Congo RDC: La page Tshisekedi en voie d’être définitivement tournée…
Congo RDC: La page Tshisekedi en voie d’être définitivement tournée…
Didier Reydners est venu, il a vu et il a vaincu le…doute qui subsistait en lui sur le rôle négatif que joue l’homme Tshisekedi dans l’épanouissement de l’Udps et dans la croissance du processus démocratique enclenché, pour rappel, un certain 24 avril 1990. Voici bientôt 22 ans ! On serait, dès lors, tenté de croire que le « boycott » du séjour kinois de l’homme d’Etat belge aurait eu pour but, notamment, de l’empêcher de venir constater la dérive dans laquelle glisse ce parti, par la seule volonté du lider maximo, l’unique candidat au monde qui se soit d’abord autoproclamé, ensuite auto-investi « président de la République », avant de commettre la bavure d’annuler les élections législatives alors qu’il n’en a ni le droit, ni la compétence !
Finalement, avant de quitter Kinshasa, Didier Reydners lui a lancé ce « missile » : « Si Tshisekedi ne veut voir personne, c’est son problème… ». Crime de lèse-majesté : le belge a mis l’accent sur la disparition progressive des acteurs politiques des années 1980. Dont ceux qui furent à la base de la création de l’Udps en 1982...
Le mercredi 28 mars 2012, le ministre Didier Reydners a été approché par deux délégations de l’Udps parlant, toutes, au nom d’Etienne Tshisekedi. Il s’agit de la délégation de l’aile radicale, opposée à toute participation à la gouvernance institutionnelle tant que son leader n’est pas reconnu vainqueur de la présidentielle de novembre 2011, et celle de l’aile modérée, plutôt disposée à entrer à évoluer au sein de l’Assemblée nationale.
Comme déçu et exaspéré, l’homme d’Etat belge a eu ces propos durs à l’égard de l’Udps : « Je ne comprends pas le boycott de l'UDPS. Si Tshisekedi ne veut voir personne, c'est son problème. Je n'ai pas à me prononcer sur les dissensions internes d'un parti. Mais deux élus de l'UDPS ont, malgré l'interdit de ce parti, accepté de me rencontrer à Kinshasa. Et, surtout, 37 ou 38 élus de l'UDPS sur 41, soit la quasi-totalité, ont bien l'intention de siéger au Parlement dès la prochaine séance plénière. Ce n'est donc pas une petite dissidence !». C’est dans le reportage d’Olivier Rogeau du magazine belge « Le Vif », publié sur son site web le 29 mars 2012.
Qualifié de vexant par les Udépésiens purs et durs, le ton du ministre belge traduit, en réalité, l’aveu d’un gâchis. Car, il est de notoriété publique que dans sa majorité, la classe politique de la Belgique avait misé depuis les années 1975 sur des personnalités zaïroises comme Tshisekedi pour arrêter la dérive totalitaire de Mobutu. Il est aussi établi qu’à partir de 1982, la Belgique avait veillé sur le futur lider maximo, comme sur la prunelle de son œil. D’où tout le mal que se donna Mobutu pour le protéger, au risque d’assumer les conséquences d’un incident ou d’un accident fâcheux.
A l’avènement de la libéralisation politique en avril 1990, Tshisekedi va devenir la coqueluche, pour ne pas dire le « bras » séculier des Occidentaux anti-Mobutu. Les partis politiques, les médias et les ONG de défense des droits de l’homme proches du lider maximo bénéficieront d’un soutien moral, matériel et financier considérable. Jusqu’aux premiers signes de déception apparus lors de la formation du gouvernement dit issu de la Cns II avec, à sa tête, Etienne Tshisekedi, le « Premier ministre élu par le peuple en conférence ».
