Communication gouvernementale: L'affaire Vanessa Tchatchou s'invite aux débats
DOUALA - 26 MARS 2012
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager
Le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary exhorte les journalistes de l'aider à débusquer celui qui incite la mère du bébé volé à la rébellion et crie à l'instrumentalisation de Vanessa Tchatchou par des politiciens en mal de notoriété.
© Joseph Flavien KANKEU | Le Messager
Le ministre de la Communication Issa Tchiroma Bakary exhorte les journalistes de l'aider à débusquer celui qui incite la mère du bébé volé à la rébellion et crie à l'instrumentalisation de Vanessa Tchatchou par des politiciens en mal de notoriété.
Le cas Vanessa Tchatchou est
visiblement un caillou dans la botte du gouvernement camerounais. Malgré
l'expulsion manu militari de cette jeune fille de 18 ans de l'hôpital
gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso, les autorités
gouvernementales n'ont pas toujours le sommeil tranquille, les pressions
fusant de partout. Vendredi dernier lors de sa communication
gouvernementale, Issa Tchiroma a encore été interrogé sur cette affaire,
par une personne de qui il n'attendait pas une question liée à cette
rocambolesque affaire. C'est en effet Roger Itoté, journaliste à
la Cameroon Radio and Télévision (CRTV) radio qui a souhaité savoir le
sort aujourd'hui réservé à l'affaire. Pourtant, le ministre de la
Communication a pris le soin d'écarter systématiquement tous les organes
de presse écrite privés de cette rencontre, pour «éviter des
dérapages». Le Messager a dû interpeler vivement le ministre lors
de son entrée dans la salle des conférences, pour obtenir le quitus
exceptionnel de prendre part à cet échange. Les autres confrères n'ont
d'ailleurs pas eu la même chance. «Vous me permettez justement de
constater que la petite Vanessa est devenue un instrument aux mains de
certains politiciens à mal de notoriété qui vont de plateaux de
télévision en plateaux de radio, et manipulent cette jeune fille,
instrumentalisant ainsi ses souffrances», dénonce Issa Tchiroma Bakary qui ajoute. «Un
expert américain a été commis pour procéder aux prélèvements en vue de
faire de nouveaux tests Adn dans un laboratoire indépendant et crédible.
Mais la jeune fille s'est refusée de se faire prélever. Son avocat Me Meli
qui en principe doit contribuer à la manifestation de la vérité a
plutôt tout fait pour empêcher à cette jeune fille de se soumettre à
cette prescription du juge d'instruction. Mais comme nous avons les
prélèvements de Vanessa dans notre banque de données, nous l'avons mis à
la disposition de l'expert», rassure le ministre de la
Communication qui supplie les journalistes d'aider le gouvernement à
débusquer celui qui se cache derrière cette pauvre mère, tout en se
demandant à qui profite le crime.
Entre temps, Vanessa Tchatchou se porte de plus en plus bien. Elle s'est presque déjà remise des traumatismes subits lors de cette exfiltration du désormais tristement célèbre hôpital gynéco-obstétrique et pédiatrique de Ngousso. Pour des raisons personnelles, elle a décidé de quitter le domicile familial et de se «réfugier» dans un endroit tenu secret. «Mais dès que j'aurai repris mes forces, je continuerai mon combat car la vérité n'est pas encore dite sur la disparition de mon bébé. Le combat sera terminé lorsque j'aurais mis le bout de mon sein dans la bouche de ma fille qui, je le confirme, vit quelque part dans cette République», confie Vanessa Tchatchou à qui le reporter du quotidien Le Messager arrache un sourire. Devenu rare depuis la disparition de sa fille. Réaction: VINCENT SOSTHENE FOUDA Socio-politologue, chercheur à la Chaire de Recherche du Canada en mondialisation citoyenneté et démocratie Université du Québec à Montréal - Canada "J'ai suivi avec beaucoup d'attention le point de presse du ministre de la Communication, porte-parole du gouvernement camerounais. Comme leader politique et surtout parce que je me suis engagé dans l'affaire dite Vanessa Tchatchou, parce que la loi me l'y autorise je voudrais me permettre une mise au point. Le ministre de la Communication a longuement parlé de «l'Adn de mademoiselle Vanessa Tchatchou»» montrant par là même toute la difficulté qui est la sienne à parler d'un domaine aussi délicat n'étant pas du métier et surtout n'ayant pas pris le soin de s'informer. Visiblement, il est de ceux et celles qui pensent que le décret confère le savoir et la connaissance. Le test Adn permet d'identifier les différents individus puisque chaque personne est unique. En effet, la probabilité de trouver deux profils génétiques identiques est quasiment nulle, sauf dans le cas des jumeaux monozygotes («vrais jumeaux») qui ont strictement le même Adn. Le gouvernement de la République du Cameroun a failli chaque fois qu'il a voulu s'exprimer sur l'Affaire Vanessa Tchatchou puisqu'au lieu de gérer un drame social il a créé une affaire d'Etat à visée politique! Ignorant de ce fait même les souffrances de mademoiselle Vanessa Tchatchou qui attend son enfant depuis 8 mois maintenant. En tribalisant un drame national qui met en insécurité toute femme, tout homme et par ce fait même ébranle les fondements de notre société, c'est-à-dire la cellule familiale, le ministre de la Communication montre en réalité la difficulté du gouvernement dont il est le porte-parole à répondre aux besoins de notre époque. C'est donc la preuve si besoin est qu'il faut certainement passer à autre chose. 95 bébés signalés portés disparus dans les hôpitaux publics de Yaoundé uniquement entre janvier 2011 et février 2012! C'est beaucoup pour n'être pas un trafic de nourrissons! Devons nous signaler ici le cas de cet enfant arraché à sa maman à Douala et confié au fils d'un entraîneur de football célèbre dans notre pays pour une somme de 15 000 000 FCFA? Aujourd'hui âgé de 3 ans, l'enfant est retourné dans sa Maison et le gouvernement se montre incapable d'évaluer le traumatisme psychologique subi par cet enfant et sa famille biologique. Voilà de quoi il est question, le reste relève des méthodes de communication d'une autre époque." |
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