Côte d’Ivoire Blé Goudé: «Laurent Gbagbo est engagé dans un combat pour un idéal »
Écrit par Source : abidjan.net
Mercredi, 14 Novembre 2012 17:56
Un commentaire sur le verdict la Cour pénale internationale selon lequel le Président Gbagbo est «apte» à comparaître…
Les juges soutiennent qu’il est trop populaire. Et qu’il pourrait bénéficier de son réseau d’amitié à travers le monde pour fuir ou pour revenir au pouvoir. Qu’en dites-vous ?
Nombre d'observateurs décrivent la Cpi comme une Cour créée par les grandes puissances et qui a pour rôle de donner un vernis juridique aux règlements de compte politiques contre tous ceux que les maîtres de ce monde auront identifiés comme obstacle à leur politique d'hégémonie. Au moment où je vous accorde cette interview, la Cpi n'a encore posé aucun acte qui puisse contredire les tenants de cette thèse. La Cpi nous fait comprendre le plus simplement du monde que nous avons perdu la guerre, par conséquent c'est nous et nous seuls qui devons être jugés, comme l'Allemagne l'a été à Nuremberg après avoir perdu la guerre mondiale. Le procès du Président Laurent Gbagbo à la Cpi est le prolongement de la parodie de justice qui se déroule à Abidjan où on juge Dogbo Blé, Vagba Faussignaux, Kipré, de jeunes lieutenants et soldats des Fds, alors que le chef d'état-major et le commandant supérieur de la gendarmerie sont nommés ambassadeurs.(…) L'on gèle les comptes de certaines autorités qui sont aujourd'hui derrière les barreaux pour crimes économiques, pendant que le principal argentier du Président Laurent Gbagbo qui était Jacques Anouma est en liberté et jouit de ses comptes. Si l'on considère que celui qui a gagné la guerre a fait plus de victimes que celui qui a perdu, pourquoi tous les chefs de guerre pros Ouattara sont-ils encore en liberté ? Pour même narguer la communauté internationale, Ouattara leur donne davantage de pouvoir en les nommant à de hauts postes de responsabilité(…) Qui a intérêt à ce que le Président Laurent Gbagbo ne soit pas libéré ? Ceux qui ont bombardé sa résidence. Ceux qui l'ont fait arrêter et qui l'ont emprisonné.
Partagez-vous l’avis de ceux qui soutiennent que la Cour pénale internationale est dans la tourmente sur le dossier du Président Laurent Gbagbo ?
Comment les gens peuvent-ils penser qu'une Cour qui mène à bien une mission qui lui a été confiée est dans la tourmente ? Ne nous y trompons pas. La Cpi n'a de compte à rendre qu'à ceux qui l'ont conçue et lui assurent les moyens pour son fonctionnement(…) Nous ne devons rien attendre de la Cpi. Même le plus grand juriste du monde ne pourra pas faire libérer le Président Laurent Gbagbo. C'est la politique qui a conduit le Président Laurent Gbagbo à la Haye, c'est la politique qui le sortira de là. Toutes ces audiences participent à animer la cour(…) Je ne doute pas du retour du Président Laurent Gbagbo. Quand et comment, là demeure l'interrogation.
Il se raconte que le Président Laurent Gbagbo refuserait d’accepter l’exil…
L’incarcération d'un leader est toujours une occasion de tractations politiques. Les nuits, on sortait Mandela de prison pour des négociations et après on le ramenait. Cela a mis du temps, mais aujourd'hui, le résultat est là. Nos adversaires me diront encore que je rêve. Mais c'est justement parce qu'ils ont eux-mêmes rêvé et cru en leur rêve qu'ils sont au pouvoir aujourd’hui. À la Haye, il y aura beaucoup de tractations. Restons sereins car celui qui s'y trouve est un grand homme qui accorde peu d'importance à la liberté physique de sa personne. Le Président Laurent Gbagbo est engagé dans un combat pour un idéal et non pour un pouvoir. Voilà la différence entre lui et ses adversaires.
