Consternation à Kolofata


Cameroun,Cameroon : Consternation à KolofataL’attaque de dimanche a fait 14 morts, l’on est toujours sans nouvelle des otages parmi lesquels l’épouse du Vice-PM Amadou Ali

La grande prière de fin de ramadan lundi à Kolofata était empreinte de tristesse et de recueillement. En lieu et place de l’ambiance festive qui devait clôturer 29 jours de pénitence, la ville de Kolofata reste plongée dans la consternation. Malgré l’impressionnant déploiement des forces de défense dans la localité, pleurs et lamentations continuent d’habiter les populations du chef-lieu de l’arrondissement de Kolofata victime d’une violente attaque des éléments de la secte Boko Haram vers les premières heures de dimanche dernier.

Le bilan de cette attaque brutale établi par les autorités de la région fait état de 14 morts et 17 otages. Le Vice-PM Amadou Ali rencontré à sa résidence dimanche dernier à Maroua reste visiblement très choqué par cette agression. Selon lui, c’est autour de 5h 30, après la prière de dimanche matin, que les assaillants évalués à plusieurs centaines et lourdement armés foncent à son domicile. Selon toute vraisemblance, les membres de la secte islamique pensaient l’y trouver. Or, Amadou Ali, arrivé à Maroua par vol la veille, c’est-à-dire samedi, a reporté son voyage pour Kolofata à la dernière minute.

Ainsi, il décide de faire partir les membres de sa famille répartis dans quatre véhicules. D’après Bouba Moussa, un témoin de cette scène, les assaillants ont demandé Amadou Ali, son épouse, les deux Américaines en service à l’hôpital de Kolofata et de l’argent. Malheureusement, ils ne trouvent que l’épouse du vice-PM. Dans l’affrontement avec les hommes en tenue, ils tuent sept personnes, parmi lesquelles le frère cadet du Vice-PM. Avant de quitter son domicile, ils kidnappent une dizaine de personnes dont l’épouse du Vice-PM et son garde de corps. Après ce forfait, les hors-la-loi se dirigent chez le Dr Seini Boukar Lamine, le Sultan, par ailleurs, maire de la commune de Kolofata.

Là, ils tuent quatre personnes et prennent en otage le maître des lieux et neuf membres de sa famille. Dans leur fuite, ils abattent un infirmier qui rentrait de garde et un homme. Au finish, après le passage de ces malfrats qui ont semé la terreur à Kolofata de 5h à 9h dimanche dernier, on compte : sept militaires et 1 civil blessés et évacués à Maroua, 4 véhicules du vice-PM, 01 véhicule de Viettel, 01 Land Cruiser du Bir emportés par les hors- la loi. Sans oublier que le domicile du vice PM a été totalement saccagé et brûlé. C’est d’ailleurs cet incendie qui a causé la mort de deux personnes, calcinées. D’après une source militaire, deux assaillants ont été tués et un grièvement blessé.

Selon le préfet du Mayo-Sava, Babila Akaou, il s’agit du grand banditisme. « C’est un groupe de malfrats sous l’étiquette de Boko Haram qui cause l’insécurité transfrontalière », observe-t-il. Se prononçant à ce sujet lundi lors de la prière de fin de ramadan, le gouverneur de la région de l’Extrême-Nord Midjiyawa Bakari a demandé à la population de ne pas paniquer d’avoir foi au gouvernement de la république. « Des renforts sont arrivés et d’autres arrivent encore pour assainir la région et mettre fin à l’action de Boko Haram », révèle-t-il.

L’attaque de Kolofata survient à la veille de la fête du ramadan. D’après une tradition perpétrée depuis plusieurs années, le Vice-PM Amadou Ali célèbre cette fête avec les siens au village. Tout laisse donc croire que les assaillants étant au courant de toutes ces informations ont voulu lui tendre une embuscade. Autant qu’ils étaient parfaitement renseignés sur la présence de quatre éléments du Bir postés dans la localité en attente de la relève qui devrait arriver.

Cette attaque de Kolofata survient après une série d’autres attribuées aux insurgés de la secte Boko Haram. Jeudi dernier, 22 membres de cette nébuleuse ont été condamnés lors d’une audience publique spéciale qui s’est tenue de 9h à 19h au Tribunal militaire de Maroua. Selon cette juridiction, les prévenus ont été inculpés pour quatre catégories d’infractions à savoir : détention et port illégaux d’armes, de minutions et autres matériels militaires, vol avec port d’armes à feu, préparatifs dangereux à l’insurrection et insurrection. Cinq dossiers étaient sur la table.

Le dossier-phare concernait 14 inculpés avec le nommé Djidda Hassana comme chef de file. Ce groupe détenait une cache d’armes découverte en mars dernier à Goulfey, une localité située dans le département du Logone-et-Chari. L’arsenal comprenait entre autres 239 kalachnikovs, 6000 minutions de calibres variés, des mortiers, des canons, des PA, des mitrailleuses, des lance-roquettes. Ils ont été condamnés à des peines allant de 2 ans à 20 ans ferme.

© Cameroon Tribune : Grégoire DJARMAILA


29/07/2014
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