Côte d’Ivoire : Il y a deux présidents, un pour les blancs et un pour les noirs

TEMOIGNAGES - Ils vivent mal la situation qui a dégénéré dans leur pays...


Alors que la situation s’est dégradée cette semaine en Côte d’Ivoire, avec des affrontements violents entre partisans pro-Gbagbo et pro-Ouattara, des Ivoiriens de France, rencontrés et contactés par 20minutes.fr, se révèlent tous très inquiets par l’évolution des événements.

Dans plusieurs commerces ivoiriens de Paris, on préfère d’ailleurs ne pas prendre parti. « Ici, on ne parle pas de politique, allez plutôt voir à l’ambassade de Côte d’Ivoire », répond-on dans une épicerie du 18e arrondissement. Dans une autre, les propos sont évasifs : « Il ne se passe rien, il y a deux présidents, un pour les noirs, un pour les blancs, pour la Françafrique ».

« Le peuple ivoirien veut seulement la paix, quel que soit le président »

Certains parlent tout de même. « Cela fait vingt ans que je vis en France, mais j’ai tout le monde là-bas, c’est pour ça que j’ai peur », confie Jean-Jacques. Selon lui, « c’est clair qu’il faut que Laurent Gbagbo parte, parce que là ça sent mauvais, ça va exploser ». Paradoxalement, ce chef d’entreprise à Rennes aurait voté pour le président sortant, parce qu’Alassane Ouattara est musulman et qu’il est « responsable du coup d’Etat manqué en 2004 ». « Cela me gênait un peu », précise-t-il.

Et puis le problème, « c’est qu’Alassane Ouattara, il se cache dans son bunker, et pendant ce temps-là, c’est le peuple ivoirien qui meurt ». Pour autant, Jean-Jacques estime que, dans le même temps, Laurent Gbagbo « a fait son règne, il a fait deux mandats de cinq ans, c’est quand même beaucoup, on veut du changement ». Au final, « le peuple ivoirien veut seulement la paix, quel que soit le président », conclut-il.

Inquiétude partagée chez les pro-Gbagbo et pro-Ouattara

Du côté du camp du président sortant, on n’en démord pas, Laurent Gbagbo a gagné et on ne comprend pas la position française officielle. « Nicolas Sarkozy n’a pas à dire quoi que ce soit, la Côte d’Ivoire n’est pas une sous-préfecture de la France », juge Abel Naki, directeur adjoint de la campagne de Laurent Gbagbo en France.

Très inquiet quant à la tournure des événements, il estime que c’est la communauté internationale, et l’ONU en particulier, qui attise le feu en Côte d’Ivoire. « La situation actuelle est grave, des jeunes gens sont en train de mourir, l’opinion internationale doit accepter le résultat validé par le Conseil constitutionnel », clame Abel Naki. « Nous ne voulons pas d’un Rwanda bis », ajoute-t-il.

Si l’opinion est totalement inverse, l’inquiétude est partagée dans le camp français d’Alassane Ouattara. « On vit la situation mal, très mal, on est sur les nerfs, on ne dort pas », réagit une porte-parole. « On est énervé par le comportement de Laurent Gbagbo, il n’est plus président, et tant qu’on ne l’arrêtera pas, il va continuer », résume-t-elle.

Source:Corentin Chauvel pour 20 minutes






17/12/2010
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