Des journaux proches du pouvoir affirment que vous êtes en train de négocier votre retour…
Si vous vous amusez à rassembler tout ce que les journaux proches du pouvoir racontent à mon sujet depuis que je suis exil, il y a de fortes chances que vous publiez un livre plein de contradictions. Après avoir fait mes funérailles, ils m'annoncent en Gambie, en Afrique du Sud, dans une rébellion au Libéria, dans des réunions avec Ançar Dine. Ils disent maintenant qu'ils parlent avec moi et aujourd'hui la nouvelle trouvaille est que je négocie mon retour. (…)Nous avons perdu le pouvoir, mais pas notre intelligence(…)
Quel intérêt ont ces journaux à dire de telles choses ?
Juste pour faire de belles "Unes" et abuser des lecteurs. Je leur manque tellement qu'à défaut de m'avoir avec eux, ils tentent même de fabriquer quelqu'un à mon image (…) Je suis un politique et les raisons qui me feront revenir dans mon pays seront politiques. Je respecte tellement les Ivoiriens que je ne compte signer aucun accord en cachette au détriment de notre lutte et de notre dignité (…)
Quels commentaires faites-vous du rapport d’Amnesty international qui dénonce les tortures et les enlèvements des pros Gbagbo ?
Je les félicite et je les encourage à faire pression sur le régime afin que soient restitués et respectés les droits élémentaires des Ivoiriens.
Que pensez-vous de Zady Djédjé qui se dit fer de lance de la jeunesse pro Gbagbo ?
Je ne pense rien de lui. Il n'est ni responsable ni militant du Cojep. Par conséquent, il n'a pas qualité à agir et à parler en mon nom. Ce que Zadi Djédjé dit et fait ne m'engage pas. C'est un jeune homme avec qui le pouvoir a décidé de folkloriser et qui se débrouille pour survivre. Parlons des problèmes des Ivoiriens s'il vous plaît.
Votre opinion sur la caravane de la paix initiée par les artistes…
Certains estiment que Yodé et Siro, Pat Sako et bien d'autres artistes ont trahi. Vous qui êtes connu comme un des mentors du Zouglou, qu'elle est votre opinion ?
Mercredi, 14 Novembre 2012 17:56
Ancien
ministre de la jeunesse du président Laurent Gbagbo, Charles Blé Goudé
qui vit dans la clandestinité est sorti de sa réserve pour donner son
opinion sur la situation que connaît son pays et sur le sort de Laurent
Gbagbo à la Cour internationale de justice(Cpi).
Un commentaire sur le verdict la Cour pénale internationale selon lequel le Président Gbagbo est «apte» à comparaître…
Rien ne me surprend
Les juges soutiennent qu’il est trop populaire. Et qu’il pourrait bénéficier de son réseau d’amitié à travers le monde pour fuir ou pour revenir au pouvoir. Qu’en dites-vous ?
Gbagbo est un empêcheur de tourner en
rond qui dérange le système international. Sinon, la démocratie étant la
loi du nombre, avoir de nombreux partisans et être populaire ne saurait
être un critère de maintien en détention d'un leader. Bien au
contraire, cela signifie que le Président Laurent Gbagbo est porteur
d'un projet de société auquel adhèrent de nombreux ivoiriens et
africains. Nous comprenions que notre leader est détenu et maintenu à la
Haye pour que Ouattara ait le temps de mieux maîtriser les leviers de
son pouvoir pour ensuite changer et modifier le paysage politique de
notre pays. Ouattara et ses amis veulent créer chez les pros Gbagbo une
situation de troupe sans capitaine. Nous devons quitter le stade de
l'euphorie et faire preuve d'analyses froides puis redoubler de
vigilance. Et pourtant, les experts médicaux de la Cour ont conclu à un
cas de torture… Tous ces rapports médicaux n'intéressent en rien la Cpi.
Croire le contraire serait faire preuve d'une cécité politique.
Est-ce que la Cpi ne donne pas raison à ceux qui pensent que le procès du Président Laurent Gbagbo est un règlement de compte politique ?
Est-ce que la Cpi ne donne pas raison à ceux qui pensent que le procès du Président Laurent Gbagbo est un règlement de compte politique ?
