Conseil d’administration de la Scdp: Controverse autour de la nomination de Jean Fabien Monkam - Frustration chez les Sawa ?
DOUALA - 20 AOUT 2013
© Jean François CHANNON | Le Messager
© Jean François CHANNON | Le Messager
Le haut cadre du Rdpc, conseiller du
secrétaire général du Comité central qui a été récemment nommé président
du conseil d’administration de la Société camerounaise des dépôts
pétroliers (Scdp), en plus d’être déjà président du conseil
d’administration du Bucrep, fait face à des contestations tous azimuts
sur les nouvelles fonctions que vient de lui confier le chef de l’Etat.
Désormais, Jean Fabien Monkam entre dans le cercle des cumulards de la République. Déjà nommé il y a quelques années président du conseil d’administration du Bureau central de recensement des populations (Bucrep), le haut cadre et une des grandes mémoires du Rassemblement démocratiques du peuple camerounais (Rdpc) vient de bénéficier d’une autre confiance de Paul Biya, à travers la signature du décret présidentiel qui fait de lui le nouveau président du Conseil d’administration de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp). Ce démographe de formation remplace à ce prestigieux poste tant convoité au sein du sérail, monsieur Ibrahim Talba Malla, actuel directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara). Ibrahim Talba avait remplacé feu Bernard Moudio, décédé il y a 15 ans de cela. Etant le plus ancien des administrateurs au moment du décès de Bernard Moudio, Ibrahim Talba Malla avait été propulsé à la tête du conseil d’administration, pour assumer les fonctions de président par intérim dudit conseil. Une fois à la tête de la Csph, il y avait été maintenu, jusqu’à sa nomination récente comme directeur général de la Sonara. En fait, ne pouvant plus être juge et partie, la Sonara étant le fournisseur primordial de la Scdp, le président de la République a donc pensé le faire remplacer. D’où la nomination récente d’un nouveau Pca en la personne de Jean Fabien Monkam Nitcheu.
Frustration chez les Sawa ?
Seulement voilà : le choix de Jean Fabien Monkam ne semble pas faire l’unanimité. Car le nouveau Pca de la Scdp, déjà vivement critiqué par de nombreux militants du Rdpc, de la base au sommet, qui l’accusent à tort ou à raison, entre autres, d’être l’homme qui aura principalement orchestré les investitures tumultueuses et les falsifications des listes des candidats du parti au pouvoir aux élections municipales et législatives du 30 septembre prochain, voit maintenant sa nouvelle nomination soumise à un certain nombre de diatribes. La plus en vue, (en dehors de celles émanant de ses nombreux ennemis politiques au sommet et à la base du Rdpc) est celle qui vient de la Communauté Sawa. On se souvient que plusieurs années après la mort de Bernard Moudio, fils de la communauté Sawa dans le Littoral, qui assumait alors les fonctions de Pca de la Scdp, et alors que le poste restait ainsi désespérément vacant, plusieurs années après son décès, des patriarches Sawa bien identifiés, avaient entrepris de saisir le chef de l’Etat par une note confidentielle. Ceux-ci lui demandaient alors de bien vouloir continuer à faire confiance à un fils de la Communauté Sawa pour ce qui est de la nomination du prochain Pca de la Scdp.
Des noms des fils Sawa tels que Thomas Tobbo Eyoum, ou encore Ebenezer Njoh Mouelle entre autres, avaient même été avancés. Mais finalement, depuis l’Europe où il se trouve depuis le 5 août 2013, « en courte visite privée » (selon la formule consacrée) Paul Biya a préféré porter son choix sur Jean Fabien Monkam. D’où cette frustration d’un dignitaire Sawa joint au téléphone par Le Messager : « Sans vouloir absolument contester l’acte régalien du chef de l’Etat et discrétionnaire, nous pensons que le choix de Monkam Jean Fabien n’était pas des plus judicieux. Disons que si le président s’est senti quelque peu gêné par les sollicitudes des Sawa, et a préféré satisfaire à mi-parcours les hommes qui travaillent au secrétariat général du Comité central du Rdpc, nous pensons qu’il y avait lieu de faire un autre choix que celui de Jean Fabien Monkam qui va ainsi cumuler deux fonctions de présidents de conseil d’administration des sociétés d’Etat. Alors que nous voyons bien qu’il y a d’autres hauts cadres tels que Paul Célestin Ndembiyembe, Maurice Bayemi, Tomdio Michel et bien d’autres qui sont des fidèles du Rdpc et du président Biya et qui tirent le diable par la queue pendant que d’autres cumulent ».
