Congrès du RDPC et du SDF
Douala - 06 Septembre 2010 © Frédéric Boungou / Donat Suffo | Le Messager |
Alors que le RDPC s'interroge sur la qualité de son congrès : ordinaire ou extraordinaire, le SDF vient de reporter le sien au mois de Février 2011
Congrès : ordinaire ou extraordinaire Le RDPC dos au mur…
Au terme de ses concertations avec ses camarades du comité central, René Emmanuel Sadi a-t-il réussi à exorciser les démons de la délation, du complot ou simplement d’incompréhension qui plombaient le climat au sein du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (RDPC), parti au pouvoir au Cameroun ? Au lendemain de ces travaux, d’aucuns tentent de justifier cette démarche plutôt inédite qui a semblé convaincre en dehors du parti du malaise qui couvait jusque-là au sein RDPC : « De manière constructive, c’est bien que le secrétaire général rencontre la base et le sommet du parti, surtout à la veille d’une importante échéance comme la présidentielle », explique un militant. Certes, « mais si au niveau de la base, cela respecte les contours juridiques, la rencontre avec les membres du comité central pose quelques problèmes. Cela donne au moins l’impression d’un réveil tardif, d’un replâtrage », nuance un autre. Le discours officiel convenu affirme pour sa part que les échanges auront été directs et on observe que le linge sale, contrairement aux habitudes passées, n’a pas été lavé en public.
Pour autant, René Emmanuel Sadi en sort-il conforté ? L’un de ses mérites est sans doute d’avoir pu conduire, avec un relatif succès, cet exercice délicat où rien n’était gagné d’avance tant les rancœurs entre camarades étaient grandes, les ambitions des uns et des autres exacerbées au plus haut point et, l’autorité même du Sg combattue à défaut d’être contestée jusque parmi ses plus proches collaborateurs. Dans cette perspective, le président national aurait eu le nez creux en permettant à René Sadi de ramener la discipline chez certains militants qui avaient tendance à prendre le Sg de haut. « Cette démarche permet d’assainir un climat devenu passablement délétère et de désamorcer de nombreux traquenards », reconnaît une source introduite. A contrario, l’actuel Sg qui vient ainsi d’être adoubé par ses camarades du comité central sort plutôt exposé de ces consultations. « Si hier il pouvait faire semblant, aujourd’hui après le président national, il apparait comme le vrai patron autour de qui tout devrait se construire, et dans cette posture, il ne manquera pas de prendre les coups des ambitieux et hypocrites qui pullulent au sein du parti », analyse un observateur averti du Rdpc.
Financement
Conforté par ces consultations, René Sadi semble désormais disposer de coudées franches pour gérer le parti. L’un des dossiers les plus urgents concerne notamment la question du congrès du parti. Sera-t-il ordinaire ou extraordinaire ? Les enjeux sont cruciaux : renouveler le mandat de son président national (candidat du parti à l’élection présidentielle selon l’article 27 alinéa 3 des statuts, ndlr) qui expire le 20 juillet 2011, c’est-à-dire à quelque deux mois de la prochaine présidentielle et le mandat des instances dirigeantes du parti (bureau politique et comité central) échu depuis neuf (09) ans. Or, selon l’estimation d’un militant averti, l’organisation d’un congrès ordinaire nécessitait environ 4 milliards Fcfa pour trois jours de travaux il y a une dizaine d’années. Le parti ne comptait alors que 64 sections contre 284 actuellement dont plusieurs à l’extérieur du pays. Ce qui implique qu’il faille au moins doubler le budget de 4 milliards Fcfa. Problème, les militants cotisent peu et le parti survit grâce au financement public du reste très en deçà pour supporter l’organisation de telles assises.
A moins de puiser dans la fortune publique dont on sait par ailleurs que les gestionnaires se montrent aujourd’hui circonspects au regard du sort réservé par des « mécènes » dont certains croupissent aujourd’hui en prison dans le cadre de l’opération Epervier. Alors question, qui va financer? De ce point de vue, le congrès extraordinaire apparaît donc plus stratégique et facile à tenir financièrement en cette période de vaches maigres. Mais voilà, le choix autant que l’agenda relèvent de la prérogative exclusive du président national et personne ne peut se prononcer sur la date. « Mais je pense que si on va vers un congrès extraordinaire qui va modifier les textes du parti, ça pourrait être autour de fin octobre ou dans la période du 2 au 4 novembre 2010… », se risque néanmoins une source généralement bien informée.
Le congrès du SDF reporté pour 2011
« La situation qui prévaut actuellement au pays, notamment le problème Elecam, etc., font que nous ne pouvons pas combattre sur deux fronts en même temps ; voilà la raison fondamentale du report », a déclaré Béatrice Annembom Munjo, secrétaire à la communication du Social democratic front (SDF), à la presse pour justifier le report du congrès national électif de ce parti pour les 18, 19 et 20 février 2011 à Bamenda. Congrès qui était initialement programmé pour le mois d’octobre 2010. Par ailleurs a-t-elle poursuivi, ce congrès de 2011 sera à la fois ordinaire et extraordinaire. Il constituera le forum de renouvellement du comité exécutif national (NEC) mais aussi et surtout elle désignera le candidat du parti à l’élection présidentielle de 2011.
La rencontre de samedi dernier a permis aux membres du NEC de radicaliser leur position contenue dans le mémorandum en 11 points diffusé par voie de presse la semaine dernière concernant ELECAM et les préalables à toute élection sous les auspices de cet organisme. Le comité exécutif national exige le respect scrupuleux de ces onze points pour revenir à de meilleurs sentiments. Pour le SDF c’est le pouvoir en place qui a mis sur pied un mécanisme qui ne permet pas à la population de s’inscrire sur les listes électorales. Le parti de John Fru Ndi est d’avis qu’avec la récente publication du résultat du recensement général de la population, il serait loisible pour ELECAM de procéder à la refonte et non à la révision des listes électorales.
En plus, il exige l’introduction de la carte biométrique dans le processus d’inscription et la remise instantanée des cartes d’électeurs. «Nous ne collaborerons pas avec ELECAM dans sa configuration actuelle, jusqu’à ce que cet organe nous prouve qu’il est crédible en respectant nos onze points », sérine un membre du Nec pour qui le SDF y voit une volonté délibérée du pouvoir de vouloir frauder lors des prochaines consultations électorales. « ELECAM était au moins acceptable parce qu’on y avait enlevé les partis politiques et l’administration : c’est le standard du Commonwealth. Maintenant le pouvoir détruit le peu de crédibilité qu’avait EELECAM en ramenant l’administration. Il a modifié une loi qui n’a jamais été appliquée et maintenant pour tromper l’opinion publique, il fait rentrer les partis politiques dans le processus d’inscription alors que ces dispositions ne sont pas prévues dans les textes. La population n’a plus confiance au système électoral camerounais » dénonce Clebert Ottou membre du NEC.
A la question de savoir si par cet acte le SDF est en train de boycotter les prochaines consultations électorales, Clebert Ottou à la suite de Béatrice Annembom Munjo est formel: « la position du parti est claire. Nous avons des problèmes avec ELECAM et non avec les populations. Cet organe dans sa configuration actuelle n’a aucune crédibilité. Nous avons donné 11 conditions pour travailler avec cet organe. Dans celle-ci, nous avons choisi des terminologies claires et dans lesquelles, il n’y a pas le mot boycott. Donc le déplacement actuel qui consiste à faire croire aux gens que nous avons demandé aux populations de ne pas s’inscrire ne fait pas l’objet de notre débat ».