Côte d'Ivoire,MAINTIEN EN DETENTION DE L’EX-PRESIDENT IVOIRIEN: Douche froide pour les pro-Gbagbo
L’ancien président ivoirien, Laurent Gbagbo, ne respirera pas de sitôt l’air de la liberté. En effet, la Cour pénale internationale (CPI) vient de rejeter en appel sa demande de mise en liberté provisoire. Ce refus de l’équipe de Fatou Bensouda de libérer le célèbre prisonnier ivoirien, ne serait- ce que quelques jours, est, disons-le net, une douche froide pour les pro-Gbagbo, eux qui croyaient dur comme fer à sa libération. Cette décision de la Justice internationale confirme que les faits reprochés à Laurent Gbagbo sont suffisamment graves.
Cela est d’autant plus vrai que la juge de la CPI, Sanji Mmasenono Monageng, a justifié sa décision par la "gravité" des crimes dont l’ancien président ivoirien est accusé. Les partisans de Laurent Gbagbo vont-ils enfin revenir sur terre ? Comprendront-ils que le retour de leur idole à la maison n’est pas pour demain ? Ils auraient, de toute évidence, crier victoire si la CPI avait accordé la liberté provisoire à Gbagbo. Maintenant qu’ils ont eu la main malheureuse, il ne leur reste plus qu’à prier pour que le procès se déroule dans de bonnes conditions. Il serait sage, de leur part, d’arrêter d’entretenir l’illusion que Gbagbo est retenu arbitrairement et qu’il sera libéré dès la première plaidoirie de son avocat. Il est temps, pour eux, d’affronter la réalité en face. L’éternel des armées dont certains font cas, et qui viendrait libérer la Côte d’Ivoire, n’est qu’une illusion pour troubler l’esprit des faibles. En tout cas, le moment est venu de faire la part du feu. Et il serait plus utile et plus responsable pour tous les pro-Gbagbo de changer d’attitude. Et ce, en commençant par se démarquer de toute action déstabilisatrice de la Côte d’Ivoire dont on les accuse, et saisir la main tendue du président Alassane Ouattara. Le bras de fer qu’ils ont engagé avec le pouvoir n’apportera rien de bon ni pour eux, ni pour Gbagbo qu’ils continuent de défendre. Au contraire, tout acte répréhensible posé au nom de celui-ci, l’empêchera de bénéficier de la clémence de la Justice.
Certes, le régime de Ouattara n’est pas aussi exempt de critiques. Le dernier rapport de l’ONG Human Right Watch a relevé des cas de détentions arbitraires de pro-Gbagbo. Ce qui prouve que des efforts sont à déployer dans les deux camps. Mais le parti du président déchu, le FPI (Front populaire ivoirien), a visiblement plus de nettoyage à faire dans ses écuries que le pouvoir Ouattara. Le succès de la réconciliation qui évolue en dents de scie, en dépend fortement. Et sur ce plan, l’on a l’impression que les jeunes patriotes ont plus compris l’intérêt de jouer la carte du dialogue que le FPI. Le dernier cadre d’échange qu’il a refusé en prétextant qu’il ne veut pas être sur la même table de négociation que des petits partis mais veut un dialogue direct avec le pouvoir est illustratif à cet égard. A force de monter les enchères et de croire à des prophéties irréelles, les pro-Gbagbo risquent de se mettre tout le monde à dos. La chute n’est pas une fatalité mais ce sont les moyens que l’on met en œuvre pour se relever qui peuvent être fatals. Les partisans de Gbagbo peuvent bien travailler à la libération de leur mentor et vouloir le placer de nouveau à la plus haute sphère du pouvoir, mais en empruntant des voies justes et légales. Espérons que ce désavoeu de la CPI leur permettra d’en tirer des leçons.