Continuer avec Ni John Fru Ndi, le SDF est assuré de mourir !

De 42  députés en 1997 à 21 en 2002,  le SDF est tombé à 15 députés en 2007. Le Front Social Démocrate n’a pas le choix s’il veut stopper cette chute vertigineuse. Si des législatives avaient lieu aujourd’hui, rien ne garanti que le SDF dépassera  le cap de 10 députés si la tendance que nous observons actuellement sur le terrain se maintien. Quant à la prochaine présidentielle, rien à espérer d’un John Fru Ndi de plus en plus ambiguë et très contesté au sein même de son parti.

Ainsi donc  pour assurer encore sa pertinence comme principal parti d’opposition, capable de gagner, un jour, une élection présidentielle au Cameroun, le SDF se doit de «rebâtir sa maison». Voir être un peu plus agressif. Pour y parvenir, il faut un chef capable de faire bouger les choses, capable de réorienter et même de re-clarifier l’idéologie de ce parti socialiste. Si elle veut quitter la gauche pour se positionner au centre gauche, il lui faut un nouveau leader en mesure d’arrimer ce parti à la réalité politique de notre époque, celle donc le Cameroun a besoin aujourd’hui. Nous ne sommes plus dans l’effervescence des années 90. Et il faut le dire maintenant avant qu’il ne soit trop tard pour ce parti qui jadis faisait courir des foules.

 

Position ambiguë de Fru Ndi et stratégie de communication zéro


A cet égard, même si on est encore bien loin d'un congrès et d'un débat devant permettre aux aspirants à la tête du SDF  de présenter leur plate forme politique, il faut reconnaître que les dernières années ont démontré que les camerounais et plus particulièrement les militants et sympathisants du SDF ne comprennent plus vraiment les sorties de John Fru Ndi sur les dossiers brûlants touchant la vie politique, économique et sociale de notre pays.

 


En l’espace de trois mois, le président du SDF, John Fru Ndi a laissé croire qu’il déclarerait ses biens. Il s’est finalement ravisé et ne déclarerait plus rien comme le rapporte le quotidien Mutations. « Il ne gère aucun denier public pour être obligé par la loi de déclarer ses biens » tente d’argumenter son état major. Cette erreur de communication est très dommageable pour celui qui veut diriger le Cameroun, d’autant plus qu’avant sa promesse de juillet dernier de déclarer ses biens, rien ne l’y obligeait. Et personne ne lui en avait fait la demande. Maintenant qu’il l’a promis, il doit le faire car cette erreur de calcul politique pourrait, aux yeux des camerounais, signer sa mort politique, lui qui a toujours demandé à monsieur Biya de déclarer ses biens et ses avoirs comme le stipule  l'article 66 de la Constitution, promulguée en 1996 et complété par la loi N° 003 de 2006 du 25 avril 2006 dresse la liste exacte des personnes soumises à cette obligation de déclaration des biens et avoirs.

 


Déjà en 2008, lors de la modification de l’Article 6  de la Constitution, les camerounais n’ont pas bien compris si John Fru Ndi était pour ou contre. Comme pris par surprise, il n’a pas réussi à contester ou même à clarifier sa position sur cette modification. Pourtant cela faisait plus d’un an que les medias nationaux et internationaux parlaient de cette modification. Biya l’avait déjà annoncé dans son discours à Paris. Une chose est certaine, ce serait malhonnête de dire que Fru Ndi était pour. Cependant, sa stratégie de communication à laisser transparaître un homme, très hésitant, incapable de mener un combat jusqu’au bout, ce qu’on appelle en politique : « Le combat de sa vie ».


 
Pourtant, la révision de la loi fondamentale est un évènement triste qui marquera à jamais l’histoire de notre pays.  Qui plus est, cette révision a, il faut le reconnaître,  signé aussi la fin de carrière politique de Fru Ndi. Pire encore, d’erreurs de timing politique en erreurs de stratégie de communication,  il a apporté son soutien aux manifestations organisées récemment à Paris contre le voyage du président Paul Biya en France par le Collectif des organisations démocratiques et patriotiques de la diaspora camerounaise, le CODE. Sans toute fois expliquer de façon claire pourquoi lui, Fru Ndi, s’opposerait à cette visite d’État. Est-ce qu’il appuyait aussi l’idée que des tomates soient jetées sur Paul Biya en France et non pas au Cameroun? Peut être que oui, peut être que non. Une chose est certaine, on s’attend d’un leader de l’opposition une vraie stratégie pour conquérir le pouvoir. Pas un mauvais récupérateur des idées des contestateurs.


 
Le Code est-il devenu l’opposition officielle?

Aujourd’hui au Cameroun, bien que n’étant pas officiellement reconnu par les autorités de Yaoundé, le Code semble faire bouger les choses au Cameroun que le principal parti d’opposition camerounais. Par leurs actions et activités, ils sont plus présents dans les médias nationaux et internationaux que ne l’est le SDF et ils sont légions les camerounais qui veulent en savoir plus sur le Code.


