Communiqué du Pr. James Mouangue Kobila sur les évenements de Deïdo

DOUALA - 05 JAN. 2012
© James Mouangue Kobila Mouangue | Correspondance

"Je suis consterné par les pertes tragiques, en vies humaines et de biens, constatées à Deido en raison des troubles qui s'y déroulent depuis le 31 décembre 2011. J'adresse en conséquence à toutes les familles ainsi durement éprouvées mes sincères condoléances, d'autant que la maison entièrement consumée par les flammes n'est autre qu'un héritage de ma grand-mère maternelle dont ma sœur est l'usufruitière."

Communiqué du Pr. James Mouangue Kobila sur les évenements de Deïdo

Je suis consterné par les pertes tragiques, en vies humaines et de biens, constatées à Deido en raison des troubles qui s'y déroulent depuis le 31 décembre 2011. J'adresse en conséquence à toutes les familles ainsi durement éprouvées mes sincères condoléances, d'autant que la maison entièrement consumée par les flammes n'est autre qu'un héritage de ma grand-mère maternelle dont ma sœur est l'usufruitière.

Il importe cependant de relever que les événements de Deido ne seraient pas allés au-delà de l'assassinat d'un jeune homme et de la réaction éruptive des habitants de Deido, si certains habitants de la ville de Douala n'étaient pas animés par une volonté hégémonique qui leur fait oublier le respect normalement dû à une communauté qui se sent attaquée dans son terroir par des comportements de prédateurs.

La contre-réaction des "conducteurs de motos-taxis" en incendies criminels et en saccages témoigne d'un mépris du droit des habitants de Deido, inventeurs de la "rue de la joie" qui est une importante activité économique - imitée un peu partout - qui rassemble indistinctement les camerounais de toutes origines dans la concorde et la bonne humeur, de refuser que leur village ne se transforme en un Far-West livré au brigandage et à l'anarchie.

Cette contre-réaction s'inscrit dans le prolongement du déni d'autochtonie voire du mépris des autochtones qui est la chose la mieux partagée par certains camerounais et qui se traduit dans certains discours par des références absurdes à un modèle de République ou d'Etat-nation aujourd'hui désuet, en raison de la reconnaissance universelle de la diversité de l'élément humain de l'Etat.

Comme les émeutes des banlieues françaises naguère, les événements de Deido interpellent et montrent à chacun ce que serait chaque ville et chaque quartier d'un Cameroun où l'on refuserait de reconnaître les droits spécifiques des peuples autochtones sur leurs terres ancestrales, en violation des options et des décisions pertinentes de la Commission africaine des droits de l'homme et des peuples (Communication relative à la Communauté Endorois).

C'est le lieu de rappeler aux uns et aux autres les termes de la Déclaration issue de la Conférence de Copenhague sur la dimension humaine du 29 juin 1990. Dans cet instrument, les Etats concernés reconnaissent explicitement que « le respect des droits des personnes appartenant à des minorités [...] est un facteur essentiel de la paix, de la justice, de la stabilité et de la démocratie ».

Je fais entièrement confiance aux pouvoirs publics qui ont toujours démontré leur capacité à protéger les hommes et les biens dans le respect de la Constitution ainsi que des normes de l'Union africaine et des Nations Unies.

Fait à Douala le 5 janvier 2012

James Mouangue Kobila Mouangue
Professeur agrégé de Droit

NjanguiPress




05/01/2012
0 Poster un commentaire

Inscrivez-vous au blog

Soyez prévenu par email des prochaines mises à jour

Rejoignez les 299 autres membres