Corruption dans le contrat CAMAIR/SAA: Paul Biya transmet le dossier à Laurent Esso
YAOUNDE - 18 JUIN 2012
© GUIBAI GATAMA | L'Oeil du Sahel
Le chef de l'Etat veut connaître d'éventuelles poursuites judiciaires réservées à cette affaire.
© GUIBAI GATAMA | L'Oeil du Sahel
Le chef de l'Etat veut connaître d'éventuelles poursuites judiciaires réservées à cette affaire.
Le 14 juin 2012, le ministre, secrétaire général à la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, sur instruction du chef de l'Etat, a transmis une correspondance frappée du sceau «confidentiel» au ministre d'Etat, ministre de la Justice garde des Sceaux et relative aux commissions touchées par Issa Tchiroma et Joseph Bélibi dans le contrat Camair/SAA. Le proche collaborateur du Président a pris soin d'annexer à sa correspondance les révélations rendues publiques par votre journal (11/6). Sauf que, au lieu de les saisir, le ministre secrétaire général de la présidence de la République a fait simple : il s'est rendu sur le site de Cameroon-Info.Net... La correspondance du ministre, secrétaire général de la présidence de la République soulève plusieurs interrogations. Primo: le rapport de mission du président du Comité de suivi de l'exécution des contrats de maintenance des avions entre Cameroon Airlines (Camair) et Transnet South African Airways (SAA), Jean Foumane Akame, daté du 07 décembre 2000, a été également imprimé sur le site de Cameroon-Info.Net avec quelques coquilles, ce qui laisse sous-entendre que l'original dudit rapport est introuvable dans ses services. A moins que Ferdinand Ngoh Ngoh n'ait pas trouvé utile de déranger la quiétude du tout puissant conseiller juridique du chef de l'Etat et président dudit comité de suivi. Secundo: le secrétaire général de la Présidence de la République veut rapidement connaître des suites judiciaires à donner à de telles révélations. Si l'on écarte d'éventuelles poursuites contre les journaux qui ont révélé ou relayé ce scandale, il ne reste qu'une hypothèse: ouvrir une enquête contre les mis en cause. Et dans ce cas, les principaux suspects que sont Issa Tchiroma et Joseph Bélibi devraient être déchargés de leurs fonctions pour répondre des charges qui pèsent sur eux devant la justice. Brandir la prescription des faits comme le fait en privé depuis quelques jours, l'actuel ministre de la Communication, est une faute morale et constitue au moins un aveu de culpabilité. Rappelons tout de même que la démarche de Ferdinand Ngoh Ngoh survient le jour même ou la majorité parlementaire à l'Assemblée nationale (Rdpc) rejetait la proposition du Social Democratic front (SDF) quant à l'ouverture d'une commission d'enquête parlementaire sur les indemnisations des victimes du crash du Boeing 737-200 (Le Nyong). Que les députés du Rdpc, en admettant qu'ils aient agi de leur propre chef, aient trouvé l'initiative du SDF saugrenue et que la Présidence, discrètement, s'informe des leviers judicaires à actionner contre les personnalités ayant touché les commissions dans le contrat Camair/SAA, laisse pantois plus d'un. Cet épisode signifie que l'exécutif est bien plus préoccupé de cette affaire que les députés de la Nation! Pour notre part, nous maintenons les accusations portées à l'encontre de l'actuel ministre de la Communication et ministre des Transports au moment des faits et du magistrat Joseph Bélibi, avocat général à la Cour suprême. Les documents que nous avons publiés en exclusivité dans notre édition du 11 juin 2012 retracent les commissions perçues par deux personnalités camerounaises auprès de la SAA via son compte bancaire N°10085233 (compte client N°1049690) domicilié à la Standard. Comme l'attestent différents Avis de débit, l'ancien ministre des Transports a perçu 171.247 US$ sur divers comptes bancaires domiciliés tantôt à la Banque Crédit Lyonnais de Paris tantôt à la Banque française de l'Orient à Paris. Issa Tchiroma percevait également des commissions auprès de Philippe Marmier, un de ses hommes liges qui a encaissé au total 2.098.474,80 US$ de la SAA sur -son compte n°32923870 E domicilié à la Banque Française de l'Orient à Paris. Le compte sur lequel il avait la haute main était libellé au nom de sa compagne, Mlle Kaja Kabakele. Donc, Issa Tchiroma, dans son compte N°16111084 domicilié à Douala à la banque BICEC, touchait également des sous-commissions sur les parts perçues par cet ami de longue date comme l'attestent les virements opérés à son profit à partir de ce compte et sur instruction de Philipe Marmier. Précision qui garde tout son importance : le coupe Marmier a vécu au Cameroun, et faisait déjà partie des intimes de l'actuel ministre de la Communication. Contrairement à la modique somme de 85 millions FCFA avancée par des médias. Quant à Joseph Bélibi, il a perçu intégralement 46.690 US$. Le magistrat, comme nous l'avions indiqué, avait nié pourtant avoir reçu le moindre franc, si l'on s'en tient au rapport de la mission Foumane Akame daté du 2 décembre 2000 et dont nous publions l'intégralité. La justice n'aura donc pas du mal à mettre en évidence la responsabilité de ces personnalités. Ces documents rendus publics, par votre journal ont permis à l'Etat du Cameroun, dans le cadre du procès devant la Cour arbitral de Paris, de contraindre SAA à reverser la somme de 32,5 milliards FCFA au Cameroun plus des dommages et intérêts. |
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