Coup d'Etat militaire au Mali: institutions dissoutes et couvre-feu decrété
22 MARS 2012
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Des militaires ont annoncé jeudi avoir renversé le régime au pouvoir au Mali après plusieurs heures d'affrontements, l'accusant d'incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes dans le nord du pays.
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Des militaires ont annoncé jeudi avoir renversé le régime au pouvoir au Mali après plusieurs heures d'affrontements, l'accusant d'incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes dans le nord du pays.
Des militaires ont annoncé jeudi avoir renversé le régime au pouvoir au Mali après plusieurs heures d'affrontements, l'accusant d'incompétence dans la lutte contre la rébellion touareg et les groupes islamistes dans le nord du pays. Jeudi vers 04H00 (locales et GMT) des militaires en uniforme sont apparus à la télévision nationale qu'ils occupaient depuis mercredi et dit avoir mis "fin au régime incompétent" du président Amadou Toumani Touré, avoir dissous "toutes les institutions", suspendu la constitution et décrété un couvre-feu. Le porte-parole des mutins, le lieutenant Amadou Konaré, a affirmé qu'ils avaient agi face "à l'incapacité" du gouvernement "à gérer la crise au nord de notre pays", en proie à une rébellion touareg et aux activités de groupes islamistes armés depuis la mi-janvier. Le lieutenant Konaré, entouré d'une dizaine d'autres militaires, parlait au nom d'un Comité national pour le redressement de la démocratie et la restauration de l'Etat (CNRDRE). Peu après, le chef de la junte, le capitaine Amadou Sanogo, a pris la parole pour annoncer qu'un couvre-feu avait été décrété à compter de jeudi. Le lieutenant Konaré a également justifié le coup d'Etat par le "manque de matériel adéquat pour la défense du territoire national" mis à la disposition de l'armée pour lutter contre la rébellion et les groupes armés dans le nord, et "l'incapacité du pouvoir à lutter contre le terrorisme". La junte a "pris l'engagement solennel de restaurer le pouvoir" civil et de mettre en place un gouvernement d'union nationale. "Nous contrôlons le palais présidentiel", avait auparavant annoncé un mutin, un autre affirmant que plusieurs personnalités du régime, dont le ministre des Affaires étrangères, Soumeylou Boubèye Maïga, et celui de l'Administration du territoire, Kafougouna Koné, avaient été arrêtées. On était sans nouvelles du président lui-même. Une source indépendante a affirmé que M. Touré "et ses hommes ne sont plus au palais", sans préciser où ils se trouvaient. Des échanges de tirs nourris entre la garde présidentielle et les mutins ont été entendus plusieurs heures dans la nuit de mercredi à jeudi. Aucun bilan de victimes éventuelles n'a été fourni dans l'immédiat. Présidentielle annulée La journée de mercredi avait commencé par une mutinerie dans un camp à Kati, ville de garnison près de Bamako, puis s'était étendue à la capitale dont les soldats ont parcouru les rues en tirant en l'air, semant la panique. Le Mali est confronté depuis mi-janvier à des attaques du Mouvement national pour la libération de l'Azawad (MNLA) et d'autres rebelles touareg, dont des hommes lourdement armés qui avaient combattu pour le régime de Mouammar Kadhafi, qui ont pris plusieurs villes du nord du pays. Un mouvement islamiste armé touareg, Ançar Dine (Défenseur de l'islam) qui veut imposer la charia au Mali, a affirmé contrôler trois villes du nord-est, proches de la frontière algérienne: Tinzawaten, Tessalit, Aguelhok. Le gouvernement malien a en outre accusé Al-Qaïda au Maghreb islamique (Aqmi), qui a des bases dans le nord du Mali d'où elle opère dans plusieurs pays du Sahel, de combattre avec le MNLA. Aqmi a été en particulier accusée d'avoir exécuté sommairement près d'une centaine de soldats maliens à Agulhok. Ancienne puissance coloniale, la France a condamné le putsch, souhaité le rétablissement de l'ordre constitutionnel et des élections "le plus vite possible". "Nous avons condamné ce coup d'Etat militaire parce que nous sommes attachés au respect des règles démocratiques et constitutionnelles. Nous demandons le rétablissement de l'ordre constitutionnel, des élections, elles étaient programmées pour avril, il faut qu'elles aient lieu le plus vite possible", a dit jeudi le ministre des Affaires étrangères, Alain Juppé. Il a dit ignorer où se trouvait le président renversé. Une présidentielle était prévue, avec un premier tour le 29 avril. L'Union européenne a aussi condamné jeudi le coup d'Etat et réclamé le retour "dès que possible" au pouvoir constitutionnel. Le département d'Etat américain a pressé le Mali de régler les tensions "à travers le dialogue et non la violence". Le secrétaire général de l'ONU Ban Ki-moon a "appelé au calme et à ce que les doléances soient résolues pacifiquement". La Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest a "fermement condamné" le coup d'Etat militaire. La Cédéao "réitère la politique de la Cédéao de +zéro tolérance+ à l'égard de toute tentative de prise ou de maintien du pouvoir par des moyens anticonstitutionnels". Elle avertit qu'elle "répondra de façon appropriée à toute tentative pour perturber davantage la situation sécuritaire précaire", sans plus de précisions. |