Nombre d'observateurs décrivent la Cpi comme une Cour créée par les grandes puissances et qui a pour rôle de donner un vernis juridique aux règlements de compte politiques contre tous ceux que les maîtres de ce monde auront identifiés comme obstacle à leur politique d'hégémonie. Au moment où je vous accorde cette interview, la Cpi n'a encore posé aucun acte qui puisse contredire les tenants de cette thèse. La Cpi nous fait comprendre le plus simplement du monde que nous avons perdu la guerre, par conséquent c'est nous et nous seuls qui devons être jugés, comme l'Allemagne l'a été à Nuremberg après avoir perdu la guerre mondiale. Le procès du Président Laurent Gbagbo à la Cpi est le prolongement de la parodie de justice qui se déroule à Abidjan où on juge Dogbo Blé, Vagba Faussignaux, Kipré, de jeunes lieutenants et soldats des Fds, alors que le chef d'état-major et le commandant supérieur de la gendarmerie sont nommés ambassadeurs.(…) L'on gèle les comptes de certaines autorités qui sont aujourd'hui derrière les barreaux pour crimes économiques, pendant que le principal argentier du Président Laurent Gbagbo qui était Jacques Anouma est en liberté et jouit de ses comptes. Si l'on considère que celui qui a gagné la guerre a fait plus de victimes que celui qui a perdu, pourquoi tous les chefs de guerre pros Ouattara sont-ils encore en liberté ? Pour même narguer la communauté internationale, Ouattara leur donne davantage de pouvoir en les nommant à de hauts postes de responsabilité(…) Qui a intérêt à ce que le Président Laurent Gbagbo ne soit pas libéré ? Ceux qui ont bombardé sa résidence. Ceux qui l'ont fait arrêter et qui l'ont emprisonné.
Partagez-vous l’avis de ceux qui soutiennent que la Cour pénale internationale est dans la tourmente sur le dossier du Président Laurent Gbagbo ?
Comment les gens peuvent-ils penser qu'une Cour qui mène à bien une mission qui lui a été confiée est dans la tourmente ? Ne nous y trompons pas. La Cpi n'a de compte à rendre qu'à ceux qui l'ont conçue et lui assurent les moyens pour son fonctionnement(…) Nous ne devons rien attendre de la Cpi. Même le plus grand juriste du monde ne pourra pas faire libérer le Président Laurent Gbagbo. C'est la politique qui a conduit le Président Laurent Gbagbo à la Haye, c'est la politique qui le sortira de là. Toutes ces audiences participent à animer la cour(…) Je ne doute pas du retour du Président Laurent Gbagbo. Quand et comment, là demeure l'interrogation.
Il se raconte que le Président Laurent Gbagbo refuserait d’accepter l’exil…
L’incarcération d'un leader est toujours une occasion de tractations politiques. Les nuits, on sortait Mandela de prison pour des négociations et après on le ramenait. Cela a mis du temps, mais aujourd'hui, le résultat est là. Nos adversaires me diront encore que je rêve. Mais c'est justement parce qu'ils ont eux-mêmes rêvé et cru en leur rêve qu'ils sont au pouvoir aujourd’hui. À la Haye, il y aura beaucoup de tractations. Restons sereins car celui qui s'y trouve est un grand homme qui accorde peu d'importance à la liberté physique de sa personne. Le Président Laurent Gbagbo est engagé dans un combat pour un idéal et non pour un pouvoir. Voilà la différence entre lui et ses adversaires.
Des journaux proches du pouvoir affirment que vous êtes en train de négocier votre retour…
Si vous vous amusez à rassembler tout ce que les journaux proches du pouvoir racontent à mon sujet depuis que je suis exil, il y a de fortes chances que vous publiez un livre plein de contradictions. Après avoir fait mes funérailles, ils m'annoncent en Gambie, en Afrique du Sud, dans une rébellion au Libéria, dans des réunions avec Ançar Dine. Ils disent maintenant qu'ils parlent avec moi et aujourd'hui la nouvelle trouvaille est que je négocie mon retour. (…)Nous avons perdu le pouvoir, mais pas notre intelligence(…)
Quel intérêt ont ces journaux à dire de telles choses ?
Juste pour faire de belles "Unes" et abuser des lecteurs. Je leur manque tellement qu'à défaut de m'avoir avec eux, ils tentent même de fabriquer quelqu'un à mon image (…) Je suis un politique et les raisons qui me feront revenir dans mon pays seront politiques. Je respecte tellement les Ivoiriens que je ne compte signer aucun accord en cachette au détriment de notre lutte et de notre dignité (…)
Quels commentaires faites-vous du rapport d’Amnesty international qui dénonce les tortures et les enlèvements des pros Gbagbo ?