Si tous ses caprices (rétractation de sa nomination au poste de Premier ministre le 22 juillet 1991, raturage du texte d’investiture dans le cadre des Accords du Palais de Marbre I, boycott du gouvernement Nguz issu des Accords du Palais de Marbre II etc.) pouvaient bénéficier de la condescendance, son obstination à garder des ministres invertébrés dans le gouvernement Cns pendant que tous les partenaires traditionnels lui recommandaient de prendre plutôt des vertébrés avait fini par entamer la confiance placée en sa personne. Ce qui explique, après le dédoublement institutionnel imposé par le Conclave politique de Kinshasa (pro-Mobutu), l’aval de l’initiative de la 3ème voie attribuée généralement à Mgr Laurent Monsengwo, à l’époque président du Bureau du Haut Conseil de la République (Hcr). Voie réduite au schéma « Ni Cns, ni Conclave ».
Les Accords du Palais du Peuple qui en résulteront ramèneront Léon Kengo à la primature en 1994, au grand plaisir des Occidentaux.
Depuis, Tshisekedi avait vu les portes des officines occidentales se refermer devant lui une à une.
Des couleuvres difficiles à avaler
Il a fallu attendre l’avènement de Laurent-Désiré Kabila à la magistrature suprême pour voir les mêmes portes commencer à se rouvrir, une à une également.
Le nationalisme de Mzee les ayant effrayés, les Occidentaux crurent retrouver en Tshisekedi le contrepoids indiqué. Et le lider maximo reprit, comme qui dirait, du poil de la bête. La guerre du 2 août fut son sésame. Jusqu’à l’assassinat de l’ex-maquisard en janvier 2001.
Et là, il va encore rater le coche en développant un anti-kabilisme primaire à l’égard du successeur de Mzee : Joseph Kabila. Un véritable piège qui se refermera sur lui, d’abord dans le cadre du Dialogue intercongolais (négociations puis schéma 1+4), ensuite dans le cadre des élections de 2006. A l’époque, l’Udps et son président avaient entrepris un travail de démolition de la Cei qui va se répéter en 2011, cette fois au détriment de la Céni. Avec, presque, les mêmes méthodes.
Qu’à cela ne tienne !
Etienne redeviendra fréquentable à cause, notamment, des « contrats chinois » et, dans une certaine mesure, de l’affaire Chebeya.
Dès septembre 2010, il s’annoncera candidat à la présidentielle 2011, sans visiblement s’y être préparé de façon conséquente. Tout semble avoir été improvisé. Le summum de l’improvisation sera l’amateurisme apparu dans le management de la campagne électorale, notamment avec la question de location des aéronefs, mais surtout de celle de la coalition des forces de l’Opposition.
Le belge Louis Michel se désolera à propos de l’option d’une présidentielle à tour unique sans pour autant exonérer l’Opposition de sa bavure. « Une fois cette révision intervenue, je ne comprends pas pour quelle raison l’opposition ne s’est pas mise d’accord sur un candidat unique. Cela aurait donné une vraie chance à l’alternance. Tout cela est vraiment dommage… », dira-t-il à Colette Braeckman le 8 décembre 2011.
Même au lendemain du scrutin, Tshisekedi aura le temps de poursuivre son œuvre de démolition de l’Opposition en ridiculisant tour à tour Vital Kamerhe et Léon Kengo, présumés fréquenter pourtant les mêmes salons occidentaux, non sans tourner en dérision les autres 8 candidats. « Les voix récoltées par Kamerhe au Kivu, cela ne me concerne pas. Avant-hier, il est venu ici et j’ai refusé de le recevoir… Cela ne me dit rien…Quant à Kengo wa Dondo, il fait partie de ces hommes que j’ai toujours combattus… », a-t-il déclaré. A l’égard du reste de la bande, il a retenu cette formule humiliante : «… ils n’ont qu’une ou deux voix, celle de leur femme, de leurs enfants…». Preuve, si besoin est, que tous les rapprochements avec Bemba, Kengo, Kamerhe et autres Lubanga relevaient de la manipulation.
Tshisekedi avait pleinement conscience de ne vouloir et de ne pouvoir gagner. Il s’y était bien préparé. Mais, pour cacher son jeu, il s’était livré à son exercice favori : la victimisation…
Chaque chose a une fin. Et celle-ci, vraisemblablement, est finie.
