Construction des logements: Le Cameroun veut maîtriser la filière de production des matériaux

Douala, 20 juin 2013
© Nadège Christelle BOWA | Le Messager

Cela part du désordre-augmentation des coûts de construction- observé dans les filières de production des logements. Une étude commandée par le Mindhu permet d’élaborer un document de travail afin d’aider les populations à bien construire et optimiser les opérations de construction.

Dans la production des logements au Cameroun, chacun y va de sa connaissance, de ses compétences parfois non avérées. Que ce soit le producteur des matériaux de construction, ou encore le technicien en charge desdits travaux. Il en résulte un désordre auquel le ministère de l’Habitat et du développement urbain (Mindhu) entend mettre un terme. Cela passe indique alors Norbert Hinman, directeur de l’architecture et des normes de l’habitat au sein du Mindhu, par la maîtrise de la filière de production des matériaux. L’objectif étant «qu’on construise bien, mieux qu’on arrive à construire juste. C’est-à-dire que cela ne devrait pas prendre plus de matériaux, plus de temps».

Pour ce faire, le gouvernement camerounais qui envisage avec l’appui de la Banque mondiale de formuler sa politique de l’habitat par l’élaboration d’un document de référence pour la période 2009-2019 a ordonné une étude. Identifiée en 2007 comme l’une des études concourant à la formulation de cette politique, cette dernière concerne la production et la disponibilité des matériaux de construction au Cameroun. Il s’agit de faire l’inventaire des produits disponibles, d’assurer une comparaison en termes économique, qualitatif et des conditions de mise en œuvre des matériaux traditionnels et locaux normalisés ; de faire des recommandations pour promouvoir l’utilisation des matériaux qui présentent le meilleur rapport qualité/prix.

L’étude suscitée s’est déroulée en trois phases et les résultats ont été présentés ce mercredi 19 juin 2013 à Yaoundé au cours d’une cérémonie présidée par Jean-Claude Mbwentchou, ministre de l’habitat et du développement urbain. Selon la première qui a consisté en l’inventaire des matières premières et produits disponibles pour la construction de logements « nous a édifiés sur le potentiel national en la matière ». Tandis que poursuit-il, la seconde phase qui a fait l’analyse des capacités des différentes filières intervenant dans la production des matériaux de construction a permis d’évaluer et d’identifier les différentes filières locales et la phase trois qui procède de l’analyse de la facilité de mise en œuvre en vue des mesures et stratégies idoines pour la production à grande échelle en se focalisant entre autres sur les différentes filières de production de logements, le cadre réglementaire y relatif et les coûts générés; le cycle de vie des matériaux des produits déterminés par leurs phases d’extraction, de fabrication, d’utilisation et de destruction.


Le transport, une sérieuse menace…

Parce que, soutient-on au Mindhu, le Cameroun regorge des matières premières qui peuvent être utilisées pour la fabrication et la production des matériaux de construction. Cependant un certain nombre d’obstacles limite leur exploitation maximale. Notamment : l’inégale répartition géographique des carrières ; l’exploitation artisanale du sable, l’existence d’un producteur local de ciment… d’après Norbert Hinman, on a constaté que la mauvaise utilisation du technicien, le transport aussi étaient un facteur de surcoût. Illustration ! La production des graviers inégalement répartie sur le territoire camerounais est assurée par 17 concessions permanentes d’exploitation des carrières du secteur formel. Si dans ce secteur, le prix de vente hors transport des granulats est supérieur ou égal à 1400F/T, dans celui de l’informel où la production est marginale et coûte deux fois moins cher. Le prix du sable généralement extrait des lits des rivières par les artisans, dans le secteur formel est en moyenne supérieur à 4000F/T. Ce qui est de 1,5 fois supérieur aux prix proposés par le secteur informel.

S’agissant du ciment, deux types sont vendus au Cameroun. Soit le ciment local fabriqué par Cimencam et les ciments importés par trois grands groupes (Fokou, Afrique Construction et Quiffeurou) qui contrôlent également le secteur de la distribution. Le rapport remarque que le coût (achat+ transport) de 50kg de ciment importé arrivé au port de Douala est de 1800Fcfa alors que son prix de vente au Littoral ou l’Extrême nord hors transport est 2,8 ou 4,8 fois plus élevé que le coût de ce produit rendu au port de Douala. « Les matériaux notamment ceux qui sont au niveau local n’était pas de bonne qualité pas dans le sens que nos produits ne sont pas bons mais peut-être que leur élaboration n’est pas encore au point. Quand bien même il y a des unités qui en font, ce n’est pas encore largement vulgarisé », déplore-t-il encore.

Nadège Christelle BOWA


21/06/2013
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