Comment la Fécafoot et le Minsep ont escroqué les Lions
L’instance faîtière se défend dans un communiqué signé hier
Malgré les 25 millions fcfa que Michel Zoah a envoyés lundi soir à Marrakech pour désintéresser les grévistes, la quinzaine de joueurs qui restait clouée à l’hôtel Palmeraie Golf Palace de Marrakech a décidé plutôt de plier bagages. La Fécafoot s’en lave les mains.
La montagne a finalement accouché d’une souris. Le match amical Cameroun-Algérie a été annulé ; Lions et Fennecs ne s’affronteront plus. L’ère Denis Lavagne débute dans le tumulte. De sources dignes de foi, c’est précisément à 21 h 00 lundi 14 novembre, que Iya Mohammed, a informé la fédération algérienne de football (Faf) de l’impossibilité pour l’équipe nationale du Cameroun de faire le déplacement d’Alger pour le match amical Algérie- Cameroun prévu depuis longtemps pour le mardi 15 novembre 2011. Cette annulation, comme l’a expliqué le président de la fédération camerounaise de football, « est due à un problème d’administration interne de l’équipe nationale du Cameroun ».
Une explication (bancale) que la Faf qui a décidé de traîner le Cameroun devant les tribunaux de l’instance faîtière du football mondial a qualifié de « situation inacceptable, singulière et anti sportive ». Par la voix de son président, Mohamed Raouraoua, la Faf a en effet juré de prendre des dispositions avec les organismes concernés pour défendre ses intérêts et surtout le grave préjudice causé. Ce d’autant plus que le public algérien qui avaient déjà acheté des billets pour avoir accès au stade du 5 Juillet d’Alger déversaient son courroux sur les autorités fédérales qui ont pourtant convenu avec leurs homologues camerounais sur les clauses du contrat y afférent.
1-Au commencement était la mauvaise foi
Pour palier à cette situation, et dans le but de clôturer le stage de l’équipe nationale « A », le sélectionneur des Fennecs, M. Vahid Halilhodzic a décidé d’organiser un match entre les joueurs de l’équipe nationale, hier mardi à 18h00 au stade du 5 Juillet d’Alger ; question de rembourser calmer la tension des supporters. Si les fans de l’équipe nationale ont été partiellement désintéressés, les responsables des chaînes de télévisions qui avaient déjà acheté les droits de retransmission de cette rencontre ont un gros morceau à croquer avec la Faf. Fidèle à sa réputation de pays à scandale, le Cameroun vient donc de démontrer en mondovision à quel point la gestion managériale de l’équipe nationale fanion et partant de la fédération entière, est des plus chaotiques. Entre gabegie, incompétence et amateurisme, les dirigeants du football camerounais ont une fois de trop, prouvé que parler de reconstruction était un peu prématuré. Un leurre. Et dire que tout est parti d’un match qui devait se jouer sans enveloppe comme ont tenté de se justifier les responsables de la Fécafoot. Perçu sous cet angle, les joueurs ne devaient pas avoir de primes non plus puisque le montant des primes qu’ils reçoivent est directement lié à la grosseur de l’enveloppe négociée avec l’équipe adverse.
Une démarche qu’on n’a pas cru bon d’expliquer aux joueurs avant le jour j. En refusant délibérément de leur tenir le discours de vérité, Fécafoot et Minsep ont fait preuve d’incompétence et de mauvaise foi. Résultat : en dépit des promesses qui fusaient de toutes parts, les joueurs sont restés campés sur leur position. Le mot d’ordre étant « pas d’argent, pas de déplacement ». Ce n’est qu’aux encablures de 19 h que l’argent liquide, « le cash », est arrivé à Marrakech. Mais les Lions dont le noyau dur (Samuel Eto’o, Alexandre Song, Jean II Makoun, Idriss Carlos Kameni et Landry Nguemo) las d’attendre, avait déjà quitté le navire, se sont dits démotivés et n’ont pas souhaité aller se faire laminer en encaissant une pluie de buts. Certains ont même évoqué leur exposition aux blessures puisque depuis le match contre le Maroc dimanche 13 novembre, ils ne se seraient pas entraînés, passant le temps à multiplier des réunions infructueuses. Avec cet autre forfait, le Cameroun (48ème au dernier classement Fifa) vient ainsi de perdre une chance d’avoir de nouveau la cote à la bourse des valeurs de cette instance mondiale.
2- Indexée, la Fécafoot se défend
Lorsque nous mettions sous presse, hier soir, un communiqué signé du secrétaire général de la Fécafoot a atterrit à la rédaction de votre journal. Dans ledit communiqué, Tombi à Roko Sidiki reconnaît que le match amical Cameroun-Algérie a été annulé « en raison des revendications portant sur le paiement des primes de présence à ce stage ».
Il rappelle par ailleurs que cette prime de présence avait été instaurée sous l’ère Philippe Mbarga Mboa, alors ministre des Sports et de l’Education physique (Minsep), face au caractère jugé dérisoire de la prime olympique en vigueur lors des regroupements de la sélection nationale fanion et payées par le ministère des Sports. Mais, précise le communiqué, en raison des lenteurs administratives, la mise à disposition des primes n’est intervenue que le 14 novembre 2011. Malgré cela, les joueurs ont refusé de se rendre à Alger. Pourtant, « avant le début du tournoi LG Cup, un accord avait été trouvé avec le capitaine de l’équipe, Samuel Eto’o pour que, de façon exceptionnelle, la Fécafoot paye la prime de présence aux joueurs ou à leurs mandants, une fois de retour à Yaoundé », peut-on lire dans le communiqué. A en croire le sg de la Fécafoot, lors des regroupements sanctionnés par un match amical conclu avec en sus un cachet à reverser à la partie camerounaise, les joueurs reçoivent une prime équivalant à la moitié du cachet global perçu par la Fécafoot.
Et d’expliquer que pour le cas de la Lg Cup disputée au Maroc, sur une enveloppe de 150 000 dollars, 80 000 ont bel et bien été libérés pour le paiement des primes de présence de participation de tous les joueurs présents. Une prime, confirme la Fécafoot, a été effectivement perçue par tous les joueurs présents à Marrakech. Comme quoi, « la Fécafoot se réserve donc de tirer toutes les leçons et conséquences de la situation ainsi créée», dixit Tombi à Roko. A l’observation, ce communiqué de la Fécafoot suscite plusieurs interrogations. Pourquoi est ce que la mise à disposition des primes n’est arrivée seulement que le 14 novembre, soit à la veille du match amical contre les Fennecs ? Par cette échappatoire, la Fécafoot ne cherche-t-elle pas à se dédouaner pour ainsi jeter l’anathème sur le ministère des Sports ?
3 - Quand le nerf de la guerre aiguise les appétits
S’il faut être unanime pour reconnaître que la situation actuelle n’est pas nouvelle, il s’agit surtout d’admettre que la gestion qui a aujourd’hui cours à la Fécafoot est tout simplement scandaleuse et mène l’ensemble du mouvement footballistique au précipice ; c’est le moins qu’on puisse dire. Qui payera le tribut du forfait devant l’Algérie ? Assurément l’équipe nationale qui devrait, sous réserve de ce qui pourrait advenir de la plainte des autorités algériennes à la Fifa, continuer sa course vers le fond du classement de la hiérarchie avec cette énième défaite. Auquel cas il importe balayer la maison Fécafoot si tant est qu’il faille absolument rebâtir notre foot.
Christian TCHAPMI