Conseil des Ministres: Entre les lignes,.... Un nouveau Gouvernement

YAOUNDE - 11 DEC. 2014
© Repères

 

Cela ne devrait plus être qu’une question de jours. Le risque que nous prenons à annoncer l’imminence du prochain gouvernement peut se révéler énorme au regard des « feintes » passées du chef de l’Etat.

 

 

Pourtant, au cours du conseil des ministres du 9 décembre, Paul Biya n’a pas été équivoque sur l’avenir de son gouvernement actuel. A son Premier ministre, les témoins racontent qu’il a dit : «Merci pour le travail accompli. Je vous demande de rester disponible pour la République.» Le plan national d’urgence pour le développement (PNUD) de trois ans avec 1 000 milliards de financement ne sera-t-il donc pas mis en œuvre par le gouvernement Yang ? Des sources généralement bien informées soufflent que le chef de l’Etat a longuement reçu le Premier ministre la semaine dernière à Etoudi. Et que Paul Biya a peaufiné son plan national d’urgence pour le développement avec le prochain ministre de l’Economie. Qui ? Motus et bouche cousue.

Tout cela accrédite la thèse d’un remaniement ministériel. Formé le 9 décembre 2011, le gouvernement actuel détient déjà un record de longévité, soit trois ans. Etonnant au regard des critiques et procès en incompétence qui lui ont été adressés, y compris par le chef de l’Etat lui-même, qui ne s’était pas gêné pour le fustiger le 31 décembre 2013. Ce gouvernement a même réussi l’incongruité politique de traversé des élections législatives sans être renouvelé. Nommé le 30 juin 2009, Philemon Yang a aussi atteint le seuil de fin de mandat des Premiers ministres sous Paul Biya, le record étant détenu par Peter Mafany Musonge, resté quasiment huit à l’immeuble Etoile. Les autres avaient tenu moins de cinq ans (Sadou Hayatou, Simon Achidi Achu et Ephraim Inoni).

Le projet de loi de finances a déjà été défendu par l’équipe en place et adopté par l’Assemblée nationale, et le sera aussi dans les prochaines heures par le Sénat. Enfin, Paul Biya a un bilan à présenter dans son discours de l’Etat de la nation le 31 décembre. Il y a un an, à la même occasion, il avait demandé à son gouvernement un plan d’urgence de relance économique. Ce plan n’était intervenu que quatre mois plus tard – en avril 2014. Les témoins rapportent que le Président a, au cours d’une cérémonie, dit à son ministre de l’Economie, Emmanuel Nganou Djoumessi que « son » plan d’urgence n’était pas bon. « Je ne veux plus en entendre parler », avait balancé Paul Biya, le dos tourné. De fait, ce plan d’urgence avait été fortement critiqué pour son manque d’audace et sa faiblesse d’innovation. Le chef de l’Etat redoute de devoir douze mois plus tard venir vendre la même idée, avec le même gouvernement, au risque de ne pas être pris au sérieux.

 

Un conseil des ministres en guise d’au revoir n’est pas dans les habitudes de Paul Biya. L’homme, comme un félin, aime frapper quand sa victime a le dos tourné. Il a passé sa vie à surprendre son monde, au point d’annuler des rendez-vous de longue date simplement parce qu’ils avaient fuité. De plus, quel intérêt de parler d’avenir à une équipe dont on se prépare à se séparer de quelques membres ? Seulement, pour qui est habitué à la gouvernance du traquenard du Président, tout est possible, et même son contraire. Une chose est certaine, le chef de l’Etat soumet ses ministres à une épreuve de nerfs en ces temps pourtant enchanteurs de Noël.

 

Quoi qu’il en soit, le Président vient encore de clairement montré où est la priorité. Convaincu qu’il peut contenir Boko Haram à défaut de l’éradiquer, Paul Biya veut appuyer sur l’accélérateur pour les trois dernières années de son septennat. Il veut mettre 1 000 milliards sur la table, grâce à un financement des banques privées camerounaises et étrangères, en plus des 1 150 milliards votés par le parlement au titre du budget d’investissement public 2015 et des fonds d’investissement des entreprises publiques… et des collectivités locales, soit 1 000 autres milliards en 2014 et probablement plus en 2015. On attend d’avoir les détails.

 

Du pied de Nkolnyada, le salon de l’entreprise répond en écho à Etoudi. Ce désir de croissance exprimé par le gouvernement ne se réalisera pas uniquement par des investissements massifs de l’Etat dans les infrastructures routières, l’agriculture, le développement urbain, l’eau et l’énergie. Mais surtout en plaçant l’entrepreneuriat privé au cœur des politiques publiques, car c’est lui le vrai vecteur de croissance économique et le porteur d’emplois. Paul Biya se rendrait en visite surprise dans ce concentré d’entreprises qu’est Promote qu’il serait logique avec lui-même. Malheureusement, même le Premier ministre n’a pas fait le déplacement du palais des Congrès pour la cérémonie officielle d’ouverture de ce salon unique en Afrique subsaharienne.

 

 



12/12/2014
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