge et
de la reconstitution de la réserve d’eau à Songloulou, fortement
sollicitée pour garantir une production maximale à pointe. Un langage
savant que les consommateurs, tout simplement désireux d’avoir du
courant dans leurs domiciles respectifs, ne comprennent que très peu.
Des centrales thermiques rouvrent
Et la situation n’est pas prête de s’arranger. Ainsi qu’on l’a su lors
d’une rencontre entre le conseiller technique n°1 du Minee et les
médias, tenue jeudi 14 février 2013 à Yaoundé. Les services de ce
département ministériel annoncent le redémarrage des centrales
thermiques de Mbalmayo, Yaoundé, Ebolowa, et Bamenda. Ces dernières
étaient arrêtées depuis de longs mois pour cause de factures impayées de
gasoil. L’Etat du Cameroun promet de solder par échelon et à la hâte sa
dette de 3 milliards Fcfa, reliquat des 7 milliards Fcfa qu’il doit
dépenser chaque année pour l’approvisionnement de ces centrales
thermiques. Dudley Achu Sama, le conseiller technique qui entretenait la
presse, reconnaît tout de même que « les délestages seront loin d’être
finis ; même s’il est vrai qu’ils vont quelque peu diminuer ».
Actuellement, le déficit énergétique au Cameroun frise les 3 000
mégawatts, alors que le pays n’en produit que 900 à peine. En outre, le
fonctionnement de la centrale à gaz de Kribi va relever la production à
seulement 1 100 mégawatts. C’est dire que ce n’est pas la solution. Pour
le moment, elle ne fonctionne pas encore – le démarrage était pourtant
prévu en janvier – parce que la Société nationale d’hydrocarbures (Snh)
retarde toujours la livraison en gaz naturel. Pour l’instant donc, on en
est à la solution de redémarrage des centrales thermiques citées plus
haut. Le ministre des Finances, Alamine Ousmane Mey, s’est engagé à
régler progressivement les dépenses liées à la livraison du combustible
dans ces centrales thermiques et le marqueteur Tradex s’est aussi
engagé, dès jeudi 14 février 2013, à livrer le carburant nécessaire à
leur fonctionnement.
Par ailleurs, la société Aggreko a accepté de redémarrer la centrale
d’Ahala à Yaoundé, qu’elle loue à l’Etat. Malgré cela, un plan de
délestage «allégé» est attendu du directeur général d’Aes-Sonel, sans
délai, pour être rendu public. En somme, l’Etat n’arrive toujours pas à
trouver une solution définitive. Bricolage, improvisation que cela.