Car c’est tout de même étonnant qu’à la haute direction de l’Udps, on n’ait pas pris la mesure de la gravité de la décision du lider maximo d’estimer régulière l’élection présidentielle (à laquelle il a participé) et irrégulières les élections législatives alors que les deux scrutins se sont déroulés le même jour, aux mêmes heures et dans le même contexte politico-juridique.
C’est étrange qu’on n’ait pas compris qu’en démocratie – fut-elle balbutiante – un élu, fut-il président de la République, ne peut annuler d’autorité une élection donnée, étant donné que cette compétente revient uniquement aux instances judiciaires en charge du contentieux électoral.
Chez les Occidentaux, pareil acte fait partie des couleuvres difficiles à avaler.
Abdoulaye Wade et l’union sacrée
La baisse de la tension post-électorale aidant, les observateurs avertis ont commencé à se pencher sur la « vérité des urnes », loin des officines des ONG qui ont commencé par déclarer passables les élections avant de les décrédibiliser.
Ils ont vite fait de réaliser qu’avec ses 42 députés nationaux élus, toute probabilité d’une victoire électorale d’Etienne Tshisekedi était exclue. Pour la bonne et simple raison que le candidat député national et le candidat président de la République auront eu le même électeur. Dans cette logique, l’électeur du candidat député Remy Massamba, Serge Mayamba ou Félix Tshimbombo était potentiellement l’électeur du candidat Tshisekedi.
Partant, les électeurs qui se sont prononcés pour Vital Kamerhe ont tout naturellement voté pour les candidats députés nationaux de l’Unc ; ceux qui ont élu Léon Kengo se sont prononcés en grande partie pour les candidats députés nationaux de l’Ufc etc.
De ce fait, avec ses alliés, Joseph Kabila Kabange a eu toutes les chances de rafler les voix des électeurs des candidats députés nationaux de sa coalition dénommée Majorité présidentielle.
Le doute, à ce propos, n’est pas permis d’autant plus que ce candidat a misé sur une coalition suffisamment vertébrée, fort ancrée dans toutes les 11 provinces du pays. Par contre, Tshisekedi a, comme sous la transition mobutienne, misé sur une coalition plutôt invertébrée. Celle de l’Opposition dite de Fatima. Avec des partis et des personnalités plutôt super-actifs sur les médias de Kinshasa et les médias dits périphériques que sur le terrain de l’électorat. Il s’agit, entre autres, des partis comme Envol, Mpr, Lidec, Usc, Dtp et Set, Jr, Radeco/Dtp, Acor, Anader/Dr Mpiana, Mund, Ur, Ddn, Fntc, Cdps, Mbc, Mr, Pcdi, Fr, Pdf, Camp de la patrie, Rader, Ccd, Ddc, Urp/Maï Maï et Dc qui ont, les premiers, plébiscité la candidature du lider maximo à la magistrature suprême. Le Mlp, les Fonus, le Mprc et le Pt l’ont fait aussi. Au total, l’aile Fatima en a compté une quatre vingtaine. Mais avec moins de dix députés dans la législature sortante !
Entretemps, à elle seule, l’Opposition aile dite Sultani a réuni les grosses machines comme le Mlc de Jean-Pierre Bemba, l’Unc de Vital Kamerhe et l’Ufc de Léon Kengo wa Dondo. La présidentielle a sanctionné : le candidat Unc Vital Kamerhe est sorti deuxième, le candidat Ufc Léon Kengo troisième. Ce qui revient à dire que s’il avait misé sur les deux ailes, mais aussi sur les huit autres candidats, Etienne Tshisekedi partait favori.
Ironie du sort : en prévision des Accords du Palais de Marbre I, un certain Abdoulaye Wade avait déploré le manque de culture politique. 21 ans après, il a été poussé à la porte de sortie par l’union sacrée qui s’est constituée autour du candidat Macky Sall. 20 ans après, Tshisekedi promeut toujours l’union sacrée, mais en se méfiant de gros calibres. Il a visiblement planifié son échec.
Aussi, a-t-il désormais peu de chances de trouver quelque soutien en Occident où, certainement, sa page est en voie d’être défintivement tournée, si elle ne l’est déjà…