Côte d'Ivoire, l'escalade militaire
Côte d'Ivoire, l'escalade militaire
Depuis
mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont pris
quatre localités dans l'ouest. Les affrontements se poursuivent aussi
Abidjan.
Tirs à l'arme lourde à Yopougon
Des tirs à l'arme lourde ont retenti lundi matin à Abidjan dans le quartier de Yopougon près de la résidence privée du général Philippe Mangou, chef d'état-major des forces armées fidèles au président ivoirien sortant Laurent Gbagbo.
C'est la première fois que des tirs d'armes
lourdes sont rapportés dans ce fief du chef de l'Etat sortant depuis le
début de la crise qui menace de faire basculer la Côte d'Ivoire dans la
guerre civile.
Commission d'enquête sur les droits de l'Homme?
Le Conseil des droits de l'homme de l'ONU examine
ce lundi un rapport sur la situation en Côte d'Ivoire, qui appelle
notamment à la mise sur pied d'une commission d'enquête internationale
sur les violations des droits de l'homme dans ce pays. Le rapport de la
haut commissaire aux droits de l'homme, Navi Pillay, conclut "à une
détérioration drastique de la situation" depuis les élections de
novembre l'an dernier.
Les agences humanitaires de l'ONU déplorent pour leur part que le
conflit dans le pays soit "oublié" alors même que près de 500.000
personnes ont dû quitter leur domicile pour fuir les violences.
Avancée des FN dans l'ouest
La veille, les forces alliées à Alassane Ouattara, reconnu président ivoirien par la communauté internationale, ont pris une quatrième localité de l'ouest du pays aux forces fidèles au chef d'Etat sortant Laurent Gbagbo.
A l'issue de combats, les "rebelles" des Forces nouvelles (FN) "ont pris la ville de Doké, entre Toulépleu et Bloléquin", a affirmé à l'AFP un milicien pro-Gbagbo, joint par téléphone depuis Abidjan dimanche.
Depuis mi-février, les FN, qui tiennent le nord du pays depuis 2002, ont ainsi pris quatre localités dans l'ouest, leur prise majeure ayant été la ville de Toulépleu, tombée le 6 mars après des combats contre les Forces de défense et de sécurité (FDS) fidèles à Laurent Gbagbo et les miliciens qui les appuient.
San Pedro en ligne de mire
L'objectif des forces pro-Ouattara est de prendre la ville de Bloléquin, à une dizaine de kilomètres de Doké, qui leur ouvrirait un accès au centre-ouest et au port de San Pedro (sud-ouest), le plus grand port d'exportation de cacao au monde.
"Nous nous préparons avec les FDS à défendre Bloléquin parce qu'après Bloléquin ils comptent aller jusqu'à Guiglo et Duékoué", deux villes stratégiques de la région, a déclaré un milicien pro-Gbagbo, décrivant les combattants FN comme "bien équipés", dotés "de lance-roquettes, de mitrailleuses".
L'ouest du pays est traversé par l'ancienne ligne de front, qui sépare le nord FN du sud contrôlé par le camp Gbagbo.
Côte d'Ivoire, l'escalade militaire
Poursuite des affrontements à Abobo
La reprise des combats dans la région la plus instable du pays intervient au moment où Abidjan est elle-même le théâtre d'affrontements armés entre insurgés pro-Ouattara et FDS, dans le quartier d'Abobo (nord), bastion du rival de Laurent Gbagbo.
Les FDS ont conduit samedi une offensive à Abobo, qui s'est soldée par la mort d'une dizaine de personnes mais ne semblait pas pour l'heure avoir fait bouger les lignes sur le terrain. Quartier le plus peuplé d'Abidjan avec quelque 1,5 million d'habitants, Abobo est devenu l'épicentre de la crise post-électorale, qui a fait près de 400 morts dans le pays selon l'ONU.
Déserteurs
Une centaine de soldats de l'armée loyale au
président ivoirien sortant Laurent Gbagbo ont déserté et trouvé refuge
au Liberia voisin de la Côte d'Ivoire, ont indiqué lundi à l'AFP des
réfugiés ivoiriens au Liberia.
Ces soldats des Forces de défense et de sécurité (FDS), qui étaient
basés dans l'ouest de la Côte d'Ivoire, auraient fui les combats ayant
opposé les FDS à l'ex-rébellion des Forces nouvelles (FN) à Toulépleu, à
l'issue desquels la ville a été reprise le 6 mars par les FN.
Loin des caméras, Alassane Ouattara a effectué pendant ce temps un retour discret au Golf hôtel d'Abidjan. Dans un communiqué, ses services ont confirmé ce retour "après un bref séjour à l'étranger, qui l'a conduit successivement à Addis Abeba, en Ethiopie, du 9 au 11 mars 2011, et à Abuja au Nigeria du 11 au 12 mars 2011".
L'Union africaine réitère son soutien à Ouattara
Alassane Ouattara a exprimé "ses sincères
remerciements à l'Union africaine, au Conseil de paix et de sécurité, au
Haut panel des chefs d'Etat, ainsi qu'à la Cedeao (Communauté
économique des Etats d'Afrique de l'Ouest), pour leurs efforts
inlassables en vue du triomphe de la démocratie en Côte d'Ivoire".
Côte d'Ivoire, l'escalade militaire
Une nouvelle réunion du CPS est prévu le 24 mars à Abuja. Cette réunion permettra de faire le point sur la mise en oeuvre des décisions du panel l'UA sur la Côte d'Ivoire, qui sont en théorie "contraignantes". Pour le moment, l'UA ne dit pas par quel moyen elle compte faire respecter des décisions pourtant censées être "contraignantes".
"L'UA est en train de laisser les Ivoiriens régler ça entre eux", estime une source diplomatique africaine à Abidjan. "Elle donne le feu vert à Ouattara et (à son Premier ministre, le chef de l'ex-rébellion) Guillaume Soro pour mettre en oeuvre sa décision par les moyens militaires", assure-t-elle, ajoutant: "ils n'ont d'ailleurs pas attendu l'UA".