CONSTRUCTION DU SIÈGE DE LA CONAC : Koung à Bessike défie Philemon Yang

Source : Camer.Be 13 09 2016

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Huit mois après, la ministre des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières n’a toujours pas donné suite aux instructions du chef du gouvernement demandant de mettre à la disposition de la Commission nationale anti-corruption, un terrain pour bâtir ses bureaux.

Dans la lettre adressée le 23 juin 2016 à la ministre des Domaines, du Cadastres et des Affaires foncières (Mindcaf), le secrétaire général des services du Premier ministre (SG/PM) du Cameroun ne cache pas son agacement. «Affectation d’un terrain à la Commission nationale anti-corruption : relance N°4», écrit Magloire Séraphin Fouda en objet. Le corps de la correspondance, reçu au cabinet de Jacqueline Koung à Bessike un jour plus tard, tient en quelques lignes et s’achève sans formule de politesse: «En vous faisant tenir cijoint, thermocopie de la correspondance de référence du président de la Commission nationale anti-corruption (Conac) relative à l’objet repris à la marge, j’ai l’honneur de vous demander, pour la haute et complète information du Premier ministre, chef du gouvernement, de bien vouloir me faire connaitre la suite réservée à mes lettres antérieures relativement à la mise à disposition de la Conac, d’un terrain de 5 000 m2, que vos services auraient identifié pour la construction de son immeuble siège.»

 

Ultimatum

Pour comprendre l’irritation du SG/PM, il faut savoir que parmi les courriers antérieurs restés lettre morte, un, rédigé le 25 avril dernier et arrivée au cabinet du Mindcaf le 06 mai, sonne comme une sommation de Philemon Yang à Koung à Bessike : «Le Premier ministre, chef du gouvernement, me charge de vous demander de bien vouloir lui rendre compte, sous huitaine, des dispositions que vous avez prises pour mettre à la disposition de la Commission nationale anticorruption (Conac) le terrain, d’une superficie de 5. 000 m2, identifié par vos services pour lui permettre d’engager les études relatives à la construction de son immeuble siège.», y lit-on.

 

En plus, à en croire la Conac, les instructions du Premier ministre seraient elles-mêmes dictées par celles du président de la République. A l’issue d’une réunion interministérielle tenue sur le sujet à la Primature le 16 janvier, le président de l’institution de lutte contre la corruption saisit, cinq jours plus tard, le président de la République via son secrétariat général. Dans sa correspondance, Dieudonné Massi Gams, «souhaite vivement qu’il plaise à son excellence monsieur le président de la République, de bien vouloir instruire des démarches pour que (…) le Mindcaf fasse aboutir sa demande de terrain, en vue de la construction de son immeuble siège.» Et six jours après, les premières instructions de Philemon Yang à Koung à Bissike tombent. Elles restent sans suite.

 

Congé

Face à ce qu’elle qualifie de «silence curieux», la Conac porte l’affaire sur la place publique. Toute l’édition du samedi 20 août de son magazine d’informations dénommé «Espace Conac» et diffusé sur la CRTV, la radio publique, est entièrement consacrée à l’affaire. L’émission est d’ailleurs rediffusée le samedi suivant. A coup d’interview et de chronique, la ministre est accusée de «marquer le pas sur place» et de «bloquer » le processus malgré les instructions de sa hiérarchie. Dans les services du ministère des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières, sis au 5e étage de l’immeuble ministériel N°1, la démarche est mal appréciée : «Ce n’est pas par les medias qu’une institution devrait faire pression à une autre pour faire avancer son dossier. Il y a d’autres moyens.», peste un responsable.

