Jeudi dernier le 13 septembre 2012, le ministre des Sports et de l’Education physique suspendait de ses fonctions, jusqu’à la fin de son contrat, le sélectionneur national des Lions Indomptables, Denis Lavagne. Il nommait par la même occasion, au poste d’entraîneur national Jean-Paul Akono jusque-là directeur technique national adjoint N°1.
I- Un recrutement qui avait fait des vagues
Depuis la malheureuse Can d’Angola et la foireuse Coupe du monde d’Afrique du Sud 2010, les Lions Indomptables sont comme plombés. Ils alignent contre performance sur échec au niveau des compétitions à grands enjeux. Paul Le Guen parti, Javier Clémente et Omam Biyick n’ont pas pu apporter la sérénité dans la tanière. La Fécafoot de manière insidieuse a fait nommer pour succéder au technicien basque, Denis Lavagne, jusque là manager général de Cotonsport. Celui-ci avait pour mission de faire mieux que son prédécesseur. La nomination de ce technicien a soulevé un tollé général car elle n’a pas obéi au modus opérandis aboutissant au recrutement d’un sélectionneur national. Le dossier de Lavagne n’est pas passé par la voie normale d’offre d’emploi (ou de service), d’une étude par une commission mixte Fécafoot-Minsep et short-list. Il a été promu sans avoir été audité. Surtout qu’à la Fécafoot, il y avait péril en la demeure. L’opinion publique camerounaise avait, après la direction technique nationale, violemment critiqué le recrutement de Denis Lavagne. On lui reprochait son manque d’expérience dans la gestion technique d’une équipe nationale quelconque. Ses recrutements (les dirigeants de la Fécafoot) eux avaient plutôt misé sur son vécu et aussi sur le fait qu’il habitait dans le pays.
Denis Lavagne avait été recruté pour continuer la reconstruction des Lions Indomptables entamée par Javier Clémente Malheureusement, lui aussi s’est laissé embrigader par les dirigeants de la Fécafoot ayant facilité son recrutement. On soupçonne même que les joueurs qu’il convoquait lui auraient été proposés par ses recruteurs. Denis Lavagne connaissait bien que l’environnement dans la tanière est malsain. Mais il n’a rien fait pour changer les choses. Il avait une pléthore de joueurs à sa disposition et pouvait donc se passer de cadres qu’à tort la Fécafoot avait banni. Enfin, bien que résidant au Cameroun, Denis Lavagne s’est contenté de faire appel aux professionnels évoluant en Europe pour des raisons de résultats immédiats. Il a rarement convoqué des joueurs locaux en stage avec l’équipe fanion qu’il entraînait. Et lorsqu’il fallait présélectionner des locaux, il allait les prendre dans Cotonsport de Garoua son ancien employeur. Pourtant d’autres clubs camerounais regorgent de talents à qui il aurait pu donner quelques chances. Nous pensons ici à Bassilikin le feu follet de Renaissance de Ngoumou ou Babanda Joël (Union de Douala), etc.
II- Denis Lavagne coupable ou bouc émissaire ?
L’ancien manager général de Cotonsport avait été
recruté avec dans son cahier de charges l’objectif de qualifier le
Cameroun pour la Can 2013 en Afrique du Sud et son
contrat arrivait à terme le 31 octobre 2012. Mais à quelques encablures
d’une possible prolongation (prorogation) de son séjour à la tête des
Lions Indomptables, la défaite de Praia (0-2) face au Cap Vert a jeté le
trouble dans les esprits. Désormais, la qualification pour le
rendez-vous continental l’an prochain devient hypothétique. Les Lions
Indomptables ont brillé par leur absence à la Can Gabon-Guinée
Equatoriale. Manquer le rendez-vous d’Afrique du Sud serait de trop.
Alors le Minsep et la Fécafoot, débordés ont voulu prendre des mesures
conservatoires qui nous assurent la qualification au soir du 13 octobre
2012 prochain après le match retour contre le Cap Vert à Yaoundé.
