Dans la foulée des manifestations commémoratives de " Cameroun - Février 2008", Corantin Talla, président de Conscience du Cameroun (CDC), revient sur ces évènements, l'état du Cameroun, etc...
Depuis ces événements de février 2008, nous n'avons plus assisté au Cameroun à un autre soulèvement d'une telle ampleur. La preuve que le gouvernement a résolu le problème de la faim au Cameroun ?
À ma connaissance aucun des problèmes qui ont été a la base des soulèvements de 2008 n'a pas résolus. Les solutions cosmétiques prises par le gouvernement pour casser ce mouvement de 2008 n'ont pas réussi à adresser durablement les problèmes de la paupérisation tous azimuts du peuple Camerounais par un gouvernement incompétent et corrompu. Qui plus est, le régime continue d'empêcher l'avènement d'une démocratie véritable au Cameroun. La preuve la plus récente est la décision de Paul Biya d'organiser les élections sénatoriales avant les législatives et les elections municipales, sachant très bien que le mandat des conseillers municipaux avait expire de plus belle lurette. De ce fait, le corps électoral pour ces élections sénatoriales est illégitime, tout comme le sénat qui sera issu de cette mascarade électorale. Le peuple doit s'indigner et agir pour empêcher cette énième imposture de Biya et ses créatures.
Paul Biya donne rendez-vous à ses compatriotes en 2035 pour faire du Cameroun un pays émergent et actuellement quelques grands chantiers sont en cour d'exécution. Quels commentaires en faites-vous ?
C'est tout simplement risible. Voila un president qui ne se rend compte de son incompétence et son manque d'ambition pour le pays qu'après 30 ans de gouvernance hasardeuse sans la moindre notion de feuille de route. C'est au crépuscule de son pouvoir qu'il a soudainement une vision utopique d'un Cameroun émergent 2035. Cela dit, ces grands chantiers que vous évoquez sont des opérations trompe -l'œil qui n'ont en rien amélioré les conditions de vie des Camerounais. Plus important, l'implémentation de ces soi-disant projets structurants est entachée de corruption et autres cacophonies de tous genres. Par exemple, certains apparatchiks du régime ont été a accuse de corruption dans le cadre des projets de Kribi. Le secrétaire général du premier ministère aurait attribue le chantier de construction du pont du Wouri a une entreprise française contre la décision du premier ministre d'attribuer ce projet a une entreprise chinoise pour un cout d'exécution plus bas. N'est ce pas curieux ? En bref, j'ai peur que ces projets ne profitent plus qu'aux intérêts étrangers et aux apparatchiks du régime qu'au camerounais ordinaire.
Paul Biya vient de fêter son 80e anniversaire-dont 30 de ces années comme président de la République. A la lecture du calendrier de ce qu'il appelle lui-même "les grandes réalisations", beaucoup pensent qu'il ne donne aucune chance à l'alternance pour tout au moins le prochain mandat présidentiel. Avez-vous le même soupçon et croyez-vous que quelqu'un peut encore réussir à empêcher Paul Biya de rester au pouvoir au Cameroun ?
C'est une lapalissade de dire qu'il ne donne aucune chance a l'alternance. Ce monsieur veut mourir au pouvoir ou faciliter une alternance dans la continuité du régime RDPC. Cela dit, c'est au peuple camerounais de s'indigner et d'agir en conséquence face à cette volonté de Biya d'empêcher l'émergence d'une démocratie véritable au Cameroun et son désir d'entrainer le pays vers le chaos. Au front UNI de la diaspora, nous sommes déterminés à travailler en synergie avec les autres compatriotes consciencieux de l'intérieur pour mobiliser les camerounais afin de constituer un contre pouvoir effectif au régime de Biya et éventuellement entrainer un changement de ce régime. En effet, ce n'est qu'après le changement de ce régime par des patriotes et nationalistes avérés que le peuple camerounais retrouvera la plénitude de sa souveraine et une meilleure condition de vie dans un pays véritablement démocratique et émergent. Il est donc a noter que le peuple camerounais n'attendra pas 2035 pour vivre dans un pays économiquement et politiquement émergent.
Un journal camerounais a écrit récemmnet ceci: "la diaspora camerounaise ne sait dire qu'une seule chose: Biya must go". Que pourriez-vous lui répondre?
Ce slogan est dépassé et nous en sommes conscient dans le FRONT UNI. L'heure est aux actions concrètes dans la diaspora et sur le terrain. Ces actions doivent être précédées par la conscientisation et la mobilisation du peuple camerounais auteur d'un message qui englobe les problèmes communs a tous les camerounais. Ce message doit raisonner chez tous les camerounais sans distinction tribale, de classe sociale, d'affinité linguistique et de religion. Par exemple, les délestages d'electricite, l'insécurité, les crimes rituels sont des problèmes récurrents qui touchent tous les camerounais sans exception. La nouvelles opposition devra cristalliser le mécontentement des camerounais autour de ces problèmes dénominateurs communs, les pousser a s'indigner et agir pour extirper la racine de ces maux. Cette racine qui n'est autre que Biya et ses créatures.
Donnez-nous votre point de vue sur l'organisation des leaders et des associations politiques de la diaspora camerounaise...
Je suis fier de dire ici qu'une mutation positive est entrain de s'opérer au niveau des associations politiques de la diaspora camerounaise. Par exemple, les principaux leaders de ces organisations ont prix conscience d'unir leurs forces et de travailler en synergie avec ceux des forces politiques et de la société civile basée au Camerounais. C'est d'ailleurs dans cette optique que nous avons mis sur pied le FRONT UNI DE LA DIAPORA PATRIOTIQUE DE DEMOCRATIQUE DU CAMEROUN. Ce front qui comporte entre autres organisations la Conscience du Cameroun (CDC), le CODE, CCD, DNK et autres, se concertent désormais pour délibérer et prendre des décisions communes afin d'optimiser l'effet de leurs actions conjointes. Nous lançons un appel aux autres organisations qui peuvent adhérer a notre charte idéologique a se joindre nous afin que formons une grande famille de la diaspora politique camerounaise agissante qui pourra aider a précipiter la chute du régime despotique de Biya.
La diaspora camerounaise est pratiquement oubliée de tous les discours du président camerounais qui pourtant vient d'être en France pour une opération de charme envers les potentiels investisseurs français. Paul Biya méprise t-il la diaspora camerounaise ou alors c'est cette dernière qui manque de s'imposer ?
Plusieurs échéances électorales sont annoncées au Cameroun cette année. Avez-vous un message à adresser au peuple camerounais par rapport à ces différentes élections ?
Je réitère mon appel aux Camerounais de s'inscrire sur les listes électorales. Toutefois, je tiens à préciser que le fait de s'inscrire sur les listes électorales ne doit pas être perçu comme un appel au vote. S'inscrire c'est être prêt a voter après que le peuple aie obtenu la mise sur pied d'un organe indépendant, impartial et consensuel d'organisation des élections, en plus de l'obtention des reformes électorales et constitutionnelles démocratisantes. Cela dit, je demande au peuple camerounais en général et aux conseillers municipaux en particulier de boycotter les prochaines élections sénatoriales car un sénat issu de cette mascarade sera dénué de toute légitimité. En plus l'entêtement du régime de Biya a nous imposer cette énième forfaiture sera perçue comme une provocation de trop. Par conséquent, le régime sera tenu responsable du chaos pourra s'installer dans le pays. En bref, le peuple doit s'indigner et agir.