Si on totalise l’espace médiatique positif occupé par les hommes politiques en 2008 et depuis le début de cette année, après Paul Biya suivra le « combattant » Mboua Massock et le Code. Pourtant, Fru Ndi est bien le leader de l’opposition. Certes une opposition doit, si on traduit mot à mot, s’opposer à l’action gouvernement, mais elle se doit également de faire des propositions médiatisées afin de persuader les citoyens qu’elle est une alternative crédible.

 

Le Code a occupé plus de place, en dénonçant et en publiant les photos des citoyens tombés sous les balles du pourvoir de Yaoundé en février 2008. Aucune communication crédible du chef du SDF sur ce sujet. L’espace électronique du parti   www.sdfparty.org est resté statique depuis des années. D’ailleurs les nouvelles qui sont à la  une du SDF site Web sont les suivantes : Lancement des activités du Sdf en 2007/SDF: Ngwasiri lâche Bernard Muna, Transparence électorale: ce que Fru Ndi a dit a Inoni ou Paul Biya dans le Top 20 des tyrans du monde. Comme quoi le SDF s’est arrêté en 2007?


Si non, aujourd’hui, face à la montée de la souffrance au Cameroun, quelle est la solution que propose le SDF  pour enrailler la criminalité? Quel est le plan de match du SDF pour lutter contre la pauvreté? À regarder de très prêt, le Code serait entrain de devenir plus utile pour le Cameroun que ne l’est le SDF, dont le chef, « Pâ » Fru Ndi est assis comme sur un trône dans sa ville natale, Bamenda.


 
Fru Ndi a-t-il jeté l’éponge?

Comme un poisson qui refuse de se mouiller, Pâ Fru Ndi attend tranquillement que les portes d’Étoudi lui soient ouvertes. La réalité politique a beaucoup changé depuis 90. Que ce soit le président Gbagbo en Côte d’Ivoire, Wade au Sénégal et le premier ministre Morgan Tshangarai au Zimbabwé, ils ont tous été soit fait prisonnier, soit bien chicoté ou soit contraint à l’exil. On ne reconnaît aucune de ses souffrances chez Pâ  Fru Ndi. Souvenez-vous que lors des marches des années 90, il avait fallu la pression des medias afin que Fru Ndi, accompagnés d’autres présidents des partis prennent la tête d’une marche à Yaoundé. 

 


Après quoi il a initié sans succès une marche qui devait partir de Bamenda à Yaoundé. Cette marche n’avait pas franchi les portes de la ville de Bamenda. Une autre tentative depuis Douala a également échoué. « Pâ » Fru Ndi, c’est à Yaoundé que cela se passe! Pour occuper l’espace médiatique qui vous est réservé, vous devez résider de façon permanente à Yaoundé. 

 


Fru Ndi un politicien ambigu et hors focus
 
Tantôt à droite, tantôt à gauche. On pourrait aussi bien dire « Go for Before, for back ». On ne peut pas vouloir être président du Cameroun en résident de façon permanente à Bamenda. De Bamenda à Yaoundé, il y a un bon trajet à parcourir. Et c’est sans doute cette distance que le leader naturel du SDF parcours depuis l’avènement du multipartisme au Cameroun en 1990. Car, comment comprendre qu’il ne parvient jamais à se prononcer sur des sujets brûlants comme l’éducation et la santé au Cameroun.


 
Les militants du SDF méritent mieux. Avant les législatives de 2005, compte tenu de nos observations sur le terrain et surtout de la lutte intestine au sein du SDF, nos prédictions optimistes donnaient une 20ènes  de sièges au parti de John Fru Ndi. Au finish ils sont 15 députés à l’assemblée nationale. Il ne faut pas oublier qu’avant 90, presque tous les politiciens camerounais étaient membres ou sympathisants du parti conservateur RDPC. Soit pour la prospérité de leurs affaires, soit pour leur carrière ou bien par idéologie. La nature humaine étant ce qu’elle est, aujourd’hui plusieurs frustrés du SDF retournent naturellement au RDPC, ce qu’on appelle en politique «Coucher dans le même lit que son adversaire».  D’ailleurs l’ex député SDF de Bafang Pierre Kwemo après son échec aux législatives de 2007 n’a-t-il pas appelé au secours M. Biya, président du RDPC ?

 


Un parti d’opposition avec un chef éclaboussé par une plainte pour homicide supposé ne peut rien gagner. Il est temps que le SDF change. Si non le parti n’aura rien appris des dernières élections au Gabon. La France-Afrique ne se laissera pas distraire.  Comme quoi Biya doit dormir tranquillement en se disant : « Pauvres camerounais, vous méritez-mieux que moi, mais pas Fru Ndi? ». En tout cas, il faut reconnaître que la nouvelle forme de colonisation et la tendance actuelle veut que les pays colonisateurs fassent tout pour maintenir au pouvoir des présidents faiblement élus afin de mieux contrôler les ressources du pays. Avec Fru Ndi comme candidat à la prochaine élection présidentielle, il ne faut rien espérer.

 

Martin Stéphane Fongang

Copyright ©  2009 www.icicemac.com

 Martin Stéphane Fongang  |  Yaoundé  ,  Cameroun   |  Publié le 21-09-2009



21/09/2009
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