Côte d’Ivoire Le sens de la résistance de Laurent Gbagbo
Écrit par Edmond Kamguia K. |
Jeudi, 23 Décembre 2010 07:53 |
Paris a recommandé mercredi aux Français qui le peuvent de “quitter provisoirement la Côte d’Ivoire”, qui s’enfonce dans la crise . Sans aucun respect pour les institutions ivoiriennes et en violation de certaines règles du droit international, la communauté internationale, avec au premier rang l’Onu, continue d’acculer, dans un épique bras de fer, le président réélu de la Côte d’Ivoire vers la sortie. La Côte d’Ivoire évolue lentement, mais sûrement dans une situation très incertaine. A cause d’une véritable confusion. Confusion bizarrement nourrie par l’attitude d’une certaine communauté internationale qui, sur la base des résultats provisoires annoncés par la Commission électorale indépendante, soutient mordicus l’ancien Premier ministre Alassane Dramane Ouattara. Lequel s’est autoproclamé président de la République et a cru devoir prêter serment dans des conditions n’obéissant à aucun usage républicain. Dans son discours à la nation du mardi 21 décembre 2010, Laurent Gbagbo s’est dit prêt à accueillir un comité d’évaluation sur la crise postélectorale et a tendu la main « à l’opposition, à Monsieur Ouattara, comme à la rébellion armée qui le soutient. » Le Conseil constitutionnel, seule institution habilitée à proclamer les résultats définitifs de l’élection présidentielle, a pourtant déjà tranché en faveur du président Laurent Gbagbo, qui a prêté serment dans les formes et usages républicains, devant le Conseil constitutionnel. Laurent Gbagbo, président légal et légitime, et son challenger, Alassane Ouattara, président autoproclamé, continuent de revendiquer tous deux la victoire de l’élection présidentielle du 28 novembre 2010. La collusion entre Alassane Dramane Ouattara, la France, plusieurs Etats occidentaux et l’Organisation des Nations unies (Onu) est si criarde que des observateurs avisés ont du mal à croire que les Nations Unies puissent ainsi encourager un individu - Alassane Ouattara - à s’autoproclamer président de la République, à prêter serment dans l’illégalité et à former un gouvernement dans l’illégalité avec un premier ministre - Guillaume Soro - qui, en changeant de camp, n’a pas eu l’intelligence de remettre sa démission au président Gbagbo qui l’avait nommé. Dans un communiqué lu samedi dernier à la télévision ivoirienne, le président Laurent Gbagbo avait exigé le départ des casques bleus de l’Onu. Dans un communiqué publié le même samedi dans la soirée, le porte-parole du secrétaire général de l’Onu, affirmait que la mission de l’Onu en Côte d’ivoire (Onuci) « remplira son mandat et continuera de surveiller toutes les violations des droits de l’homme, les incitations à la haine, ou les attaques contre les casques bleus ».
Pourquoi Gbagbo tient bon L’Onu refuse de faire partir les casques bleus. Lundi, elle a même prolongé de six mois le mandat des forces de l’Onuci. Au risque d’une confrontation avec les forces de défenses et de sécurité ivoiriennes. Le bras de fer qui se poursuit en Côte d’Ivoire entre Laurent Gbagbo et l’Onu est d’autant dramatique que la communauté internationale - et notamment l’Union européenne - montre aux yeux du monde entier qu’elle peut allègrement violer des règles du droit international pour des raisons inavouées. En effet, en soutenant Alassane Ouattara, l’Onu, la France et d’autres pays regroupés derrière la Communauté internationale s’ingèrent dans les affaires intérieures de la Côte d’Ivoire, violent la souveraineté de l’Etat ivoirien, méconnaissent l’autorité des institutions ivoiriennes dont celle du Conseil constitutionnel ivoirien et entretiennent la confusion et le désordre dans un Etat de droit. Que Laurent Gbagbo refuse de céder aux exigences d’une certaine communauté internationale et résiste aux sanctions - interdictions des visas et bientôt les gels d’avoirs - jusqu’ici lancées contre sa personne et plusieurs membres de son entourage est une attitude qui revêt plusieurs significations. Incarnant les institutions et la légalité constitutionnelle, Laurent Gbagbo, président réélu, veille au respect de la constitution et donc des institutions de la République de Côte d’Ivoire. Le Conseil constitutionnel ivoirien est une institution qui a joué son rôle lors des élections présidentielles ivoiriennes. La communauté internationale et l’Onu ont une attitude surprenante lorsqu’elles refusent de tenir compte des résultats définitifs proclamés le Conseil constitutionnel, tout simplement parce que ces résultats sont favorables au président Gbagbo. Ce dernier, dans son denier message à la nation est clair : « Selon les lois ivoiriennes, la Commission électorale indépendante (CEI) organise les élections et en proclame les résultats provisoires. Il revient au Conseil constitutionnel, et à lui seul, de proclamer les résultats définitifs ». Dans son discours
historique d’Accra, le président Barack Obama avait déclaré que
l’Afrique n‘a pas besoin d’hommes forts, mais d’institutions fortes.
Comment la communauté internationale peut-elle banaliser et même
mépriser la décision du Conseil constitutionnel ivoirien sous le fallacieux prétexte que le président de cette institution est un proche de Laurent Gbagbo ? Et si les partisans de
Laurent Gbagbo focalisaient leur attention sur le fait que le président
de la commission électorale ivoirienne est un proche d’Alassane
Ouattara ? Comment peut-on avoir des institutions fortes si l’on ne fait pas confiance aux personnes qui les animent ? Une France revancharde Comme chef d’Etat, le président de la République de Côte d’Ivoire est bien placé pour s’assurer du respect de la souveraineté de l’Etat et du principe de non ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat. Laurent Gbagbo se positionne surtout comme un patriote contre des manières de faire de la françafrique, comme un résistant face à ce qui ressemble à une grande conspiration internationale ourdie par la France du président Nicolas Sarkozy. Une France revancharde et déterminée à punir Laurent Gbagbo qui, en rejetant les accords de Marcoussis et autres manœuvres élyséennes a humilié l’ancien président français Jacques Chirac. Il s’agit aussi de punir Laurent Gbagbo qui a refusé de faire le déplacement de Paris pour prendre part, aux côtés de Nicolas Sarkozy et d’autres chefs d’Etat africains, au défilé du 14 juillet dernier. Nicolas Sarkozy n’a-t-il pas demandé vendredi dernier à Bruxelles le départ de Laurent Gbagbo dans trois jours, c’est-a-dire jusqu’à dimanche dernier ? Tout compte fait, Laurent Gbagbo qui a redonné au peuple ivoirien le désir de sauvegarder sa dignité et de lutter pour sa libération du néocolonialisme est déjà entré dans l’histoire; même s’il devait perdre le pouvoir aujourd’hui. |