Cote d'Ivoire: Les nouvelles stratégies coloniales se dessinent

YAOUNDE - 13 DEC. 2010
© Guy Raymond Elokan | L'Anecdote

En des termes à peines voilées, les Etats-Unis vont profiter de la crise en Côte d'ivoire pour rassoir leur hégémonie sur le monde par la voix de la force militaire.

En des termes à peines voilées, les Etats-Unis vont profiter de la crise en Côte d'ivoire pour rassoir leur hégémonie sur le monde par la voix de la force militaire. Barack Obama promet à Laurent Gbagbo et famille, une espèce de «Noriegagate». Que penser ?

L'histoire du passage des différents chefs d'Etat à la Maison blanche a plusieurs fois été marquée par une «bravoure» exceptionnelle, en Général lorsqu'il s'est agit d'élus du parti Républicain. Pour l'histoire récente, on peut retenir les démêlés Reagan - Mouammar Kaddafi à propos du Golfe de Syrte, Georges Bush - Noriega à propos de l'intangibilité des frontières de souveraineté, W. Bush - Saddam Hussein sur l'invasion du Koweït pour ne citer que ceux-là. Des actions et interventions américaines au-delà de leurs frontières déterminées pour la plus part du temps à démontrer l'hégémonie américaine sur les autres nations du monde. La dernière sortie de Barack Obama, bien que démocrate, habitué au dialogue et à la négociation, étonne quant à la situation en Côte d'Ivoire. Le chef d'Etat américain en effet propose deux alternatives: Où Laurent Gbagbo laisse tomber le pouvoir et il le reçoit à la Maison blanche, salut sa bravoure et l'élève au rang des grandes dignités où alors il s'entête et attend de recevoir des foudres du président américain, lui, toute sa famille et tous ceux qui l'encouragent à demeurer sur ses positions. Un message clair avec toutes les implications que l'on peut imaginer au-delà des sanctions onusiennes déjà préfacées et assurées par les Etats-Unis, la France et l'Union africaine. Du coup renvient en mémoire, les scénarii qui ont accompagné l'arrestation du Général Noriega alors, président de Panama, traqué dans son propre pays comme un vulgaire bandit par l'armée américaine, arrêté et emporté hors des frontières, emprisonné et aujourd'hui jugé en France. Détermination d'une force de frappe des gendarmes du monde.

Aujourd'hui, bien que ce soit un démocrate qui soit dans la plus grande nation du monde, Laurent Gbagbo peut imaginer quel sera son sort. Tout comme l'a été, celui de l'ex et feu Général Saddam Husein, qui, a bout de résistance s'est terré dans un bunker, infatigablement traqué par les GIs américains, retrouvé, déniché et au finish, pendu haut et court dans un lieu resté finalement tristement célèbre et qu'il avait pourtant lui-même mis en place.

Que veut dire Barack Obama ? Sinon que la Côte d'Ivoire ce n'est pas la Chine malgré l'absence vendredi 10 décembre dernier du prix Nobel de la paix enfermé dans les geôles chinoises. Non Barack Obama n'est pas au courant ! Et la Chine ce n'est pas l'Afrique. C'est un membre du conseil de sécurité de l'Onu. De ce côté, on ne peut pas tenter une invasion même pour libérer un prix Nobel de la Paix ! Les droits de l'homme, ce n'est pas pour les voisins des tibétains. La Côte d'Ivoire par contre court encore derrière l'atteinte du Point d'achèvement Ppte, et avec Gbagbo, on ne sait jamais tous les milliards investis pour la réussite du processus électoral pourront ne pas être remboursés. Il est temps pour les africains de comprendre que tous les investissements financiers de l'Onusi en Côte d'Ivoire pour remettre le pays en marche n'étaient pas innocents.

Les pays financeurs ne sauront fonctionner qu'avec un pion à leur solde. Ils crient aujourd'hui Ouattara avec la dernière énergie. Convaincus de pouvoir le manipuler à leur guise. En somme, une nouvelle stratégie de colonisation séculaire qui ne veut pas dire son nom. Barack Obama, vomi des siens, les démocrates américains. qui trouvent qu'il négocie trop avec les républicains, perdant les pédales au sénat majoritairement républicain qui n'approuve pas ses dispositions du « no tell », ne pas parler de son statut d'homosexuel dans l'armée américaine, doit démontrer qu'il a du sang américain. Cible trouvée: un africain Gbagbo qui paie aujourd'hui sa plus grande erreur: celle d'avoir légitimé Alassane Dramane Ouattara comme fils du terroir en 2005 et n'avoir pas soulevé ses frasques financières estimées à plus de 200 milliards de Fcfa aux côtés d'Houphouët Boigny.



14/12/2010
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