 

Au quartier Golf où la Conac est en location après avoir déménagé du Palais des congrès de Yaoundé il y a quelques mois, on rétorque que ces moyens ont été épuisés. «Il fallait prendre l’opinion publique à témoin» estime un haut cadre. Ce dernier informe d’ailleurs, brandissant des lettres de mission, que Richard Evina Engolo et Jean Junior Alime, tous en service à la division des investigations de la Conac, ont tenté de rencontrer la ministre le 17 août en vain. L’autre raison de l’impatience de l’institution de lutte contre la corruption tient au fait qu’elle craint de perdre les crédits mises à sa disposition par le ministère de l’Economie de la Planification et de l’Aménagement du territoire pour la réalisation des études préalables au lancement des travaux de constructions proprement dits.

 

A la cellule de la communication du Mindcaf, on se montre surpris. «Du peu que je connaisse, depuis que je suis ici, madame le ministre n’a jamais badiné avec une instruction de sa hiérarchie. Je me souviens, qu’une fois, on a failli nous lyncher parce qu’on essayait de mettre en oeuvre, une de ces instructions.», plaide Guy Etoundi, le chef de cellule. Mais que se passe-t-il donc spécifiquement avec ce dossier ? Le fonctionnaire coupe cours : «Moi-même j’ai hâte de savoir. Malheureusement, le directeur des Affaires foncières et madame le ministre qui auraient pu nous éclairer sont tous en congés et hors du pays».

 

Chemin de croix

Voici près de cinq ans que la Conac est à la recherche d’un terrain pour la construction d’un immeuble siège. En effet, le 20 janvier 2012 l’organisme introduit auprès de la préfecture du Mfoundi, une demande sollicitant la mise à sa disposition «d’un terrain d’une superficie de deux hectares au lieudit Etoudi centre administratif, derrière la présidence de la République ». Dans sa correspondance, le président de la l’institution parle de la construction d’un siège comme d’une urgence.

 

 
Pour justifier cette urgence, Dieudonné Massi Gams égraine un chapelet de problèmes que pose les locaux de l’époque: risques d’insécurité et de violation de la confidentialité des dossiers du fait de la porosité de l’enceinte du Palais des congrès de Yaoundé; des nuisances sonores engendrées par les incessants évènements organisés sur le site ; des interruptions d’activités du fait de la sécurisation du site lors de la tenue de certains évènements et l’exiguïté du site. Malgré cela, les services préfectoraux se sont hâtés plus que lentement. C’est seulement le 04 juin 2013, soit un an quatre mois après l’introduction de la demande de la Conac, que le préfet du Mfoundi, Jean Claude Tsilla, prend l’arrêté instituant la commission départementale de choix du site. Après avoir reçu des services de la Commission nationale anti-corruption les 560 mille francs CFA demandés pour son fonctionnement, cette commission identifie un site au carrefour Etoudi qu’elle présente le 30 août de la même année au responsable de l’institution.
 

Puis, plus rien. Le 23 juillet de l’année suivante, lors d’une audience avec Mireille Abena Ossegue (épouse Noah Noah), 2e adjoint préfectoral et présidente de la commission départementale de choix du site, l’institution de lutte contre la corruption apprend «de façon informelle » que «d’après la délégation départementale du Mindcaf, le terrain retenu avait bien avant la Conac, été attribué au ministère des Postes et Télécommunications». Après avoir réécrit sans suite au préfet du Mfoundi, tour à tour le 1er août et le 13 novembre 2014, le président de la Conac pose le problème, le 04 février 2015, au gouverneur du centre, au ministre de l’Administration territoriale et de la Décentralisation et à celle des Domaines, du Cadastre et des Affaires foncières.

 

C’est alors que le 16 janvier 2016, la primature entre en scène en organisant une réunion interministérielle sur le sujet. A la suite du compte rendu qui en est fait, le 21 janvier, au président de la République par la Conac, le préfet du Mfoundi sort de sa léthargie. Comme pour se laver les mains, Jean Claude Tsilla, fait parvenir à la Conac, le 26 janvier, une copie de sa lettre adressée au Mindcaf avec avis favorable pour l’attribution du le terrain identifié au quartier Etoudi en 2013 à l’institution.

 

 
 

 



13/09/2016
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