COMMENT LE CAMEROUN DE PAUL BIYA DOIT PROSPÉRER AVEC LE NIGERIA :: CAMEROON
Le président de la République Paul Biya avait vu juste, longtemps avant que le Nigéria ne devienne aujourd’hui la première puissance économique d’Afrique, devant l’Afrique du Sud. Paul Biya avait estimé qu’on ne pouvait pas partager près de 1000 km de frontière avec un pays et ne pas être forcé de vivre en paix avec ce grand voisin. Surtout que des tribus des deux pays limitrophes ont des ethnies apparentées bien palpables. Sous l’égide de l’ONU, les présidents Biya et Olusegun Obasanjo avaient opté pour la paix en lieux et places d’une guerre inutile, macabre et gravement ruineuse portant sur l’ancien différend à propos de la péninsule de Bakassi.
Depuis, le Cameroun et le Nigéria vivent effectivement en paix comme par le passé, et échangent tant au niveau institutionnel qu’au niveau humain et culturel. La 6ème Session de la Grande Commission mixte Cameroun-Nigéria qui s’est récemment tenue à Yaoundé du 9 au 11 avril 2014 conforte cette coopération savante entre deux pays amis et frères. A l’issue des travaux, les accords et memoranda d’ententes ci-après ont été signés:
- Accords Commercial;
- Accords de coopération dans le domaine des sciences et technologies;
- Protocole relatif au programme de mise en œuvre de la coopération et des échanges culturels;
- Accords en matière de développement de la jeunesse.
La délégation camerounaise était conduite par le ministre des relations extérieures Ministre des Relations Extérieures et le Ministre nigérian délégué auprès du Ministre des Affaires Etrangères.
Entre temps, le Nigeria est devenu la « première économie » d'Afrique grâce au changement des méthodes de calculs indiciaires et statistiques des pays incluant des secteurs d’activités qui n'étaient pas comptabilisés dans l'ancienne année de base (1990). Grace au récent calcul, le produit intérieur brut du pays en 2013 s'élève désormais à 510 milliards de dollars, contre 264 milliards en 2012, avec l'ancien mode de calcul du PIB récemment abrogé. L’apparition des nouvelles industries comme les télécommunications et l'industrie locale du cinéma qui ont émergé depuis 2000 permettent de revoir les calculs indiciaires du PIB pour un pays qui compte près de 170 millions d’habitants, et donc, de consommateurs.
Le secteur des ressources énergétiques comme le gaz et le pétrole dont le pays est le plus gros exportateur du continent, voit en revanche sa part dans le PIB réduite de moitié. Le produit intérieur brut (PIB) du Nigéria augmente de 90 % avec les nouvelles méthodes de calcul qui tient compte de la valeur ajoutée brute. Fort du dynamisme de ses populations, et surtout d’un marché intérieur très important au regard de sa démographie, l’économie nigériane émerge, et son plus grand voisin, la République du Cameroun, devrait en profiter pour rester dans la locomotive de tête des économies stables en Afrique.
Au nom d’une coopération gagnant-gagnant
Le Cameroun ne fait pas que partager une longue frontière de près d’un millier de kilomètres avec le Nigéria, les Accords commerciaux évoqués lors de la 6ème session mixte Cameroun-Nigéria devaient également s’intensifier dans le secteur privé autant que les Accords de coopération dans le domaine des sciences et technologies, et le développement du Protocole relatif au programme de mise en œuvre de la coopération et des échanges culturels. Le Cameroun devrait tout faire pour s’accrocher à l’économie émergente du Nigéria. A ce titre, il convient de reconnaitre, pour s’en féliciter, les efforts consentis par le Chef de l’Etat pour que le puisant milliardaire Dangote, l’une des premières fortunes d’Afrique opte d’investir au Cameroun, à travers la construction de son usine de ciment devant booster l’industrie des BTP en vogue au pays du Président Paul Biya.
A l’instar de Dangote, des joint-ventures doivent se multiplier entre les hommes d’affaires camerounais et la nouvelle classe d’affaires nigériane qui a des forts capitaux et qui noue des contacts efficients avec les partenaires étrangers, en explorant des domaines porteurs comme l’industrie lourde, le cinéma, les NTIC, les secteurs des télécommunications et des services. Le Nigéria a misé sur la diversification des activités qui porte aujourd’hui des fruits avec un système bancaire solide et en pleine expansion, lequel ne repose plus seulement sur des multinationales étrangères et endogènes, mais sur des institutions locales solides aptes à financer les projets sur la base d’une confiance mutuelle avec la nouvelle classe des affaires. Certaines banques nigérianes sont en train de s’installer au Cameroun à l’instar d’UBA.
C’est déjà un pas, mais il en faut plus, d’autant plus que le franc CFA, la monnaie camerounaise est très prisée par les milieux d’affaires de la première économie africaine aux dépens du Naira nigérian, ceci grâce à l’interchangeabilité et à la convertibilité du CFA par rapport à l’Euro et au dollar américain. Or le Cameroun a des matières premières diversifiées (Or, diamant, bauxite, cobalt…) capables d’appâter les Nigéria. Le Cameroun aussi possède un secteur bancaire positif capable de financer des investissements au Nigéria qui a un vaste marché de consommation de près de 170 millions d’habitants. Le problème c’est que la classe d’affaires camerounaise s’obstine à coopérer avec les milieux européens ou américains en négligeant la plus value que brandit un vaste marché évalué en une centaine de millions de consommateurs.
Le primat monétaire du CFA sur le Naira devrait accroitre les bénéfices camerounais en s’installant au Nigéria. Je suis d’avis avec ceux qui pensent depuis longtemps qu’au lieu de perdre son temps avec des histoires d’intégration sous régionale qui piétinent dans la zone CEMAC et dont la libre circulation des biens et des personnes est devenue un véritable serpent de mer, le Cameroun ferait mieux de se tourner prioritairement vers le Nigéria qui peut constituer un vaste marché pour nos industries naissantes en multipliant des débouchés importantes pour nos exportations. Sans toutefois complètement tourner le dos à la CEMAC dont il est d’ailleurs la locomotive économique, le Cameroun doit s’ouvrir au Nigéria qui est le mastodonte économique de la sous-région de l’Afrique de l’Ouest, puisque ce géant est déjà le 1er partenaire économique du Cameroun.
Première économie du continent, avec une population de près de 170 millions d’habitants, ce géant gagnerait autant que le Cameroun, à d’établir une zone de libre-échange avec la première économique de la CEMAC, qui a son sous-sol en friche, qui possède une économie en expansion, et un système bancaire sur liquide et qui pèse 20 millions d’habitants utilisant le franc CFA.