Conquête du pouvoir en Afrique: La démocratie des armes

Douala, 02 avril 2013
© Igor Bilep | L'Indépendant

Comme le veut la loi du kharma, ceux qui accèdent à la magistrature suprême par la sédition, quittent toujours le pouvoir par la force des munitions. Le continent africain en est une parfaite illustration.

Même les fins tacticiens de la guerre qui planifient les débuts des conflits, ne sauraient avec exactitude, à quel moment ils peuvent se terminer. La guerre, c'est comme des vagues de Tsunami qui n'épargnent pas les capitaines des bateaux. Quand elle ne trouve pas généralement une issue rapide, elle finit par devenir un lourd fardeau pour ceux où celui qui a déclenché les hostilités. Comme nous l'enseigne l'histoire de la deuxième mondiale, avec un escogriffe nommé Hitler qui voulait conquérir et soumettre le monde à ses pieds. La fin, tout le monde la connait, des étudiants des grandes universités aux cueilleurs de vin de palme des villages les plus reculés du Cameroun...

La conquête du pouvoir par les armes n'est plus une spécialité typiquement militaire, comme il y a deux ou trois décennies quand généraux, colonels et audacieux capitaines s'emparaient du pouvoir et le confisquaient sans crainte de représailles.

Ange Rajoelina à Madagascar aujourd'hui, Hisseine Habré au Tchad, David Dacko en Centrafrique hier, sont arrivés au pouvoir avec la force des armes et en sont repartis de la même manière. Concernant justement la Centrafrique, l'on peut dire que la tradition d'alternance au sommet de l'Etat par les armes, vient d'être respectée avec la fuite de François Bozizé qui dix ans plus tôt, a chassé le pauvre Ange Félix Patassé. Mais pendant ses dix ans de règne dans son pays, Bozizé a commis la même erreur qui est commune chez les putschistes, celle-là même qui avait entraîné l'inusable Général Guéi à la perdition en Côte d'Ivoire, c'est-à-dire, organiser comme des civils, des parodies d’élections, s’autoproclamer vainqueur en montrant les biceps à ceux qui crient à la fraude...

Pour justifier leurs ambitions du pouvoir, ceux qui utilisent les armes pour le conquérir, évoquent généralement le caractère corrompu des régimes renversés, leur non-respect des droits de l'homme et la confiscation de la démocratie pour faire pire, quand ils s'installent aux affaires...
Orgueil ou imbécilité?

Bozizé qui a chassé Antoine Tsimi qui, en sa qualité de Secrétaire exécutif de la CEMAC, n'avait pas de comptes à lui rendre, a cru que ses pitreries devant les rebelles déchaînés allaient l'aider à se maintenir au pouvoir. En voulant jouer à la montre et à la diversion en se cachant derrière les forces dissuasives de la CEMAC déployées pour arrêter la progression des rebelles, et trouver une issue négociée, il est tombé sac et arme dans son propre piège.

Orgueilleux et imbu de lui-même, Bozizé a sans doute oublié qu'il était un piètre politicien qui comptait sur une armée médiocre. Il n'a pas en aucun moment pensé à la chute des puissants comme Hosni Moubarak, Ben Ali ou Mouammar Kadhafi, même si le contexte n'était pas toujours le même. La porte de sortie honorable lui était pourtant ouverte avec son retrait négocié en 2015 à Libreville. Mais dans sa logique de protection d’un pouvoir illégitime par les armes, il a fait appel aux troupes sud-africaines en exaspérant au passage son parrain tchadien, et tous les Chefs d'Etat de la sous-région.

Ses tombeurs devraient by Text-Enhance">commencer à préparer aussi leur départ forcé. Tous les ingrédients semblent réunis pour un rapide éclatement de leur coalition.


A qui le tour?

Ceux qui sont arrivés au pouvoir grâce aux coups d'Etat doivent s'attendre au même scénario. Sassou Nguesso, Idriss Deby, Obiang Nguéma, Joseph Kabila, Blaise Compaoré, pour ne citer que ceux-là, comptent peut-être sans le savoir leurs derniers jours au pouvoir, même s'ils donnent l'impression d'être puissants et indéracinables actuellement...

Ils sont condamnés à quitter le pouvoir par les armes, toujours est-il qu'ils ne peuvent pas partir par les urnes et qu'ils privilégient la force au dialogue. Le Cameroun est le chemin de raccourci pour l'exil...


07/04/2013
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