COPISUR-NOMINATION: Le « seul » bon choix de Paul Biya
Par robert.ngono.ebode | Vendredi 16 avril 2010 | Le Messager
Au sein du COPISUR, seul Thierry Michel Atangana est un illustre inconnu. Les autres membres représentent les administrations ou des entreprises basées au Cameroun, comme le représentant des établissements Jean Lefèbvre au Cameroun, Nana Eclador. Les autres membres ne savent même pas qui il est. Cela se fera voir dans différentes correspondances où il est traité d’amateur, ou encore d’incompétent. D’ailleurs, dans une des enquêtes à la Police judiciaire lorsqu’il est arrêté en 1997, la toute première qu’on baptise « l’examen de situation », il lui est demandé de présenter ses diplômes. L’authenticité de tout ce qu’il dira sera confirmée par la France dans différentes commissions rogatoires. « Le Chef de l’Etat savait très bien qui est Thierry Atangana, ses compétences et autres. Mais son entourage était totalement ignorant de tout cela. Thierry n’a fait aucun effort pour communiquer avec son entourage. Il a brillé par un silence, oubliant que la discrétion ne veut pas dire absence de communication. D’ailleurs du fond de sa cellule au SED, il le reconnait et s’en veut pour cela. Il a voulu demeurer le technicien qui vient faire rien que son travail sans se soucier de ce que les autres pensent de lui ou de comment l’administration camerounaise fonctionne », relève un proche.
Des différentes sources du dossier de Thierry Michel Atangana à Paris, il ressort que ce dernier, financier de formation, travaillait dans un groupe privé en France comme cadre financier. Il est copté dans une commission dans le cadre d’un appel lancé dans le cadre de la restructuration du secteur routier en Europe. « Il était question de recentrer la recherche qui coûte cher. Le plus important pour cette commission était de trouver des hommes qui lui permettent de trouver des mécanismes de financement pour la réalisation des projets », confie un de ses proches à Paris. Voilà comment il fait la connaissance de plusieurs grands groupes internationaux tels les établissements Jean Lefèbvre, en activité au Cameroun dans le secteur des travaux publics au Cameroun. Les résultats satisfaisants obtenus dans le cadre de ces travaux ont permis à Thierry de se voir confier la restructuration de la dette de plusieurs multinationales dont les créances étaient en souffrance dans certains pays africains, donc le Cameroun. Il était question pour lui, d’après des sources à Paris, d’éviter la détérioration des actifs financiers qui était de l’ordre de 40 milliards de Fcfa en ce qui concerne le Cameroun.
Ingéniosité
« Le but de ces sociétés ayant sollicité la restructuration de la dette n’était pas d’être payées. C’était plutôt de pouvoir relancer leurs activités au Cameroun notamment », confie une source proche du dossier. En effet, les actifs payés devaient rassurer le syndicat des banques qui devait alors amener des financements additionnels pour la recherche fondamentale et les investissements à venir. « Thierry a participé à la restructuration de plusieurs groupes importants, dont certains installés au Cameroun à l’instar de Nestlé, Phillips par sa branche TRT, Télécommunications radioélectriques et téléphoniques, pour des actifs de l’ordre de 11 milliards de Fcfa. Toutes ces opérations lui ont permis d’avoir ce que l’on appelle des propriétés industriels par les différents intéressements qu’il a reçus sous forme de bonus. Il les a placés dans des banques et les intérêts lui ont permis d’effectuer quelques investissements. C’est la fortune qu’on lui prête aujourd’hui à tout vent. C’est un financier et il sait manipuler les outils financiers pour créer de la valeur ajoutée. On ne peut quand même pas le lui refuser ou lui reprocher son intelligence », explique un proche.
En séjour à Paris, Paul Biya émet le vœu de visiter les infrastructures routières dans le but de les relancer dans son pays. Des discussions avec la partie française, il est mis en contact avec le groupe Jean Lefèbvre qui a une notoriété établie dans ce domaine. Et l’entreprise qui avait des créances au Cameroun, dans l’optique d’éviter la détérioration de ses actifs financiers, accepte le projet de relance des infrastructures routière au Cameroun et propose à cet effet Thierry Michel Atangana pour conduire ce projet de restructuration, comme il l’a fait en Europe. Paul Biya, lorsqu’il créé le COPISUR, avait déjà sa petite idée derrière la tête. C’est tout naturellement qu’il nomme Thierry Michel Atangana comme président de ce comité, au détriment de Dieudonné Ambassa Zang que le SGPR de l’époque, Joseph Owona proposait. « Lorsque Thierry arrive au Cameroun, ce n’est pas pour rester. Il voulait mettre sur pied le projet et laisser la phase d’exécution des travaux aux ingénieurs. Il voulait finir sa mission et rentrer retrouver son poste de cadre financier en France. En termes d’argent et d’avantages, il n’y a pas de comparaison possible à faire. La preuve est qu’il est entré au Cameroun avec un visa, il a laissé toute sa famille en France et il a continué jusque-là à payer ses impôts à Boulogne en France. Tout ce que les gens avancent comme allégations, c’est parce qu’ils sont mal informés et on se joue d’eux pour garder une de Thierry une image de quelqu’un qui est venu pour spolier les biens publics. Au contraire ! C’est quelqu’un qui a aimé son pays d’origine, et malgré sa nationalité française, a voulu donner ce qu’il a comme talent. Au moment où des gens nommés dans des comités se battent pour gérer l’argent éventuel que l’Etat mettrait à leur disposition, il a démontré qu’on peut partir de rien et trouver des financements nécessaires à l’exécution de certains projets. Y-a-t-il mieux pour aider son pays ou pour démontrer son patriotisme ? », commente un proche de la famille.
Compensation
Au moment où beaucoup de Camerounais, tout rang social confondu, se battent pour sortir du pays et aller faire fortune ailleurs, voilà le sort qui est réservé à celui qui a accepté quitter « ses bureaux huppés » de Paris pour apporter son savoir-faire à son pays. A lire les chefs d’accusation à lui reproché en coaction, notamment pour ce qui est des détournements et non de tentative de détournements, « l’expert commis par le magistrat instructeur a estimé les décaissements, transferts à l’étranger, retraits par chèques émis à l’ordre de Atangana Thierry ou des agents du comité et de ces virements à la somme totale de 1 373 099 543 Fcfa ». Pour quelqu’un comme Thierry qui a démontré ses compétences ici et ailleurs, le garder en cellule pendant 13 ans est un véritable gâchis. Même si le Code pénal camerounais parle d’une peine d’emprisonnement à vie pour des montants de plus de 500 000 Fcfa, encore que dans le cas d’espèce l’accusation ne détient aucune preuve démontrant les allégations faites, on devrait penser à un système qui permette d’utiliser ce genre de personnes dans les administrations publiques dans le but justement d’œuvrer à la création des richesses qu’ils sont supposés avoir dilapidé. Cela pourrait aussi être une autre forme de compensation que l’Etat peut instaurer, les condamnés purgeant effectivement la peine à eux infligés par la justice.