La note d’information rendue publique le 1er juin dernier par le directeur du Cabinet civil sème le trouble dans les esprits.
Les apparences, les mots et les actes peuvent être trompeurs, mais tout porte à penser aujourd’hui que Martin Belinga Eboutou, directeur du Cabinet civil (Dcc) de la présidence de la République est l’œil et l’oreille du chef de l’Etat dans la conduite des affaires publiques au Cameroun. Dans cette posture d’ « ultime bouclier » de Paul Biya, le Dcc a fait savoir le 1er juin dernier à l’opinion publique, après de laborieux développements sur «la politique du Cameroun émargent», que «le gouvernement a été mis en mission, pour l’atteinte les objectifs assignés à travers ses feuilles de route qui seront évaluées en août 2012 ». Il n’en fallait pas plus pour que les médias publics ouvrent leurs ondes et colonnes à des dossiers sur les « grandes réalisations » du président de la République, qui a d’ailleurs posé la première pierre du barrage hydroélectrique de Menve’ele vendredi dernier.
Seulement, en remontant le fil du temps, on tombe sur une autre note signée, toujours au sujet des feuilles de route, du secrétaire général de la présidence de la République, Ferdinand Ngoh Ngoh, le 7 mars dernier. Ce dernier informait alors que Paul Biya avait validé la veille, le 6 mars, les feuilles de route ministérielles commandées lors du Conseil ministériel du 15 décembre 2011.
Aucune place donc pour le Cabinet civil dans ce dossier sur les feuilles de routes ministérielles. Un Cabinet qui, faut-il le rappeler, est chargé du protocole d’Etat et des « affaires réservées » du chef de l’Etat. Pourtant dans son envolée, Martin Belinga Eboutou, ne semble pas se poser des questions sur le rôle qui pourrait lui échoir dans l’évaluation des plans d’action des ministres: « Ensemble, avec et autour du Président Paul Biya, poursuivons, quotidiennement, notre action pour relever le défi des grandes réalisations », pontifie-t-il.
Pourtant, à en croire le politologue Mathias Eric Owona Nguini, «les feuilles de route ministérielles doivent être évaluées par le Premier ministre et le secrétaire général de la présidence de la République, car ce sont les deux instances qui sont au cœur de l’action gouvernementale». Cet universitaire pense du reste que le récent communiqué du Dcc pose un problème relativement à la «cohérence dans l’action gouvernementale» et constitue la preuve qu’il n y a pas toujours de « lien entre l’organigramme formel et la gestion réelle du pouvoir. Des fois, des compétences périphériques remplissent des fonctions centrales au sein de l’appareil gouvernant. La personnalité des occupants des différents postes au sein de cet appareil peut être un élément d’analyse de cette situation», commente-t-il.