La grève générale annoncée par les Confédérations syndicales des travailleurs a été suspendue hier très tard dans la nuit au sortir d’une réunion âpre entre gouvernement, patronat et travailleurs. La pression aura eu raison sur le gouvernement dira-t-on car après moults hésitation, le gouvernement conviendra enfin de convoquer sur une table de négociation dans le cadre de la mise en fonction du comité de concertation et de suivi du dialogue social, venant surplanter la commission nationale consultative du travail ayant statué sur certains points contestés par les confédérations syndicales ; un cadre de dialogue social revendiqué depuis des mois par les confédérations.
D’entrée de jeu et comme l’avait déjà prévu 9 confédérations sur les
12, Isaac Bissala de l’UGTC brandira avant le début de la réunion son
communiqué sur la suspension du mot d’ordre de grève du 28 juillet 2014 ;
se désolidarisant de la mouvance collective dans la négociation des
droits des travailleurs. Suivra le deuxième larron à savoir Mussolè de
la CCWTU qui claquera la porte avant la fin des travaux estimant que
depuis le début des concertations, les débats tournaient en rond. Une
tentative de division qui n’aura aucun effet car les Confédérations les
plus fortes et représentatives sur le territoire national ne voulant
flancher ni lâcher dans la défense des intérêts collectifs.
Le point central à savoir la hausse des prix des hydrocarbures ayant été
très tôt mis sur la table va nécessiter une suspension des travaux pour
la concertation en privée de certains membres. Le gouvernement par la
voix du Ministre du travail et de la sécurité sociale ne voulant
flancher sur la demande de rapporter le communiqué de la hausse des prix
des hydrocarbures à la pompe malgré la présentation de l’argumentaire
de la signature de l’ordonnance du Chef de l’Etat du 7 juillet 2014
fixant par ses prérogatives les nouveaux tarifs à appliquer dans le
secteur des transports en prenant pour cette fois-ci le soin de fixer
également la taxe spéciale sur les produits pétroliers quittant de 120
Fcfa auparavant à 80 Fcfa soit une diminution de 40 Fcfa pour l’essence
Super et de 60 Fcfa par litre de Gasoil soit une diminution de 60 Fcfa.
De retour dans la salle, les Présidents Confédéraux vont accepter mais poseront sur la table d’autres exigences en échange. C’est alors que l’exonération de l’IRPP sur les indemnités de fn de carrière, la revalorisation générale des salaires et du SMIG, la réforme de la sécurité sociale qui prend en compte le déplafonnement des cotisations et le paiement des droits sociaux aux ex-employés des sociétés d’Etat proposé par Isaac Bissala vont être retenus comme point à discuter lors d’une imminente prochaine réunion ; le Ministre du Travail et de la Sécurité Sociale, Grégoire Owona, à l’analyse voulant lors de cette soirée éviter le pire qui devait se produire le 28 Juillet 2014. Voulant montrer leur bonne foi, les Présidents confédéraux accepteront d’ajourner les débats en proposant de revenir avec une analyse de la situation plus technique et plus concrète, eux étant des hommes de terrain capables de répondre de façon pragmatique à la situation actuelle.
La bombe désamorcée après la signature unanime du mot d’ordre de suspension de grève pour le 28 juillet 2014, le sourire pouvait revenir sur les lèvres et du patronat et du gouvernement. Un patronat, dépassé par les évènements lors de cette réunion qui ne s’est contenté que de proposer au gouvernement de réévaluer les mesures sociales prises en 2008 qui semblaient favoriser les sociétés les plus nantis, d’appliquer les mesures d’accompagnement dans le secteur des transports et d’appliquer l’arrêté créant les comités départementaux de suivi ds problèmes e transport crée en 2006 qui devraient selon eux anticiper sur la grogne sociale venant du secteur des transports. Une modeste contribution sans arguments techniques au débat au regard de la profondeur des problématiques.
