La police camerounaise, selon le baromètre mondial de la corruption 2013 établi par la section camerounaise de l’Ong Transparency International, occupe la première place des institutions les plus corrompues du pays avec un chiffre de 69%. Elle remplace à ce rang les services de la douane. Malgré la discipline imposée depuis son arrivée à sa tête, le délégué général à la Sûreté nationale, Martin Mbarga Nguelé n’a, semble-t-il, pas encore réussi à vaincre la gangrène qui a infecté le corps.
Ce nouveau classement permet donc de comprendre que, si la by Savings Wave">réduction des contrôles de police a permis d’«éloigner» celle-ci des populations, et donc de réduire les actes visibles de corruption sur le bord de la route, elle n’a pas véritablement aidé à inculquer une nouvelle moralité à ces hommes en tenue, souvent au coeur de gros trafics, prêts à tout pour faire régner l’ordre public selon leur perception.
Et c’est ici que le bât blesse car, si mardi dernier, l’opprobre a été jetée sur la police, il n’en demeure pas moins vrai que dans ce domaine, tous les corps de métier sont concernés par ce fléau, qui a malheureusement fait la réputation du Cameroun à travers le monde. Quand, dans le pays, 46% des personnes (en 2012, le Cameroun était 34ème sur 48 pays africains dans l’indice de perception de la corruption dans le monde) pensent que le niveau de corruption au Cameroun a augmenté au cours des deux dernières années, que 24% estiment qu’il stagne, que plus de trois personnes sur cinq avouent avoir payé des pots-devin pour être servies dans une administration pour un taux de 68% (soit 18% de plus qu’en 2012), lorsque 58% de personnes affirment avoir reçu des demandes de pots-devin, il est clair que le mal est plus profond et ne concerne pas qu’un groupe de la société, mais la population dans son ensemble.
Tant que le Cameroun n’aura pas réussi le pari de refaire sa réputation auprès d’éventuels investisseurs, de se réconcilier avec les réflexes de probité et d’amour du pays, il ne fait pas de doute qu’il sera difficile de convaincre les milieux d’affaires à l’aider à atteindre l’émergence à l’horizon 2035. Et ce n’est pas la multiplication des organes de lutte contre le phénomène qui permettra d’en venir à bout mais la détermination, visible, du gouvernement à éradiquer le phénomène. Un peu comme le Rwanda qui, classé 111ème en 2007, occupait la 50ème place en 2012.
Pour y arriver, l’Etat aura certainement le plus d’efforts à fournir, mais tout le monde devrait s’engager dans cette lutte pour qu’ensemble, on puisse rêver au nombre d'emplois qu'on aurait pu créer, à celui des opportunités que nous aurions pu rattraper si le Cameroun s’était débarrassé de son statut de pays le plus corrompu à celui, plus honorable, de pays où la gangrène a été maîtrisée.