Côte d'Ivoire. Le pire envisagé
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Côte d'Ivoire. Le pire envisagé(Le Télégramme 23/12/2010)
La situation se crispe dangereu- sement en Côte d'Ivoire après le discours télévisé de Laurent Gbagbo réaffirmant être le président. C'est dans ce contexte que la France demande à ses ressortissants de quitter le pays provisoirement.
L'impasse restait totale hier en Côte d'Ivoire entre Laurent Gbagbo qui a réaffirmé à la télévision être le président, et le camp d'Alassane Ouattara qui, avec le soutien de la communauté internationale, renouvelé hier, exige son départ et ne voit que «ruse» dans son offre de dialogue. Laurent Gbagbo n'a en effet laissé mardi soir planer aucun doute, excluant de tirer sa révérence. Hier soir, lors d'une rencontre avec plusieurs responsables de mouvements de jeunes d'Afrique, il a encore indiqué que son camp résisterait à la pression étrangère. La veille il avait proposé la mise en place d'un «comité d'évaluation» en vue d'un «réglement pacifique» de la crise. La porte-parole de la chef de la diplomatie européenne Catherine Ashton, a souligné qu'il importait «que la passation de pouvoir prenne place sans délai et sans autrespréalables», la victoire d'Alassane Ouattara aux élections présidentielles ne pouvant être «soumise à une quelconque nouvelle évaluation ni remise en cause». Le camp Ouattara a accusé Gbagbo de «défier» le monde. «Il s'agit pour Laurent Gbagbo de reconnaître le verdict des urnes et de partir», a souligné la porte-parole Anne Ouloto. Guillaume Soro, Premier ministre du gouvernement d'Alassane Ouattara, est allé plus loin en déclarant: «Après toute la pression internationale et les sanctions qui n'ont pas produit d'effet sur Laurent Gbagbo, il est évident qu'il n'y a qu'une solution qui reste, celle de la force», a-t-il déclaré sur i-Télé. «Je demande au Conseil de sécurité des Nations unies, à l'Union européenne, à l'Union africaine et à la Cédéao (Communauté économique des Etats d'Afrique de l'Ouest) d'envisager la force», a-t-il ajouté. L'ancien secrétaire général des Nations unies, Kofi Annan, a exhorté hier le président sortant de Côte d'Ivoire à abandonner le pouvoir et «à ne pas déclencher la violence» dans ce pays. C'est dans ce climat de plus en plus tendu que la France a recommandé hier à ses ressortissants de quitter la Côte d'Ivoire, au moins provisoirement. L'ancienne puissance coloniale invoque une «mesure de précaution» et de «prudence», même si «les ressortissants étrangers» ne sont «pas menacés jusqu'à présent», selon le porte-parole du gouvernement François Baroin.
La Banque mondiale gèle des financements
Ce dernier s'est exprimé après une réunion sur la situation ivoirienne autour de Nicolas Sarkozy, de François Fillon et des ministres Michèle Alliot-Marie (Affaires étrangères), Alain Juppé (Défense) ainsi que le chef d'état-major des armées. À l'issue d'un entretien avec le président français Nicolas Sarkozy, le président de la Banque Mondiale (BM), l'Américain Robert Zoellick a annoncé depuis Paris que son institution gelait les financements de la Côte d'Ivoire. L'UE a de son côté entériné les sanctions contre Laurent Gbagbo et 18 membres de son entourage et envisage d'élargir prochainement la liste.
23 décembre 2010 -
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