Le lobbyiste Olivier Mangan, fils Sawa lui aussi, et très introduit au sein du landernau politique camerounais est encore plus virulent sur cette nomination de Jean-Fabien Monkam comme Pca de la Scdp : « Je suis presque convaincu que ce sont les réseaux qui ont induit le chef de l’Etat en erreur. Ceci parce que même si le président de la République n’a pas voulu obéir à ce remplacement numérique que la communauté Sawa espérait, la nomination de Jean Fabien Monkam pose des problèmes. Non seulement il va désormais avoir à lui seul deux fonctions de Pca, mais aussi dans sa famille son jeune frère direct, le nommé Bernard Yossa, qui a été relevé de ses fonctions de préfet du Mayo-Kani, il y a environ 7 ans, a été nommé récemment directeur général adjoint de la Société de recouvrements du Cameroun (Src), au grand étonnement de tout le monde. Quand on sait que le même Jean Fabien Monkam assure déjà les fonctions de président du conseil d’administration du Bucrep, on se demande s’il n’y a pas d’autres Camerounais capables d’occuper de telles fonctions». Et de poursuivre la main sur le cœur : « En tout cas moi, Oliver Mangan, j’estime que à presque 50 ans, je suis à mesure d’assumer une telle fonction et servir mon pays avec abnégation».
Face à ce faisceau de diatribes, Le Messager a tenté en vain d’avoir une réaction de Jean Fabien Monkam. Son téléphone qui a pourtant longuement sonné à plusieurs reprises n’a pas été décroché. Mais un de ses proches que nous avons joint au téléphone au eu ce commentaire : « Monsieur Monkam ne commentera pas les commentaires». Ainsi va l’ère du Renouveau avec ses réflexes régionalistes voire villagistes qui exposent le Cameroun au syndrome de somatisation.
Jean François CHANNON
Désormais, Jean Fabien Monkam entre dans le cercle des cumulards de la République. Déjà nommé il y a quelques années président du conseil d’administration du Bureau central de recensement des populations (Bucrep), le haut cadre et une des grandes mémoires du Rassemblement démocratiques du peuple camerounais (Rdpc) vient de bénéficier d’une autre confiance de Paul Biya, à travers la signature du décret présidentiel qui fait de lui le nouveau président du Conseil d’administration de la Société camerounaise des dépôts pétroliers (Scdp). Ce démographe de formation remplace à ce prestigieux poste tant convoité au sein du sérail, monsieur Ibrahim Talba Malla, actuel directeur général de la Société nationale de raffinage (Sonara). Ibrahim Talba avait remplacé feu Bernard Moudio, décédé il y a 15 ans de cela. Etant le plus ancien des administrateurs au moment du décès de Bernard Moudio, Ibrahim Talba Malla avait été propulsé à la tête du conseil d’administration, pour assumer les fonctions de président par intérim dudit conseil. Une fois à la tête de la Csph, il y avait été maintenu, jusqu’à sa nomination récente comme directeur général de la Sonara. En fait, ne pouvant plus être juge et partie, la Sonara étant le fournisseur primordial de la Scdp, le président de la République a donc pensé le faire remplacer. D’où la nomination récente d’un nouveau Pca en la personne de Jean Fabien Monkam Nitcheu.
Frustration chez les Sawa ?