L’avenir nous dira…
La grève est suspendue pour l’instant et le plus difficile reste avenir car lors de cette nuit, l’on enregistrera l’arrivée d’un représentant syndical de la région du Nord-Ouest qui, venant avec la déclaration de Bamenda sur la modification des tarifs du carburant à la pompe à savoir 400 Fcfa pour l’Essence, 450 pour le Super, 200 Fcfa pour le pétrole et 4500 Fcfa pour la bouteille de Gaz de 12,5 Kg compte tenu de la proximité avec les champs d’exploitation pétrolier et le Nigeria, l’installation d’une unité de raffinage du pétrole camerounais, la baisse du train de vie princier de l’Etat avec en premier lieu la diminution du parc automobile, etc. Donnant 21 jours au gouvernement camerounais pour l’application de ces mesures faute de quoi ils rentreront dans une grève sans merci où les dégâts collatéraux seront incalculables, l’émissaire de Bamenda va être déçu par les conclusions de cette première réunion malgré la causette du Président Confédéral de la CSTC sur le bien-fondé de laisser le gouvernement d’abord montrer dans les prochains jours sa bonne foi.
Comme un effet d’entrainement, l’on apprendra encore que la région de l’Est avec comme point de démarrage la ville de Bertoua et ses délégués syndicaux était prête à ouvrir le bal de la grogne sociale d’ici lundi 28 Juillet 2014.
Le travail avenir des Présidents Confédéraux s’annonçant ainsi dans les prochains jours très compliqué, risquerait de voir tout de même un petit mouvement d’essai de grogne sociale qui esquissera la détermination des camerounais face à l’incurie d’un gouvernement qui n’a jusqu’ici servi que des intérêts égoïstes. Affaire à suivre.
M. Grégoire Owona, Ministre du travail et de la sécurité sociale
Que devrait-on retenir de cette rencontre ?
Je pense que nous devons retenir que le dialogue social prend une
autre tournure, une nouvelle allure et va se formaliser et s’intensifier
pour que les conflits puissent être prévenus et pour qu’on puisse
véritablement adopter des solutions face aux problèmes qui menacent le
monde du travail ?
Au-delà du simple fait que la grève qui était prévue, le mot d’ordre a
été suspendu. Il ne faut pas voir les choses à court terme. La grève es
un moyen d’expression des travailleurs, ils peuvent en user, parfois en
abuser mais ce n’est pas ça l’objectif. L’objectif final c’est que les
problèmes qui sont posés puissent être examinés et puissent trouver des
solutions durables. Ce qui est important aujourd’hui est que le Premier
Ministre a pris un arrêté pour entrer dans un comité où les problèmes
vont se poser régulièrement c’est-à-dire qu’on ne va pas attendre qu’il y
ait des conflits pour qu’on se retrouve.
A quand la prochaine réunion ?
La date de la prochaine réunion se tiendra dans les plus brefs délais. Mais certainement pendant le prochain trimestre.
Quelles sont à l’immédiat les résolutions majeures qui vont être appliquées sur le terrain par le gouvernement ?
D’abord les mesures d’accompagnement ont déjà été prises par le gouvernement comme le SMIG qui va entrer en vigueur, cela voudrait dire qu’il va y avoir une grande revalorisation de salaires dans le secteur privé. Les impôts sur lesquels le Chef de l’Etat a déjà signé une ordonnance sont déjà en train d’être appliqué entre autre chose. Le dialogue social s’intensifiant, les autres problèmes vont être discutés, les transporteurs ont pu obtenir un certain nombre de choses avec mon collègue le Mincommerce ; le Mintransports est sur le terrain parce que nous allons réorganiser le domaine des mototaxis et il y a beaucoup de choses qui vont se faire. Il faut donner un peu de temps au temps.
Jean Marie NDI, Président CSAC et Porte-parole des Confédérations lors du Comité
Au sortir de cette réunion quelles sont les principales résolutions que vous avez prises côté travailleurs ?