Je les félicite et je les encourage à faire pression sur le régime afin que soient restitués et respectés les droits élémentaires des Ivoiriens.
Le Conseil de sécurité, les Etats-Unis, l’Union européenne sont également sans pitié pour le régime sur la même question…
Il ne faut pas donner un chèque en blanc
à ce pouvoir. Ce serait livrer la population aux exactions. Ils se sont
donné le temps d'observer, maintenant ils réagissent et c'est bon.
Est-il besoin de vous dire qu’en Côte d’ Ivoire, nous sommes dans un
pays de non droit. Certaines personnes sont surprises de leurs réactions
surtout que ces derniers ont pris position pour ce régime contre le
Président Laurent Gbagbo(…) Laissons ces organisations internationales
pratiquer ce régime et découvrir par leur propre expérience, sa vraie
nature.
Que pensez-vous de Zady Djédjé qui se dit fer de lance de la jeunesse pro Gbagbo ?
Je ne pense rien de lui. Il n'est ni responsable ni militant du Cojep. Par conséquent, il n'a pas qualité à agir et à parler en mon nom. Ce que Zadi Djédjé dit et fait ne m'engage pas. C'est un jeune homme avec qui le pouvoir a décidé de folkloriser et qui se débrouille pour survivre. Parlons des problèmes des Ivoiriens s'il vous plaît.
Votre opinion sur la caravane de la paix initiée par les artistes…
Nos amis avaient de bonnes intentions.
Malheureusement, la méthode a fait défaut. La célébration de la
réconciliation par les artistes, doit être à la suite de la signature
d'un accord politique entre le pouvoir et l'opposition qui aura permis
de régler les problèmes (libération des prisonniers politiques,
libération des biens mobiliers et immobiliers illégalement occupés par
les Frci, le retour des exilés, la cessation des exactions contre les
pro Gbagbo et le dégel des avoirs etc.). On ne peut pas fêter un mariage
avant de l'avoir célébré. Il nous faut cependant être indulgent avec
nos artistes. Ils ont au moins voulu participer à la réconciliation à
leur manière, malheureusement ils ont commencé par la fin (...).
Certains estiment que Yodé et Siro, Pat Sako et bien d'autres artistes ont trahi. Vous qui êtes connu comme un des mentors du Zouglou, qu'elle est votre opinion ?
En dehors de Tiken Jah et Meiway, j'ai
travaillé avec la plupart des autres artistes dont Yode et Siro, Pat
Sako, A’salfo, etc. Nous sommes de la même génération et nous partageons
beaucoup de choses. Je respecte leur position et je m'interdis de les
juger et de les condamner. N'oublions jamais que c'est nous qui sommes
les politiques et non ceux qui, à un moment donné nous ont accompagnés
dans notre combat comme ils pouvaient. La situation que notre pays
traverse est tellement complexe que peut-être qu'ils ont atteint leurs
limites de résistance (…) Depuis un an et demi, nous avons entamé un si
long voyage qui est une véritable traversée du désert avec ce que cela
comporte comme difficultés(…) Soyons indulgent et apprenons à respecter
le choix des uns et des autres(…)
Et Alpha Blondy?
C'est un autre sujet dont on pourra
parler un autre jour. Pour l'instant je prends un joker. Je dis Yako aux
Ivoiriens car la situation que traverse notre pays n'est pas du tout
facile(…) En ce qui concerne la réconciliation, point n'est besoin de
fuir les réalités qui, quoi qu'on fasse, finiront par nous rattraper un
jour(…) Pour mémoire, quand Ouattara ne s'était pas rendu à la cérémonie
de la flamme de la paix à Bouaké en juillet 2007, était-il contre la
paix? Quand toute la direction du Rdr était en courroux contre Soro pour
avoir signé l'accord politique de Ouagadougou, le Rdr était-il contre
la paix? (…) La réconciliation n'est pas une condition pour la
libération des prisonniers, c'est bien le contraire qui est juste.
Alors, arrêtons de favoriser le folklore et attaquons nous à
l'essentiel.