Jamais deux sans trois. Une fois de plus le nom de Marafa Hamidou est ‘cité’ dans une affaire de tentative de déstabilisation des institutions. Certes, le contexte n’est plus le même. Hier, au lendemain du putsch manqué du 6 avril 1984, l’ex-ministre de l’Administration territoriale, alors jeune cadre dynamique dans le privé, fut inexplicablement embarqué dans un camion de la mort pour être fusillé. Son crime, ‘délit de facies’. Il aura fallu un concours de circonstances heureuses pour qu’il échappe au peloton d’exécution.
Combien sont-ils, qui ont perdu la vie dans cette sorte de vendetta contre des Camerounais originaire du septentrion ? A côté de vrais putschistes jugés et condamnés, combien sont-ils, qui ont été arrêtés et jetés en prison sans rime, ni raison ? La machine de dénonciations calomnieuses, de vengeance, voire d’inquisition avait tourné à plein régime. Dakolé Daïssala en était un, qui en fit un livre plein d’enseignement sur les folles journées qui ont suivi le putsch avorté. Un ministre en fonction actuellement a payé de sa liberté. Ingénieur mécanicien de chemin de fer, Issa Tchiroma est chargé d’études à la Regifercam, à l’époque des faits. Entre le 09 et le 19 avril 1984, jour de son arrestation, son domicile et son bureau avaient été fouillés de fond en comble.
Catalogué comme «élément dangereux à surveiller de très près», Tchiroma fut conduit à la direction de la police judiciaire à Yaoundé. Puis, placé en détention provisoire à Kondengui, où il partagera son quartier avec Marafa Hamidou Yaya, Marcel Niat Njifenji, Issa Bakari, Dakolé Daïssala, Garga Haman Adji, Amadou Bello et Bobo Hamatoucour.
Autres temps, autres mœurs ? Voire. Si l’on fait l’impasse sur la dénonciation d’un complot cousu de fil blanc contre les institutions avant le fameux 6 avril, complot au cours duquel le président Ahidjo fut condamné à mort avant d’être gracié, selon l’ex-commissaire Ela, « la tentative du putsch militaire d’avril 1984 n’est que la conséquence du faux complot de 1983 ». Nous voici une fois de plus à la veille d’une affaire de tentative de déstabilisation des institutions dans laquelle deux personnalités sont déjà interpellées. Si l’on en croit Mediapart qui a mis les pieds dans le plat, «Cameroun: Paul Biya, après plus de trente ans de règne, est confronté à une rébellion ».
Les interpellations induisent-elles que les services de sécurité ont suffisamment de ‘biscuits’ sur le complot en gestation ? On se souvient qu’en 1983, le reproche qui avait été fait au pouvoir concernait la précipitation de l’annonce d’un complot et les condamnations qui s’en sont suivies. L’opinion avait été dubitative sur la réalité de ce complot que certains disaient tout droit sorti des officines pour crédibiliser une chasse aux sorcières et bien plus contre ce qui sera appelé plus tard, «les partisans d’Ahidjo». Il faut donc espérer que cette fois-ci, au-delà des intentions inavouées, des faits patents et avérés seront portés à l’attention du public et que si complot il ya, que ce soit les vrais auteurs qui soient traduits en Justice…