Couacs et tares sous le Renouveau
L’espoir suscité par l’avènement du Renouveau s’est largement estompé à la faveur de la non réalisation des objectifs qu’il s’est assignés : améliorer substantiellement le niveau de vie des Camerounais, asseoir la démocratie et évacuer les maux inhibiteurs d’un développement socioéconomique harmonieux avec l’atteinte de l’émergence à l’horizon 2035.
Si de nombreux facteurs exogènes ont quelque peu compromis à l’essence la réalisation desdits objectifs, il reste néanmoins constant que ceux commis autant pour l’élaboration de la vision globale du pays, auront pêché par une mésestimation des enjeux réels attachés à la pleine réalisation de ladite vision. Dès lors, il s’en est suivi des atermoiements dans la mise en oeuvre de celle-ci, quand bien même le pays dispose fort à propos de moyens probants tenant entre autres de ressources multiformes en quantité et qualité requises.
En somme, cette déplorable situation est à imputer au déphasage entre le discours politique et la réalité sur le terrain. Toutes choses qui depuis lors, ont engendré de réelles frustrations chez les populations au point de faire dire à celles-ci que le Renouveau, n’est en réalité qu’un véritable ramassis démagogique commis pour entuber les populations et pire, pour les asservir. Sinon, comment penser qu’en dépit des nombreuses récriminations dont il fait l’objet, il ne parvienne pas encore à s’arrimer au discours politique qu’il émet lui-même ? Suffisant pour comprendre qu’à la réalité l’on semble davantage répondre à des situations singulières et généralement électoralistes au moment d’édicter quelque vision politique globale sans s’être préalablement entouré de garanties quant à l’effectivité des déclinaisons opérationnelles de ladite vision.
A titre d’illustration, que sont devenues la rigueur et la moralisation qui fondèrent la mise en branle du Renouveau ? Plus grave, faisant fi des échecs de fait de visions originelles du Renouveau, on a tôt fait de lui accoler e nouvelles visions toutes aussi creuses, telles les Grandes Ambitions muées en Grandes Réalisations, sans s’imposer quelque analyse sans fioritures de celles- ci. Du coup, aucune lisibilité ne peut être faite sur leur portée réelle et l’on perpétue conséquemment, une sorte de navigation à vue quitte à y adjoindre des replâtrages pour essayer d’en rattraper les dérives opérationnelles.
Et dans cet embrouillamini pourrait-on le qualifier, les zélateurs du régime ne s’offusquent d’entretenir la démagogie en clamant des avancées, quand bien même il y aurait plutôt recul à bien d’égards. Sinon, comment a-t-on pu être astreint au programme d’ajustement structurel alors que quelque temps auparavant, l’on disait cela impossible ? De même, les réformes structurelles engagées depuis peu tiennent davantage de pression exercées sur le gouvernement qu’à quelque volonté politique affirmée.
A preuve, certaines de celles-ci continuent de se faire attendre, grevant dangereusement la symbiose des articulations devant octroyer au document de stratégie pour la croissance et l’emploi, toute sa pertinence et son bien fondé. Avec de tels dysfonctionnements, on comprend pourquoi l’on continue de tergiverser, plus de trente ans après sur la vision la mieux à même de traduire les aspirations légitimes des populations en réalisations concrètes et ce, sur tous les plans. Et sauf de s’obliger à une profonde refondation, le Renouveau aura du mal à présenter un bilan probant au terme de son règne.