Côte d'Ivoire. Grande victoire judiciaire pour Michel Gbagbo
Après près d’un an d’emprisonnement arbitraire, La justice
tranche en sa faveur. Pourquoi Ouattara, président de la CEDEAO, est
obligé d’obtempérer.
A trois mois du 18 juin, la famille
Gbagbo vient d’enregistrer une autre victoire judiciaire. La Cour de
justice de la Cedeao met la pression au régime Ouattara au sujet de
Michel Gbagbo, dont l’état de santé s’est dégradé ces derniers jours.
C’est
cette fois sur le continent africain, à la Cour de justice de la
Cedeao, que le président Gbagbo remporte une autre victoire sur le plan
judiciaire. Dans l’affaire qui oppose la famille Gbagbo à Alassane
Ouattara et l’Etat de Côte d’Ivoire, pour «arrestation et
détention arbitraires, violation de leurs droits à recours effectif,
violation de leurs droits à la liberté d’aller et de venir, violation du
droit à la santé morale de leur famille et à la reconnaissance
juridique de leur personnalité, violation de leur sécurité juridique et
harcèlement de la famille Gbagbo».
La Cour de
justice de la Cedeao, dont le siège est à Porto-Novo (Bénin), en son
audience du vendredi 23 mars dernier, a pris une décision faisant
injonction à l’Etat de Côte d’Ivoire, de prendre toutes les mesures
utiles pour préserver la vie de Michel Gbagbo. Suite à la saisine de la
Cour par l’avocat de la famille Gbagbo, Maître Ciré Clédor Ly, le
mercredi 21 mars 2012, dans «une procédure de Référé
justifiée par l’urgence et le péril dans lequel se trouvait le fils du
Président, Monsieur Michel Gbagbo, pour obtenir sa libération immédiate
pour raison de santé, et son évacuation sanitaire aux frais de l’Etat de
Côte d’Ivoire».
Selon l’avocat de la famille
Gbagbo qui était aux côtés de l’ex-chef de l’Etat à Korhogo, lors de sa
procédure-éclair de transfèrement à la Haye, la justice sous-régionale a
enjoint ainsi les nouvelles autorités ivoiriennes, en l’occurrence
Alassane Ouattara qui assure par ailleurs la présidence de la Cedeao, de
remettre en liberté le fils aîné du président Gbagbo. Qui croupissait
depuis avril dernier dans la prison civile de Bouna, où les conditions
de détentions sont précaires, avant son évacuation il y a quelques jours
à la Pisam, avec la dégradation de son état de santé.
C’est dans
un communiqué de presse, daté du vendredi 23 mars et dont copie nous a
été adressée le lendemain samedi 24 mars que Me Ciré Clédor Ly annonce
la décision que la Cour de justice de la Cedeao a prise concernant
Michel Gbagbo, face à son état de santé inquiétant. «Piqué
par un scorpion, l’écrivain universitaire (Michel Gbagbo, ndlr) a été
transféré in extremis à la Polyclinique internationale sainte Anne Marie
(PISAM), et paralysé, il a été même donné pour mort. L’Etat de Côte
d’Ivoire assurant la Présidence de la CEDEAO, se doit de respecter et
d’exécuter les décisions de la Cour de Justice Communautaire, et mettre
Michel Gbagbo d’urgence en liberté. La décision sera signifiée à l’Etat
de Côte d’Ivoire par le Greffe de la Cour de Justice de la CEDEAO», lit-on dans le communiqué du conseil de la famille Gbagbo.
Alassane Ouattara va-t-il respecter les décisions de la cour sous-régionale ?
Alassane
Ouattara va-t-il se faire prendre à son propre piège ? Lui qui s’était
appuyé sur l’institution sous-régionale dans sa «guerre» contre le
président Laurent Gbagbo. Aujourd’hui, propulsé président en exercice de
la Cedeao, Ouattara se retrouve entre le marteau et l’enclume dans
l’exercice de son mandat.
D’abord la rébellion touarègue et le
coup d’Etat réalisé jeudi dernier contre le président ATT. A peine at-
il encaissé l’annonce du renversement de son homologue malien que le
lendemain vendredi 23 mars, la Cour de justice de l’institution dont il
assure la présidence lui demande de remettre en liberté Michel Gbagbo. A
l’analyse de la situation juridicopolitique en cours depuis la fin de
la crise post-électorale, Ouattara n’a d’autre choix que de se plier à
la décision de la Cedeao et libérer le fils ainé du président Gbagbo.
Puisque lui et son camp n’ont eu de cesse de répéter que les
juridictions internationales priment sur les juridictions nationales. Il
a là une occasion d’appliquer au moins sa conception du droit, en
exécutant une décision de justice et non des moindres, celle de la Cour
de justice de la Cedeao.
Dans les jours à venir, il est fort à
parier que le Dr Michel Gbagbo recouvre enfin la liberté. Dans le cas du
président Laurent Gbagbo lui-même, la Cour de justice de la Cedeao,
mise devant le fait accompli, à savoir la déportation de l’ex-chef de
l’état à La Haye, a ordonné, ce même vendredi 23 mars dernier, la
séparation des dossiers et la suspension de la procédure en son nom
jusqu’à l’intervention d’une décision de la CPI, pour dit-elle, une
bonne administration de la justice.
Frank Toti