Comment le Rdpc instrumentalise les élites administratives
Ministres
de la République, directeurs généraux de sociétés d’Etat,
fonctionnaires et agents de l’Etat sont contraints de rouler pour le
parti au pouvoir pour ne pas subir les foudres u président national du
Rdpc qui trône à la tête de l’Etat. La confusion entretenue entre le
parti et l’Etat depuis l’époque du parti unique n’a pas cessé avec la
naissance du Rassemblement démocratique du peuple camerounais (Rdpc) le
24 mars 1985 à Bamenda. Au contraire, le fait que le président de la
République ait conservé son poste de président national du Rdpc a
renforcé, dans l’ère du pluralisme politique, de vielles pratiques : un
militantisme de suivisme, d‘opportunisme, de fourberie, d’hypocrisie,
de contraintes, d’intimidations et de pressions auxquels sont
assujettis les hauts commis de l’Etat, les fonctionnaires et agents de
l’Etat.
Des cadres sous contrôle
Tout ce
beau monde est appelé à soutenir généralement sans convictions le
président national du Rdpc. Ceci pour préserver pour certains leurs
strapontins ministériels, leurs postes de patrons de sociétés d’Etat ou
de sociétés parapubliques, pour d’autres leur carrière de fonctionnaire
ou d’agent de l’Etat. Tous ces ministres de la république, hauts
fonctionnaires, cadres de l’administration publique et autres
fonctionnaires sont, pour la plupart, contraints non seulement
d’adhérer au parti au pouvoir, mais surtout de participer
financièrement et physiquement aux activités organisées par le Rdpc.
Comme
à l’époque du président Ahmadou Ahidjo où la vie politique était
caractérisée par un régime de la terreur et une législation
d’exception, le parti au pouvoir continue d’utiliser les services de
renseignements de l’Etat pour identifier ceux qui sont considérés comme
« les ennemis de l’intérieur » ou les fonctionnaires opposants. Afin
d’intimider ou de traquer les cadres de l’administration qui refusent
de jouer à ce jeu burlesque, qui ne soutiennent pas le Rdpc ou qui ont
le courage de s’engager dans les partis de l’opposition. On connaît des
cadres et hauts fonctionnaires qui ont été, soit contraints de
démissionner de leurs fonctions et même de quitter la fonction
publique, soit victimes d’affections disciplinaires et qui ont vu leurs
carrières brisées à cause de leur refus de servir le Rdpc autant qu’ils
servent l’Etat.
Certains fonctionnaires n’ont pas eu une belle
carrière à cause non seulement de leurs activités syndicales, mais de
leurs sympathies pour l’opposition. La stratégie d’instrumentalisation
des élites administratives par le Rdpc vise à maintenir les cadres sous
contrôle et à constituer un réservoir permanent de cadres
administratifs politiquement cooptés, car capables de déployer des
moyens humains, matériels et financiers nécessaires à la bonne marche
du parti sur l’ensemble du territoire national.
Serviteurs de l’Etat - Rdpc
Lors
des meetings qui nécessitent une vaste mobilisation des militants et
sympathisants du Rdpc sur le terrain - comme celui qui s’est déroulé
samedi dernier à Douala -, les élites administratives de la
circonscription et de la région participent en apportant leur
contribution financière, matérielle, leur compétence et leur
disponibilité en termes de ressources humaines. Avec le soutien des
hommes d’affaires, les hauts commis de l’Etat et les cadres de
l’administration ont pris l’habitude de « se débrouiller » comme ils
peuvent. Ils doivent désormais faire attention pour ne pas se faire
prendre dans les filets de « l’opération Epervier » qui rôde autour des
champions des détournements des fonds publics et autres fossoyeurs de
la république.
Il y a aussi les cotisations que sont obligés de
faire les cadres de l’administration à la demande de leur hiérarchie
dans les différents départements ministériels. Dans cette perspective,
ces cadres de la fonction publique n’hésitent pas à utiliser les biens
de l’Etat dont les véhicules administratifs et les personnels de
l’administration qui ont fini par confondre le Rdpc avec l’Etat.