Seulement voilà : le choix de Jean Fabien Monkam ne semble pas faire l’unanimité. Car le nouveau Pca de la Scdp, déjà vivement critiqué par de nombreux militants du Rdpc, de la base au sommet, qui l’accusent à tort ou à raison, entre autres, d’être l’homme qui aura principalement orchestré les investitures tumultueuses et les falsifications des listes des candidats du parti au pouvoir aux élections municipales et législatives du 30 septembre prochain, voit maintenant sa nouvelle nomination soumise à un certain nombre de diatribes. La plus en vue, (en dehors de celles émanant de ses nombreux ennemis politiques au sommet et à la base du Rdpc) est celle qui vient de la Communauté Sawa. On se souvient que plusieurs années après la mort de Bernard Moudio, fils de la communauté Sawa dans le Littoral, qui assumait alors les fonctions de Pca de la Scdp, et alors que le poste restait ainsi désespérément vacant, plusieurs années après son décès, des patriarches Sawa bien identifiés, avaient entrepris de saisir le chef de l’Etat par une note confidentielle. Ceux-ci lui demandaient alors de bien vouloir continuer à faire confiance à un fils de la Communauté Sawa pour ce qui est de la nomination du prochain Pca de la Scdp.
Des noms des fils Sawa tels que Thomas Tobbo Eyoum, ou encore Ebenezer Njoh Mouelle entre autres, avaient même été avancés. Mais finalement, depuis l’Europe où il se trouve depuis le 5 août 2013, « en courte visite privée » (selon la formule consacrée) Paul Biya a préféré porter son choix sur Jean Fabien Monkam. D’où cette frustration d’un dignitaire Sawa joint au téléphone par Le Messager : « Sans vouloir absolument contester l’acte régalien du chef de l’Etat et discrétionnaire, nous pensons que le choix de Monkam Jean Fabien n’était pas des plus judicieux. Disons que si le président s’est senti quelque peu gêné par les sollicitudes des Sawa, et a préféré satisfaire à mi-parcours les hommes qui travaillent au secrétariat général du Comité central du Rdpc, nous pensons qu’il y avait lieu de faire un autre choix que celui de Jean Fabien Monkam qui va ainsi cumuler deux fonctions de présidents de conseil d’administration des sociétés d’Etat. Alors que nous voyons bien qu’il y a d’autres hauts cadres tels que Paul Célestin Ndembiyembe, Maurice Bayemi, Tomdio Michel et bien d’autres qui sont des fidèles du Rdpc et du président Biya et qui tirent le diable par la queue pendant que d’autres cumulent ».
Le lobbyiste Olivier Mangan, fils Sawa lui aussi, et très introduit au sein du landernau politique camerounais est encore plus virulent sur cette nomination de Jean-Fabien Monkam comme Pca de la Scdp : « Je suis presque convaincu que ce sont les réseaux qui ont induit le chef de l’Etat en erreur. Ceci parce que même si le président de la République n’a pas voulu obéir à ce remplacement numérique que la communauté Sawa espérait, la nomination de Jean Fabien Monkam pose des problèmes. Non seulement il va désormais avoir à lui seul deux fonctions de Pca, mais aussi dans sa famille son jeune frère direct, le nommé Bernard Yossa, qui a été relevé de ses fonctions de préfet du Mayo-Kani, il y a environ 7 ans, a été nommé récemment directeur général adjoint de la Société de recouvrements du Cameroun (Src), au grand étonnement de tout le monde. Quand on sait que le même Jean Fabien Monkam assure déjà les fonctions de président du conseil d’administration du Bucrep, on se demande s’il n’y a pas d’autres Camerounais capables d’occuper de telles fonctions». Et de poursuivre la main sur le cœur : « En tout cas moi, Oliver Mangan, j’estime que à presque 50 ans, je suis à mesure d’assumer une telle fonction et servir mon pays avec abnégation».
Face à ce faisceau de diatribes, Le Messager a tenté en vain d’avoir une réaction de Jean Fabien Monkam. Son téléphone qui a pourtant longuement sonné à plusieurs reprises n’a pas été décroché. Mais un de ses proches que nous avons joint au téléphone au eu ce commentaire : « Monsieur Monkam ne commentera pas les commentaires». Ainsi va l’ère du Renouveau avec ses réflexes régionalistes voire villagistes qui exposent le Cameroun au syndrome de somatisation.
Jean François CHANNON