Ainsi le Comité exécutif de la Fécafoot s’est réuni à Garoua dans la journée de jeudi autour de Iya Mohammed son président. Cette réunion avait entre autres pour but le choix d’un nouvel entraîneur national. Et parmi les pistes retenues, il y avait celle de Djonkep Bonaventure. Mais pendant que le comité exécutif planchait sur le choix d’un nouveau sélectionneur, le Minsep est sorti de son mutisme et a signé un arrêté portant suspension de Denis Lavagne. « Cette prise de position de Adoum Garoua est venue court-circuiter la concertation de Iya avec ses proches collaborateurs » nous a confié notre consultant François Michelet Assong qui explique : « La suspension de Denis Lavagne, dans l’ordre du droit a été bien encadrée par les conseillers juridiques du Minsep qui ont pris toutes les précautions pour éviter à notre pays un contentieux avec les organes juridictionnels de la Fifa. La tutelle a trouvé la parade en lui assurant le versement de son salaire jusqu’en octobre lors que on contrat arrivera à terme. Et si Lavagne intente un procès contre nous, celui ne pourrait être qu’en sorcellerie. Nous avons souhaité que Minsep sorte de son mutisme et de son ponce-pilatisme pour impulser une dynamique nouvelle à la sélection nationale. Ce qu’il a fait en suspendant Lavagne après la cuisante défaite de Praia et dont il est le grand coupable (responsable) ». Denis Lavagne est victime d’un déficit de personnalité – il se serait souvent laissé influencer par les dirigeants de la Fécafoot en se laissant proposer des joueurs à sélectionner. Ensuite, les résultats qu’il a enregistrés ne font pas honneur au Cameroun. A cet effet, le Minsep a pris une bonne décision. Toutefois il lui faut aller maintenant plus loin. Car au-delà de la nomination de Jean-Paul Akono, il faut restaurer un environnement serein dans la tanière.
III- Jean-Paul Akono : l’homme de la situation ?
Le sport de haut niveau et le football professionnel de surcroit, lorsqu’il n’y a pas de résultats, c’est le coach qui paie. Et dans le bilan de Denis Lavagne, il n’y a que de
minables victoires (Lg Cup de Marrakech, Guinée Bissau). A Praia, le technicien français avait mal coaché sa sélection. Il avait aligné des joueurs à vocation défensive. Ils étaient au moins sept ou huit. Et vu la contre performance devant le Cap Vert qui jouait à domicile, il n’est pas évident que Lavagne renouvelle son bail à fin octobre. Au regard des résultats, il est coupable. Mais si l’on s’en tient à la manière dont il a été recruté, il est le bouc émissaire des relations incestueuses qui existent entre le Minsep et la Fécafoot, note notre consultant qui précise : « Il a été promu dans des conditions scandaleuses et de ce fait ce sont ceux qui l’ont proposé qui en fait sont les vrais coupables ».
Jean-Paul Akono a donc un challenge, celui de qualifier les Lions Indomptables pour la Can 2013 et de ce fait il bénéficiera du soutien de tous les amoureux du football. Mais pour réussir, il lui faudra instaurer une bonne dose de discipline et trouver les voies et moyens pour une réconciliation de tous les cadres de l’équipe nationale pour restaurer un environnement sain et l’harmonie dans la tanière. D’ailleurs, après le coup de tonnerre de la défaite de Praia, Akono n’est pas passé par quatre chemins pour déclarer que : « l’affaire du mondial 2010 n’a pas été évacuée. Et il est urgent d’aller vers les joueurs, les rencontrer, leur parler et qu’ils se parlent en se regardant dans les yeux. Puis les convaincre de revenir jouer pour qualifier le Cameroun.
Mais le nouveau coach ne craint-il pas qu’en cas d’échec on ne s’en prenne une fois vertement à lui et aux membres de sa famille comme ce fut le cas par le passé ? Jean-Paul Akono prend les Lions Indomptables après l’épopée de Sydney 2000. Mais par ses prises de position, il a été par la suite victime d’une cabale savamment montée et entretenue par la Fécafoot et certains joueurs leaders, nous explique François Michelet Assong. Et notre consultant de conclure : « Pourtant il n’avait pas perdu un seul match. Il faut le féliciter pour avoir démissionné en son temps. Il est l’un des rare qui ne se laisse pas manipuler encore moins par la fédération ni par la tutelle. Il arrive au chevet des Lions Indomptables en sa peur pompier et on ne jette pas la pierre sur le soldat du feu. Aussi, si les Lions Indomptables échouent, il ne sera pas coupable. Et s’ils se qualifient il sera salué en héros. En ce qui nous concerne, nous sommes convaincus qu’avec une véritable mues des Lions, laquelle passe par une réconciliation de tous les joueurs, nous sommes certains que Jean-Paul Akono pourra nous qualifier au soir du 13 octobre 2012 prochain ».