Côte d'Ivoire : L'Afrique de l'Ouest prépare le "dernier recours" militaire en Côte d'Ivoire
Côte d'Ivoire : L'Afrique de l'Ouest prépare le "dernier recours" militaire en Côte d'Ivoire
Les
chefs militaires d'Afrique de l'Ouest sont désormais déterminés à
prendre le pouvoir par la force si les autres moyens échouent.
L'Afrique de l'Ouest misait toujours, vendredi, sur le dialogue pour
résoudre la crise en Côte d'Ivoire, avec le retour de médiateurs lundi à
Abidjan, mais se préparait à une éventuelle intervention militaire,
"dernier recours" pour chasser Laurent Gbagbo du pouvoir. Les chefs
militaires de la Communauté économique des États d'Afrique de l'Ouest
(Cedeao) "se sont rencontrés mardi et mercredi pour mettre la machine en
marche", a indiqué à Abuja le porte-parole de l'armée nigériane, le
colonel Mohamed Yerimah. "Si tous les moyens de persuasion politique
échouent", "la Cedeao prendra par la force le pouvoir à Laurent Gbagbo
et le donnera à Alassane Ouattara", reconnu président par la communauté
internationale, a-t-il prévenu, évoquant un "dernier recours".
Une réunion de suivi pour affiner les questions de logistique est prévue au Mali les 17 et 18 janvier. Malgré la menace d'une intervention armée brandie par l'organisation actuellement présidée par le Nigeria, la voie du dialogue reste privilégiée. Après une mission cette semaine à Abidjan, les présidents Boni Yayi (Bénin), Ernest Koroma (Sierra Leone) et Pedro Pires (Cap-Vert) doivent revenir lundi en Côte d'Ivoire.
La Sierra Leone a averti que la rencontre de lundi avec Gbagbo serait la "dernière" et espéré que le sortant acceptera de se retirer. Mais Laurent Gbagbo se considère comme l'unique chef de l'État, proclamé par le Conseil constitutionnel, tandis que Alassane Ouattara s'appuie sur les résultats de la Commission électorale indépendante (CEI) qui le donnaient vainqueur de l'élection du 28 novembre. Le président de la CEI, quasi invisible depuis l'éclatement de la crise, a réfuté depuis Paris toutes "irrégularités" de son institution, en réponse aux accusations du camp Gbagbo. "Il faut que la volonté du peuple soit respectée", a plaidé le porte-parole de la commission, Yacouba Bamba.
Violences
La situation sur le terrain reste très tendue, après des violences qui ont fait en deux semaines 179 morts, selon l'ONU, en dépit d'une forte baisse des exactions ces derniers jours. Les violations des droits de l'homme depuis fin novembre pourraient constituer des "crimes contre l'humanité" qui doivent être "sévèrement punis", ont souligné des experts de l'ONU. Dans ce climat, même si les étrangers n'ont pour l'heure pas été directement menacés, la France a recommandé de nouveau à ses ressortissants, notamment les "familles avec enfants", de quitter "provisoirement" le pays. Selon Paris, quelque 2.000 Français sont déjà partis en cette fin d'année, sur environ 14.000 enregistrés, dont une moitié de binationaux. Les risques d'affrontement demeurent très élevés, à l'orée de 2011.
Toujours assez démuni à l'intérieur, Alassane Ouattara continuait de marquer des points sur le plan diplomatique. La Grande-Bretagne - qui soutiendrait une opération armée en Côte d'Ivoire sous la houlette de l'ONU, mais n'y participerait pas - a annoncé avoir retiré son accréditation à l'ambassadeur ivoirien à Londres, nommé par Laurent Gbagbo. À Conakry, en Guinée, comme ces derniers jours en France ou au Mali, des pro-Ouattara ont brièvement occupé l'ambassade ivoirienne.