Côte d’Ivoire : Paul Biya se prononce pour Ouattara
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Côte d’Ivoire : Paul Biya se prononce pour Ouattara (La Nouvelle Expression 06/01/2011)
L’ambassadeur de Côte d’Ivoire au Cameroun, nommé par Laurent Gbagbo, absent de la cérémonie de présentation des vœux au corps diplomatique où le président a loué l’autorité de l’Union africaine dans l’apaisement des tensions.
Elle était très attendue, la cérémonie de vœux du corps diplomatique, corps constitués, membres du gouvernement au président de la République du Cameroun. L’événement est venu apporter son lot d’éclairage. Illustration : Eugène Biti Allou Wanyou, ambassadeur de la république de Côte d’Ivoire au Cameroun depuis le 05 août 2008, n’était pas présent à cette cérémonie. Selon des sources, il n’a pas reçu de carton d’invitation. Eugène Biti Allou Wanyou a été nommé par Laurent Gbagbo. Autre illustration.
Dans son allocution, le président affirme qu’il est « également heureux de voir que l’autorité de l’Union Africaine se renforce sous la direction de son actuelle équipe dirigeante. Je note qu’il est de plus en plus fait appel à elle pour arbitrer ou désamorcer des situations délicates. C’est, me semble-t-il, de bon augure pour l’atténuation des tensions qui perdurent en Somalie, au Soudan et dans l’est de la RDC. Je saisis l’occasion pour exprimer l’espoir que l’apaisement survenu en Guinée serve d’exemple à cet autre pays frère et ami, la Côte d’Ivoire, pour sortir de ses difficultés ».C’est une indication sur la position du Cameroun sur la crise post électorale en Côte d’Ivoire.
Paul Biya s’aligne sur les positions de la Cedeao, mais surtout l’Union Africaine. 3 jours après les proclamations simultanés des résultats par la Commission Electorale Indépendante et le Conseil Constitutionnel, l’Union africaine a appelé « au respect des résultats de la Commission électorale ivoirienne désignant Alassane Ouattara vainqueur du scrutin » et donc a pris indirectement position contre le président sortant.
Le conseil de l’Ua s’était d’ailleurs réuni à Addis Abeba en session extraordinaire entièrement consacrée à la situation en Côte d’Ivoire. Dans son communiqué final, il a appelé « au respect des résultats “tels que proclamés” par la Commission électorale indépendante de Côte d’Ivoire, qui avait désigné jeudi Alassane Ouattara vainqueur du scrutin avec 54,10% des suffrages ». L’UA a ensuite mandaté plusieurs personnalités africaines pour trouver une solution légitime et pacifique à la crise, sur la base des décisions et instruments pertinents : Thabo Mbeki, Jean Ping, et Raila Odinga à tour de rôle. La Cedeao aussi multiplie émissaires et sommets sur la question ivoirienne.
Elle manie dialogue et menace militaire pour faire partir Laurent Gbagbo du pouvoir. Lors de leur réunion d’urgence tenue le 7 décembre 2010 à Abudja, capitale du Nigeria, ses dirigeants avaient décidé de suspendre la Côte d’Ivoire. Condamnant “toute tentative d’usurper la volonté populaire des habitants de la Côte d’Ivoire”, appelant tous les dirigeants à “ accepter les résultats déclarés par la Commission électorale indépendante.
Il n’est pas surprenant de remarquer que Paul Biya s’aligne sur les positions de l’Union Africaine et de la communauté internationale en général. Car le Cameroun n’a pas la tradition de prise de position autonome. Le silence de Yaoundé depuis le début des événements était déjà parlant.
On aurait aussi dû voir venir cette position dévoilée au cours de cette cérémonie de vœux, au vu du traitement réservé aux émissaires de Laurent Gbagbo. Lors de leur séjour il ya une dizaine de jours tant à Yaoundé qu’à Douala, ils n’avaient rencontré que l’indifférence des officiels camerounais. Une manifestation des sympathisants de Laurent Gbagbo avait même été réprimée à Douala pour défaut d’autorisation.
Écrit par Carole Yemelong
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