Depuis son évènement au Cameroun en 2007, il séduit les couples qui souhaitent réduire le budget de la cérémonie du mariage.
Au Cameroun, le concubinage a de bien curieux noms. Vous entendrez souvent lui coller des synonymes tels «viens, on reste», «essayons», «aide-moi à souffrir». Autant dire que le concubinage n’est pas gage de sécurité juridique et/ou sociale. Mais nombreux sont ceux et celles qui se risquent à l’aventure. «Il faut un certain temps pour se familiariser avec les habitudes du conjoint. Le concubinage est ainsi l’étape qui permet d’apprendre à se connaître avant de sauter le pas du mariage», argumente Lydie N. Elle a pris le train du concubinage il y a un an et sous peu, son «ami» ira demander sa main, jure-t-elle. Mais nombreuses sont celles qui n’ont pas toujours la chance de convoler en justes noces malgré des années et souvent des décennies de «stage». Pour prendre le taureau par les cornes, l’Etat camerounais a copié l’exemple occidental en proposant des mariages collectifs.
C’est le 11 janvier 2007, sous l’initiative de la regrettée Suzanne Bomback, alors ministre de la Promotion de la femme et de la famille (Minproff), qu’ont eu lieu les premiers mariages collectifs au Cameroun. L’évènement se déroule en grandes pompes à l’esplanade du musée national de Yaoundé. 52 couples se sont officiellement unis ce jour-là, ce pour le meilleur et pour le pire. Pour les féliciter, le couple présidentiel, Paul et Chantal Biya, a offert des cadeaux aux 104 tourtereaux. Suzanne Bomback pouvait alors bomber le torse pour ce pas qu’elle a aidé à franchir. «Le concubinage n’offre aucune sécurité juridique aux enfants ni à la femme en cas de décès, par exemple», martelait d’ailleurs la défunte ministre. Le mariage collectif vient par ailleurs alléger le fardeau financier des fiancés. En effet, pour se passer la bague au doigt lorsqu’on n’est que deux, il faut avoir le porte-monnaie lourd.
Pour le mariage collectif, renseigne Lydie Atangana, déléguée régionale de la Promotion de la femme et de la famille pour le Centre, «les futurs époux doivent remplir un dossier dans l’une des structures décentralisées du Minproff. Ce qui revient, entre autres modalités, à présenter sa carte nationale d’identité, son acte de naissance et une photo prise avec son (ou sa) chéri(e), tête contre tête. La seule contrainte infligée aux fiancés est de se présenter le jour de la célébration munis de deux alliances.» Néanmoins, la date du mariage, l’heure, le lieu du mariage sont décidés par l’autorité administrative.
Depuis son avènement au Cameroun, le mariage collectif séduit. Déjà plus de 1950 mariés collectivement pour la seule région du Centre. Mais des lourdeurs ne manquent pas. Le problème de la dot perdure. «Il faut que les parents comprennent que la fille n’est pas une marchandise. La dot doit être un signe de reconnaissance pour le fiancé, et non une injonction pour acheter des boeufs, des sacs de riz, etc. Par ailleurs, les couples ne doivent pas penser que la célébration collective des mariages est une forme de mariage au rabais. C’est un mariage comme tout autre», tranche Mme Atangana.