Confidentiel: La Françafrique éclairée à la Bourgi
Vieux
routier de la Françafrique, Robert Bourgi a fait une bombe dans le
marigot en accusant Chirac et de Villepin d’avoir reçu des fonds
occultes. Mais les éclaboussures peuvent mouiller jusqu’à son ami
Nicolas Sarkozy.
Homme de l’ombre, missi dominici, émissaire
discret entre palais africains et Elysée. Robert Bourgi, avocat
d’affaires installé dans le cossu XVIe arrondissement parisien l’a
longtemps été.
Des dizaines d’années durant, humblement "Bob"
s’est évertué à faire passer des messages, fluidifier les relations
françafricaines, jouer les éminences, flatter les egos
présidentiels…Tout un métier, d’aucuns diront un art, que Bakchich avait
décortiqué au travers des fax envoyés par l’avocat à ses
présidents-clients.
Sans oublier de quémander un petit quelque chose, notamment à feu Omar Bongo.
Le « fils » Bourgi, comme le prouve ce bordereau de virement retrouvé par Bakchich, n’était pas maltraité par son Papa
Au passage, Bourgi pouvait aussi bien traiter avec un agent de la DGSE.
Ou bien régler les détails d’une opération barbouzarde.
Papa Bongo a dit
Son
heure de gloire. Les enquêtes sur les bien mal acquis des présidents
africains en France, fort médiatisées, agacent le président gabonais
Omar Bongo. Le secrétaire d’Etat à la coopération, Jean-Marie Bockel, a
le malheur d’annoncer vouloir signer « la mort de la Françafrique »
dont Papa Omar est l’irascible doyen. Bongo exige sa tête, Bourgi porte
le message, le sous-ministre est débarqué. Bourgi entame sa tournée
triomphale dans les médias. Bardé de sa légion d’honneur, remise en
mains propres par « son ami Nicolas », l’avocat de l’ombre
parade en plein lumière. Et va dans Bakchich, comparer Claude Guéant,
alors secrétaire général de l’Elysée à Foccart, l’architecte des réseaux
de la Françafrique.
Peu après de guerre lasse, Bruno Joubert,
qu’une vieille inimité lie à Bourgi, s’exile de la cellule Afrique vers
le poste d’ambassadeur au Maroc.
Depuis son triomphe, Bourgi s’était fait plus petit, rappelé à l’ordre par Guéant et Sarkozy. Jusqu’à ce dimanche de rentrée.
En
accusant dans le JDD ses anciens amis Villepin et Chirac d’être fans de
mallette, de djembe et de grisbi africain, l’ex fils à Papa Bongo,
finit d’accomplir sa vengeance. Contre les Chiraquiens qu’il accuse de
l’avoir humilié, contre les « donneurs de leçon et donneurs de morale »
dont il se dit exaspéré. Mais aussi contre le chefs d’Etat africains,
de ce pré carré africain, terrain de jeu et gagne pain disparu.
Bongo « met tous ses espoirs dans Jacques Chirac »
Valery
Giscard d’Estaing en juin 2009 dans le Parisien, ne disait pas autre
chose. Selon l’Ex, Bongo lui aurait confirmé en 1981 qu’il finançait
bien les campagnes de Chirac.
Un rapport des services secrets
d’Elf, révélé par Bakchich, épaissit encore un peu le soupçon. Daté de
1977, l’auguste rapport est signé de la main experte de feu Maurice
Robert. Directeur pendant 20 ans du SDECE (ancêtre de la DGSE),
ambassadeur de France à Libreville de 1979 à 1981, Robert a fait un
détour par Elf entre 1973 et 1979. De son entretien avec Omar Bongo,
l’agent secret retire une phrase.
Le président gabonais « met tous ses espoirs en Jacques Chirac et pense qu’il faut continuer à l’aider ». Une aide sonnante et trébuchante que fait tinter d’un son tout particulier la diatribe de Bourgi.
Pascaline Bongo au rang des donateurs de l’UMP
L’écho
provoqué risque de se propager au delà de ce que désire le conseiller
officieux de Nicolas Sarkozy. Ancien patron de la cellule Afrique, le
chiraquien Michel de Bonnecorse affirme dans le livre à paraître de
Pierre Péan, la République des mallettes que Sarkozy a bénéficié de l’argent africain pour financer sa campagne de 2007.