Nous sommes venus à une négociation tripartite et vous savez que les
organisations syndicales ont lancé un mot d’ordre de grève pour le 28
Juillet 2014 et cette réunion était sur la demande des organisations
syndicales. Un haut cadre de discussion que le gouvernement a mis en
place. Au cours de cette réunion, nous avons discuté des problèmes des
travailleurs.
La première des choses était sur la hausse des prix des hydrocarbures et
ensuite nous avons vu le problème du SMIG et enfin le problème de la
sécurité sociale et bien d’autres.
Au sortir de cette discussion, nous avons discuté âprement et avons
convenu de ce que le prix du carburant qui est en hausse le gouvernement
ne peut plus le retirer, il ne peut que mettre en place les mesures
d’accompagnement que nous avons proposées. Vous savez la réunion
d’aujourd’hui était une réunion de plein droit dans laquelle il a été
très difficile de discuter en profondeur raison pour laquelle nous avons
énumérer les point sur lesquels nous allons discuter à la prochaine
réunion et c’est quelques-uns de ceux-là que je viens d’énumérer.
Vous savez au départ les organisations syndicales ont demandé deux
choses c’est-à-dire la mise sur pied d’un haut cadre de dialogue social
ce qui a été fait et le deuxième point qu’on rapporte le communiqué sur
la hausse des prix des hydrocarbures. Nous avons brandi une décision du
Chef de l’Etat qui nécessite un examen minutieux, des techniciens ou
experts qui doivent le décortiquer et l’analyser que les organisations
syndicales vont mettre en place pour permettre si les choses se passent
bien que le prix du carburant puisse baisser. Mais nous allons le
discuter au cours de la prochaine réunion.
Vous venez de dire que vous n’avez pas discuté en profondeur. Alors maintenant que vous avez levé le mot d’ordre de grève qu’avez-vous obtenu en échange ?
Non, nous avons suspendu le mot d’ordre de grève. Vous savez en négociation, lorsqu’on lance un mot d’ordre de grève et qu’on appelle à négocier, on suspend. Nous devions le faire avant mais nous avons des mandants et il a fallu que nous venions à la réunion pour voir la bonne foi du gouvernement. En discutant, nous avons vu que le Ministre et le gouvernement sont de bonne foi. Nous avons donc énumérer les points que j’ai cités pour en discuter en profondeur à la prochaine rencontre à savoir le prix du carburant, le SMIG et l’augmentation des salaires. La Ministre même vient de dire qu’on va voir dans les prochains jours la revalorisation des salaires ; vous savez que le Président de la république a augmenté les salaires du secteur public à 5%, ce qui est dérisoire. Mais il a oublié le privé. Nous avons donc mis sur la table qu’il devrait augmenter les salaires pour tous les camerounais.
Quel est le délai que vous donné au gouvernement pour la prochaine réunion ou l’application des résolutions ?
Il faut éviter de tomber dans le piège des délais. Nous sommes en négociation et lorsqu’on donne un délai, on risque être esclave de ces délais. Nous constatons qu’il y a la bonne foi et avons les moyens de faire la pression. Nous avons suspendu le mot d’ordre de grève et cela ne veut pas dire que nous avons levé la grève. La grève est suspendue sans bail. Nous avons par cela montre notre bonne foi parce qu’on nous accuse de pyromane, d’agitateurs. Nous voulons donc montrer à l’opinion nationale et internationale que les syndicalistes camerounais sont des responsables capables de maitriser les foules et on veut montrer la bonne foi auprès du gouvernement.
Avez-vous l’impression qu’au sortir de cette réunion, votre base sera satisfaite ou convaincu de votre argumentaire ?
Nous allons repartir sur le terrain. Avant de venir ici nous avons consulté la base. A l’issue de cette réunion, nous allons rentrer rencontrer la base pour leur expliquer ce qu’on a discuté à cette réunion. Nous sommes des responsables syndicaux mais nous avons nos mandants à la base qui dirigent tout. Maintenant que nous avons suspendu la grève, il est de bon ton de rentrer expliquer le bien fondé de notre acte.