Contentieux électoral: Jacques Fame Ndongo explique les manœuvres

Douala, 01 avril 2013
© Souley ONOHIOLO | Le Messager

Le temps d’un week-end pascal, sans avoir définitivement fait le deuil de la confirmation du rejet par la Cour suprême des deux listes du Rdpc en compétition dans les régions de l’Ouest et celle de l’Adamaoua, le secrétaire à la communication du comité central du Rdpc, fait feu de tout bois et ne tarit pas d’éloges à l’adresse de la démocratie telle que stérilisée par Paul Biya.

Mission terminée. La Cour suprême agissant en lieu et place du Conseil constitutionnel a dit le droit au cours d’une audience publique très courue. Entre autres décisions de rendue lors dudit contentieux préélectoral, le juge électoral a pour ce qui est du parti du flambeau, tranché la poire en deux ; en cassant purement et simplement la décision d’Elecam et en ordonnant par conséquent l’acceptation des listes pour les régions de l’Extrême Nord et l’Est. Le conseil a admis les irrégularités invoquées par Elecam, pour les cas des régions de l’Adamaoua et l’Ouest. Le plus curieux, c’est qu’alors qu’on attend les explications sur cette déchéance, les fins limiers du comité central du Rdpc, voient les choses autrement. «Les actes pris par la Cour suprême et par Elecam confirment, d’une part, l’indépendance de la magistrature dont le chef de l’Etat est le garant (en vertu de ses prérogatives constitutionnelles) et d’autres part, la neutralité d’Elecam. Ce fonctionnement rigoureux et libre participe des grandes réalisations du président Paul Biya qui a toujours préconisé la solidité, la transparence, la consolidation de notre démocratie et le fonctionnement exemplaire de nos institutions républicaines» affirme Jacques Fame Ndongo. Doit-on comprendre à lire le secrétaire à la communication du comité central du Rdpc, que les actes de faible ampleur démocratique (dans un pays où, on attend de véritables secousses dignes d’un séisme) de la Cour suprême et d’Elecam, font du Cameroun, un pays qui prépare une bonne transition politique et démocratique ; un pays qui est en train d’aseptiser, d’assainir les mœurs et la gouvernance économique et socioculturelle ?

Comme s’il pouvait en être autrement, sauf à confirmer la thèse d’un complot, Jacques Fame Ndongo explique comment son parti «prend acte, sans état d’âme, de la décision souveraine de la Cour suprême », au sujet des recours introduits. «Parti républicain, responsable et légaliste, le Rdpc respecte le verdict de la Cour suprême s’agissant notamment, des listes de l’Adamaoua et de l’Ouest qui ont été rejetées » poursuit le secrétaire à la communication du comité central du Rdpc. Même si l’on ne peut ni pleurer, ni en rire, la posture de Jacques Fame Ndongo n’est pas drôle. Les militants, conseillers municipaux de l’Adamaoua et du Nord-Ouest ont-ils été bien moulés dans le deal politique supposé ou réel ? Faut-il croire qu’ils acceptent cette élimination « arrangée » qui les met hors course, alors que beaucoup ont investi des faramineuses sommes d’argent pour arriver là ? Quelles seront les mesures de compensation, si Paul Biya veut continuer à susciter une émulation au sein de son parti le Rdpc?


Mot d’ordre de campagne

En plus de « vanter », à gorge déployée que le Rdpc s’inscrit dans la logique de la République exemplaire prescrite par le président de la République Paul Biya, tout en biaisant et en minimisant les 14 sénateurs des régions de l’Ouest et de l’Adamaoua, Jacques Fame Ndongo, s’empresse de démentir que le Rdpc a perdu l’enthousiasme et l’autoglorification. « Nos conseillers municipaux voteront dans les dix régions (y compris dans celles pour lesquelles nous n’aurons aucun candidat. Comme il est de coutume dans la pratique démocratique moderne, nos équipes chargées d’animer la campagne électorale dans les régions de l’Adamaoua, et de l’Ouest recevront, formellement, des consignes de vote émanant de M. le secrétaire général du comité central du Rdpc, le camarade Jean Nkuete » serine Jacques Fame Ndongo. Le secrétaire à la communication qui a tiré son épingle du jeu dans le Sud, n’est-il pas en train de « trahir » les accords entre le Sdf et le Rdpc; lesquels ont amené Ni John Fru Ndi à faire marche arrière?

D’ici là, on aperçoit un scénario bien huilé au détour duquel, le mot d’ordre dont parle Jacques Fame Ndongo, consistera à faire voter par les conseillers Rdpc, les listes du Sdf à un pourcentage et celle de l’Udc. Le Rdpc étant le seul maître du jeu de par son poids électoral, sera le faiseur soit d’une majorité Udc ou Sdf, un partage des sénateurs… Disqualifié de compétition pour les 14 sénateurs en lice dans les deux régions susmentionnées, le parti du flambeau qui prend le départ des premières élections sénatoriales au Cameroun, ne veut pas perdre la face. Bien plus, pour Jacques Fame Ndongo, « Pour ce qui est des huit régions, nous demandons naturellement à nos conseillers municipaux de voter massivement et sans équivoque les listes du Rdpc » conclut Jacques Fame Ndongo. La messe est dite…

Souley ONOHIOLO



01/04/2013
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