Deux
ans après la marche solitaire du président, Mgr Joseph Befe Ateba et un
an après la réorganisation du Conseil national de la communication
(Cnc), à quelques exceptions près, il se dégage dans le profil des
nouveaux visages qui vont siéger dans cet organe de régulation, la ferme
intention pour le président de la République Paul Biya de continuer à
cristalliser la vie politique autour de lui.
Ils sont tous là. Le Conseil national de la communication affiche
complet avec la désignation des huit membres sur les neuf que compte
l’organe de régulation. Vendredi dernier, Paul Biya est sorti de son
sommeil habituel, pour signer des décrets y afférents. Et du coup, le
président, Mgr Joseph Befe Ateba, qui semblait confus et perdu dans
cette « affaire », a de la compagnie. L’on espère qu’il ne s’agit pas
d’un coup de pub ; en réaction à la controverse et à l’absence d’une
communication efficiente, offensive et efficace, suite au kidnapping des
sept touristes français dans la partie septentrionale du pays.
Mais si les décrets présidentiels viennent combler un vide, faut-il
commencer à rêver de voir cet organe prendre effectivement du travail
dans la régulation et la sanction des dérives, désagréments, les actes
d’antijeu et les tacles (irréguliers et parfois par derrière) dont on
accuse les médias camerounais d’être responsables ? Doit-on commencer à
sourire ou à espérer qu’enfin, arrive un nouveau printemps dans
l’univers communicationnel camerounais?
Lorsque l’on connaît l’homme Paul et les affidés du régime du Renouveau,
peut-on croire que les nouveaux membres désignés, pour ceux qui
jouissent encore d’une certaine crédibilité auprès de leurs pairs, ne
vont pas être facilement phagocytés ? Sinon ne vont-ils pas se retrouver
happés par la spirale de l’inertie et l’indolence ? Le choix pour le
président Paul Biya d’étouffer la composition de ce conseil avec des
hommes « espiègles » ne va pas fatalement transformer cette structure en
un « Simple machin » ou en un gadget comme tant d’autres mis en place
par le régime pour montrer patte blanche à la Communauté internationale.
On jugera le maçon au pied du mur, se hâtent de dire certaines langues.
C’est vrai qu’on ne saurait non plus faire un procès au vice président
Peter Essoka, le Sg Jean Tobie Hond, les autres membres que sont :
Suzanne Kala Lobe, Nadine Machikou Ngameni, Alfaki Abdourahman,
Jean-Claude Ottou, Charly Ndi Chia, Christophe Bobiokono, Jean Bruno
Tagne. Mais quand même. A la lecture de cette liste, l’on se rend compte
de la lésion ou de l’omission dont sont victimes les autres métiers de
la communication.
Peut-on valablement trouver dans cette composition
des représentants des métiers comme : la publicité, le marketing, les
relations publiques, l’édition et la presse cybernétique. L’autre «
oubli » est certainement, l’absence de justesse et d’équité dans la
représentativité. Alors que deux responsables de l’Ujc font parties des «
heureux élus », il n’y a aucune trace de quelques hauts responsables
des syndicats des journalistes et autres… Côté audiovisuel, les rares
membres présents à cet organe, sont des journalistes qui ne sont plus en
fonction et qui sont pour la plupart à le retraite.
Faire élire les responsables par les pairs
Les professionnels de la communication que nous avons rencontrés,
restent unanimes que la désignation des membres au Cnc, doit obéir à des
critères de représentativité et d’élection. Il s’agit du tribunal des
différentes corporations communicationnelles ; pour y siéger, il faut
l’adoubement des pairs et non la désignation par décret que l’on sait
essentiellement discrétionnaire.
Mais l’on vu et mesuré les positions et les sorties du nouveau Sg du
Cnc, surtout quand il fallait venir en aide au ministre Issa Tchiroma ou
quand il fallait arrondir les angles de certaines bourdes, incongruités
et incohérences du Renouveau.
Faut-il croire que le nouveau Sg qui est fortement
marqué et formaté par l’esprit administratif, saura s’en détacher;
quand bien même la ligne rouge serait franchie ? Ne va-t-il pas se
positionner en bourreau au sein de ce conseil ? Pour bien accomplir son
rôle d’organe consultatif, mais surtout ses missions de régulation avec
pouvoir de sanction, le Cnc doit être libre et financièrement
indépendant.
Au besoin, le budget du Cnc, doit être débattu à l’Assemblée nationale,
car s’il reste dépendant du « coup de tête » ou de la magnanimité de qui
que ce soit, il pourrait être réduit à produire un travail qui
ressemblerait à une mission de « chasse à l’homme » aux élans occultes,
dont l’objectif serait de servir certains intérêts au détriment des
autres. Le Cnc pour être un bon arbitre doit aider à la redynamisation
des associations et les syndicats des métiers de la communication.
Mieux encore, dans le contexte actuel marqué par
l’impécuniosité, l’insuffisance des ressources matérielles et
financières, pour une communication saine, le rôle du Cnc devrait être
également celui d’appeler le gouvernement à débloquer les financements
adéquats au titre de la subvention des métiers de la communication.
Le Cnc est également attendu sur le terrain de la délivrance des
licences aux entreprises de l’audiovisuel afin que cesse le « spectre »
de la tolérance administrative. L’organe que dirige Mgr Joseph Befe
Ateba, est également attendu sur le chantier de la régulation des médias
à capitaux publics, qui sont comme on le sait, à la solde des pouvoirs
publics, qui chantent à longueur de journée, la gloire pour l’éternité
du régime du Renouveau. L’exemple patent est le générique des éditions
des journaux parlés en français et en anglais au poste national.